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goo

Payday EP

goo - Payday EP
Chronique Single/EP
Date de sortie : 12.12.2025
Label :goo
35
Rédigé par Adonis Didier, le 12 décembre 2025
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Les jeunes ne veulent plus travailler. Malgré tous les efforts de notre bon président pour leur dire de traverser la rue et de trouver un vrai travail, la Gen Z ne pense qu'à regarder des influenceur.euses hystériques et wokistes sur TikTok, des sales connes comme le dirait fort justement Brigitte Macron, sérénissime première dame du royaume de France et grande fan d'Ary Abittan. Et si vous aussi vous vous retrouvez aujourd'hui dépités par l'état de notre beau pays, si vous aussi vous rêvez la nuit de mangues bien fraîches et de Louis Sarkozy, eh bien sachez que de l'autre côté de la Manche la situation n'est pas plus glorieuse, la preuve en est avec goo.

Quatre jeunes de Keighley dans le West Yorkshire, Keighley à côté de Bradford, à côté de Leeds, et ne demandez surtout pas où se trouve Keighley à quelqu'un qui habite à Leeds parce qu'il n'en sait rien. Des jeunes gens qui auraient pu bien tourner, mais plutôt que de trouver un honnête travail dans une banque ou une agence de comm', ceux-ci ont préféré bosser dans un bar puis monter un groupe. Ne manquent que quelques années à la fac de lettres et un stage « diabolo, toilettes sèches et biodynamie » dans le Larzac pour enfin achever avec brio leur formation de saltimbanque, un diplôme visiblement livré avec le premier album puisque celui-ci arrivera pour l'été 2026. « Mais s'il y a un album qui arrive dans six mois, qu'est-ce que c'est cet EP, mais on est où là !? » s'écrie alors Pascal Praud, qui rappelons-le ne fait qu'ouvrir le débat.

Eh bien Pascal, cet EP il existe parce que, comme toi, goo adorent vivre dans le passé. Un passé fait de singles et de faces B, un passé dans lequel Hole jouent juste avant les Smashing Pumpkins à Reading, dans lequel Elastica ouvrent pour les Breeders devant cinquante mille personnes à Londres, et même si tout ceci n'est jamais arrivé, pour Tanisha Badman, Sam Drury, Bryn Price et Kurt Wood ils y étaient. Même si certains n'étaient pas nés ils y étaient, alors pour rendre hommage à cette époque ils ont monté goo, et maintenant ils se mettent même à sortir des singles avec des faces B. Payday, c'est le nom de l'EP et de la première chanson révélée du futur premier album du groupe, une chanson accompagnée par Desiderium et une reprise des Buzzcocks, What Do I Get?, un classique du groupe en live avec notamment Gigantic des Pixies.

Si le groupe a pu taper très fort et très lourd sur son premier EP Chomp, rappelant parfois à raison les Smashing Pumpkins, on retrouve ici la facette punk DIY rentre-dedans et bas du front du quatuor, un retour aux origines du punk anglais contestataire, aux débuts de goo avec Call In Sick, et à la fameuse rengaine : les jeunes ne veulent plus travailler. La chanson s'ouvre sur le bruit du tiroir-caisse, Tanisha Badman attend la paie et scrolle sur Instagram tout en se plaignant qu'elle ne gagne pas un sou et que son compte est en négatif, mais a-t-elle seulement essayer d'écouter des podcasts inspirants, d'acheter une formation en ligne d'auto-entrepreneur en cryptomonnaies, ou comme tout le monde, d'hériter de parents richissimes ? Certainement pas, parce qu'après tout les jeunes veulent tout sans rien faire, et puis rockstar c'est pas avec ça que tu vas payer ton loyer, et puis... Oui, OK papy, on a compris !

Le fait est qu'une partie de la jeunesse ne trouve plus de sens à la dystopie capitaliste dans laquelle on vit, dans laquelle un ex-président qui passe vingt jours dans une prison de luxe se fait passer pour Alexandre Dumas et le Comte de Monte-Cristo tout en même temps, soutenu par un milliardaire d'extrême-droite qui publie son livre et fait de la publicité pour ce même livre sur ses chaînes de télévision et ses journaux. Bref, quel rapport avec cette chronique ? Aucun, si ce n'est qu'éteindre sa télé et écouter goo vous fera vivre plus longtemps, que Desiderium est une très jolie chanson de grunge-pop, et que What Do I Get? enfonce le clou de cette incompréhension qui existe aujourd'hui entre travail fourni et considération rémunérée. OK, la chanson ne parle que d'amour, mais remplacez l'amour par le travail et vous verrez que vous ne devriez pas faire ça.

Enfin voilà, goo c'est super, allez écouter cette merveille underground de revival grunge-pop, et on se retrouve l'été prochain pour la chronique de l'album dans laquelle cette fois, je le jure, on parlera un peu musique !
titres conseillés
    Payday, What Do I Get?
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