The Charlatans

Il est de coutume pour votre chroniqueuse des se rendre lors de la période des fêtes au Royaume-Uni pour remplir sa chaussette de petits cadeaux : c'est l'heure des christmas puddings, des cakes aux fruits et des pots de Marmite. Voilà pourquoi nous nous rendons dans la belle ville de Manchester, mais pas uniquement. En ce moment a lieu la tournée d'hiver de The Charlatans, qui après nous avoir offert leur nouvel album We Are Love fin octobre, se sont lancés sur les routes pour tester leurs nouvelles compostions.

Le moment est donc venu de faire appel à notre fidèle compagnon le baluchon et de partir sur les traces de Tim Burgess qui, définitivement revenu de ses années coupes au bol blondes décolorées, propose à son public une belle poignée de concerts uniquement au Royaume-Uni, entre Londres, Leeds et Glasgow, en passant par Manchester, sa contrée d'origine. N'ayant à ce jour encore jamais vu le groupe sur ses propres terres, nous choisissons la date à la Manchester Academy I, salle de concert pur jus, sans balcons, munie évidement du nombre de bars nécessaires pour étancher la soif de tous ces spectateurs avides de retrouver le groupe et ses toutes nouvelles chansons.


C'est un concert exceptionnel qui va se déroule sous nos yeux : sans première partie, le show est scindé en deux sets, séparés d'un petit interlude d'une quinzaine de minutes, proposant un panaché de morceaux entre classiques, raretés et surtout avec une fine sélection issue de We Are Love, permettant d'introduire les nouveaux titres efficacement. Le concert débute à l‘heure anglaise, soit précocement dès 20h10, nous retrouvons dans une salle archi complète Tim Burgess, tout de blanc vêtu, accompagné de Mark Collins, Martin Blunt, Tony Rogers et Peter Salisbury. Une formation soudée qui, malgré les longs hiatus entre ses disques, n'a cessé de tourner et d'entretenir la flamme de son public, avec de nombreux concerts Best Of et des prestations dans divers festivals en été, dont le Heritage Live où nous avons grâce à eux pu profiter des douceurs de la campagne anglaise en août dernier. Ce soir, la setlist est de très haut niveau : le mélange entre passé et présent est parfaitement équilibré et nous permet de naviguer entre hits du groupe tels Weirdo, The Only One I Know, One To Another ou Sproston Green et nouveautés qui relèvent haut la main le défi du passage en live. L'ouverture se fait comme sur le disque avec le pénétrant Kingdom Of Yours, pour lequel nous avions déjà prédit dans notre chronique qu'il deviendra un nouveau classique de The Charlatans, notre pressentiment se vérifiant en observant le public déjà en train de reprendre les paroles en chœur.

Ce qui nous fait revenir systématiquement à un concert de The Charlatans est bien la gentillesse proverbiale de Tim Burgess. Ce musicien aux plus de trente années de carrière et aux innombrables succès continue de rester d'une humilité confondante. Ce dernier passe ainsi tout le set à remercier ses fans, cherchant lui-même à croiser le plus de regards possibles, énorme sourire aux lèvres, répondant à tous les fans qui l'interpellent, qu'ils soient au premier rang ou bien plus loin dans la fosse. Presque tout Manchester est présent à ce concert, certains venant également d'Europe et des États-Unis. Tim prend toujours le temps entre deux titres, voire entre deux couplets, de saluer chaleureusement ce public qui lui demeure fidèle depuis toutes ces années.


C'est évidemment un Tim Burgess toujours aussi énergique, au chant impeccable, qui fait le show. On ressent malgré la discrétion des autres musiciens une réelle complicité entre tous, Tim étant mis en avant, mais que seraient The Charlatans sans la guitare racée de Mark Collins ou les claviers groovy de Tony Rogers ? Le concert défile trop vite et c'est plus d'une heure et trente minutes de show qui nous est servi comme sur un plateau, tant la qualité est au rendez-vous. Les nouvelles chansons prennent enfin leur envol avec We Are Love, Deeper And Deeper et Appetite qui s'affirment encore plus en live. Nous assistons à de beaux moments de communion, notamment quand les titres de l'époque Rob Collins et Jon Brookes surgissent, avec en projection les visages de tous. Enfin, avec un tel répertoire, il est facile d'aller piocher quelques raretés, comme Blackened Blue Eyes, Toothache ainsi que l'un des meilleurs morceaux du groupe et également notre préféré, Forever.

Une soirée généreuse, conviviale, à l'image de Tim Burgess qui peut s'enorgueillir de se voir décerner le titre de National Treasure en Angleterre. Cette nouvelle étape dans la carrière de The Charlatans les rapproche encore un peu plus du statut de groupe culte, et l'on espère que Tim et ses amis repartiront rapidement à la conquête du public français.