Navvy

Le cocon anglais fonctionne de manière terriblement prolifique. Et le moule est peut-être un peu trop bien boulonné. Les jeunes Navvy, tout droit sortis de la ville de Sheffield qui a vu naître les Arctic Monkeys et les Long Blondes, laissent en effet transparaître de manière très ostensible d’où provient leur musique, et où se situe leur point d’équilibre, dans le temps et dans l’esprit.

Les quatre jeunes membres du groupe ne manque ni d’énergie, ni d’arguments musicaux. Idyll Intangible surprend d’ailleurs par rigidité et sa rigueur pour un premier album. Les chansons s’implantent parfaitement dans l’univers promulgué, et construit sur des modèles déclinants le thème de l’urgence. Formé à l’écoute du post-punk, entre The Fall et Wire, les Navvy foncent à plein gaz, mais toujours concentrés, comme par peur de s’éparpiller. Les chansons ne dépassent d’ailleurs jamais, sauf exception, les trois minutes, se contentant de vives comptines nerveuses, comme notamment la fulgurante Disco.

Le problème, c’est que Navvy possède complètement le profil du groupe de première partie, cantonné à ce rôle de faire-valoir, prenant tout à fait la lumière, mais destiné à retomber dans l’anonymat une fois ses meilleurs moments passés. Le problème ne vient pas tant de leur technicité, mais bien qu’il semble que leurs influences semblent avoir taillé un ensemble beaucoup trop large pour leurs trop frêles épaules. Les Navvy gagneraient probablement à se marginaliser, leur bagage technique leur permettant de s’émanciper dans des contrées où le goût du risque pourrait s’avérer autrement plus intéressant.