M.I.A.

Après avoir récemment participé aux Bandes Originales de Slumdog Millionaire et Fast & Furious, Mathangi "Maya" Arulpragasam nous revient avec un troisième opus faisant suite à deux albums passionnants fusionnant hip-hop, world music et pop, tout en parvenant à demeurer parfaitement accessibles pour quiconque n'a d'yeux que pour Lady Gaga ou Ke$ha.

/\/\ /\ Y /\ pousse plus loin encore les expérimentations folles de cette londonienne d'origine tamoule (Sri Lanka), nous embarquant dans des sonorités détraquées et un chant vocodé à outrance. Et pourtant, ce troisième album comprend paradoxalement la chanson la plus abordable de M.I.A., XXXO. Conviant mainstream épileptique et dance gentillette, ce single – le second tiré de l'album, paru en juin –, n'a pas véritable soulevé les foules.
M.I.A., peut-être pour regagner son image de popstar adorée des indés, va prochainement convertir en SP Steppin up et Teqkilla, deux des titres les plus excessifs de ce disque. Quand le premier, à la manière de Björk et son Selmasongs, joue la carte de l'orchestration indus insaisissable, le second, long de six minutes, marie excentricités vocales sur fond d'electro bruitiste et de rythmes tribaux.

C'est essentiellement à partir de Lovalot, sorte de Drop It Like It's Hot au féminin, que M.I.A. retrouve son style si distinctif mêlant à merveille sobriété rythmique et personnalité extravagante. Entre hip-hop, electro-rock, pop débridée et world de tous bords, la sri lankaise de trente-cinq ans pose sa voix au centre de cet éclectisme invraisemblable qui, dans l'ensemble, fonctionne.
Du dub synthétique et accéléré du It Takes A Muscle de Spectral Display à la délicate Space, en passant par la bombe punk Born Free qui sample Ghost Rider (Suicide) et Meds and Feds qui emprunte le riff de Treats (Sleigh Bells) pour en faire un rock bâtard percutant, l'intérêt pour M.I.A. refait très rapidement surface, nous faisant oublier quelque temps la déception des premières compositions de cet album.

Pour peu que l'on fasse fi de la surprise créée à l'époque par Arular et du tour de force accompli sur Kala, /\/\ /\ Y /\ est un disque agréable et réussi. Même s'il n'atteint pas le niveau élevé de ses prédécesseurs, il parvient tout de même, et ce malgré un début laborieux, à intéresser l'auditeur jusqu'au bout, notamment grâce à la production éthérée apportée à la seconde moitié du disque et aux coups de défibrillateurs pris de plein fouet !