Voice Of The Seven Thunders

En 2007, un trio sorti de nulle part mené par l'incroyable guitariste Rick Tomlinson sortait un premier album de folk psychédélique sous le nom de Voice Of The Seven Woods. Depuis, plus de nouvelles... mais sans prévenir, en ce début d'année 2010, le trio refait surface avec un nouvel album éponyme sous le nom de Voice Of The Seven Thunders. Cette fois, et le moins que l'on puisse dire après découverte de la bête, c'est que le remplacement du bois par le tonnerre est plus que justifié tellement ce disque est une réussite électrique et monumentale.

Dès la première plage aérienne de quinze petites secondes terminée, on débarque sans filet dans le nouvel univers sonore des Voice Of The Seven Thunders : duel de guitares sans merci entre électriques maltraitées d'effets fuzz psychés d'un coté et acoustiques orientales planantes de l'autre, le quasi-instrumental Kommune met tout le monde d'accord d'entrée de jeu. Le son est lourd et limpide à la fois et l'enchainement avec l'obsédante Out Of The Smoke nous renvoie instantanément à la meilleure période live du dirigeable lorsque Jimmy Page laissait sa guitare possédée parler pour lui tandis que John Bonham ne faisait qu'un avec les nombreuses percussions différentes qu'il utilisait.
Citer Led Zeppelin dans la chronique d'un disque sortant en 2010, c'est plutôt casse-gueule pour le groupe en question, mais là, assurément, on ne peut qu'être subjugué par la liberté incendiaire qui se libère de cet opus démentiel.

Après une courte transition bruitiste, le single The Burning Mountain prend le relais et hypnotise à son tour à grands coups de wha-wha fracassante combattant ici une ligne de basse parfaitement obsédante et une rythmique batterie totalement insaisissable : on comprend alors petit à petit que Voice Of The Seven Thunders réussissent l'alchimie musicale parfaite dont The Music révait après son prometteur mais trop sage premier album.
Même si l'électricité brille de milles feux sur ce disque, les plages de calme acoustique sont tout aussi réussies et merveilleuses : si Dry Leaves n'est peut-être pas la chanson la plus représentative de ce Voice Of The Seven Thunders, sa pureté mériterait vraiment que chaque habitant de la planète pose ses oreilles dessus pour ressentir ne serait-ce qu'une seule fois la sérénité reposante et shamanique qu'elle dégage.

Lorsque l'on se rend compte que la sinueuse Dalälven est en train de nous faire très légèrement décoller de notre siège, il est déjà trop tard : quelques minutes plus tard, on se retrouve en apesanteur à l'intérieur de Cylinders sans trop comprendre vraiment ce qui nous arrive, ce que l'on écoute et les sensations que tout cela nous procure...
Le peu de cervelle en action qu'il nous reste pense alors en vrac aux montées diaboliques des Black Mountain, des Comets On Fire et de Motorpsycho, se surprend à essayer de se rappeler si elle a déjà entendu du chant depuis la première plage ou trouve finalement incroyable que ce disque sorte quasiment en même temps que le nouveau et parfait opus de The Besnard Lakes.
C'est le moment choisi par Voice Of The Seven Thunders pour nous achever dignement avec les huit minutes abrasives de Set Fire To The Forest, véritable fuite en avant au beau milieu d'arbres enflammés avec pour seuls guides les dizaines d'effets de guitares différents qui tentent de nous frayer un chemin à la machette au sein de cette rythmique démentielle. Toute résistance s'avère donc vaine lorsque les sonorités acoustiques reviennent apaiser le final pour lancer Disappearances et son ambiance " coin du feu après la bataille " : on ne peut alors qu'être surpris d'avoir déjà terminé la découverte de ce disque hypnotique, qui nous emmène en 35 petites minutes dans un univers si délicieusement chaotique qu'il nous hantera encore bien longtemps après la fin du voyage.

Coup de maître absolu, cet album éponyme des Voice Of The Seven Thunders vient ainsi confirmer tout le bien que l'on pense de la scène rock psychédélique en ce début d'année 2010. Découvrir un groupe anglais à ce niveau d'excellence dans un univers jusqu'alors plutôt réservé aux américains, aux canadiens voire au reste de l'Europe, fait plaisir à entendre. Cette fois, on espère vraiment que le parcours de ce trio inclassable est définitivement lancé et sur la bonne voie : celle du tonnerre et du fracas.