Peter Doherty

A tout juste 30 ans, Peter Doherty lave ses péchés avec un Grace/Wastelands d'une rare délicatesse, sorte de trésor acoustique des Libertines, probablement écrit en Arcadie...

Autrefois, la sortie d'un album de Pete Doherty sous l'étiquette Babyshambles avait presque tendance à exaspérer. Instrumentations similaires d'un album à l'autre, voix éraillée, tiraillée entre excès et mythologie rock'n'tabloid indigeste, étouffant en permanence les réelles performances de l'homme et son groupe. Il était temps que le gavage dohertien prenne fin et laisse place à l'essentiel : la musique. Oubliez Pete, ses frasques, ses retards, ses bouteilles de vin, ses clopes, ses doses et le reste. Confrontation, dès maintenant avec l'autre, Peter Doherty, poète dandy et grand amateur de folk.

D'abord, il est important de préciser qu'à l'image de ses deux derniers concerts parisiens, le chanteur livre une première expérience solo qui n'en est pas vraiment une. Enregistré en terre connue avec Stephen Street, qui a notamment collaboré avec les Babyshambles, Doherty a rapatrié sur le projet quelques musiciens de son groupe (Drew McConnell et Adam Ficek), enregistré un duo avec son amie Dot Allison et surtout retrouvé sa moitié, Carl Barât, sur l'écriture du titre A Little Death Around The Eyes. Un symbole lourd de sens qui ravive les souvenirs de l'alchimie rock parfaite, la combinaison rare qui se produit sur une poignée d'albums par décennies, annonçant désormais pour Doherty des jours meilleurs. Le single Last Of The English Roses avait bel et bien fait son job en amont, ouvrant la voie à un somptueux album ; l'Album de Peter Doherty sur lequel son âme torturée et casse-bonbons s'échoue sur chaque titre. Les instrumentations sont parfaitement soignées, à l'image des cordes cotonneuses de Salome ou de 1939 Returning. Doherty ou l'art du songwriting avait-on déjà dit... Et que dire d'un Sheepskin Tearaway ou d'un Broken Love Song?

Alors évidemment on saluera le conseil de Street et le talent de Graham Coxon à la guitare sur la quasi-totalité de l'album, mais plus que tout, désormais, quand on parle de Peter Doherty, on se tait et on écoute.

Merci et bonne écoute.