Paul Buchanan

Chanteur de The Blue Nile, groupe de Glasgow ayant contribué à donner aux années 80s une grandeur d'âme bienvenue à coups de titres pop intelligents, cotonneux et hédonistes, Paul Buchanan dévoile enfin son premier album solo baptisé Mid Air, dans lequel l'Ecossais s'offre tout entier, donnant son corps et son âme à qui veut bien les recevoir.

Aux antipodes d'une production dense et indigeste, ce disque propose quatorze (courts) moments de grâce, où l'épure n'a jamais été aussi efficace, où la lumière côtoie l'ombre, où la nostalgie n'est ni douce ni amère, où l'espoir fait vivre, où la sensibilité est tout sauf une faiblesse et la tristesse et la mélancolie toujours proches de la sérénité.

Simplement ornés de piano et de discrets arrangements (cuivres lointains, discrètes nappes de synthé sur I Remember You, violons piqués sur Buy A Motor Car), les titres s'écoutent d'une traite, constituant, à eux tous, une seule et même histoire, comptée par la voix délicieusement grave de Paul Buchanan et surtout par l'interprétation que ce dernier contribue à lui donner : qu'il chantonne (Summer's On It's Way) ou qu'il chuchote à moitié (My True Country), qu'il décroche sa voix dans l'aigu (Newsroom) ou qu'il s'emporte (Two Children), le chanteur est toujours sur le fil du rasoir et livre des mélodies touchantes en faisant rimer minimalisme et profondeur et sensibilité et force en à peine plus de trente-cinq minutes.

Habile même jusque dans le choix du nom de ses chansons (Fin De Siècle, choix idéal pour refléter les cordes virevoltantes qui illustrent le titre), Paul Buchanan offre au final un disque idéal pour planer sans drogue, s'embrasser au coin du feu, se complaire dans son malheur, prendre du recul sur soi, ou tout simplement se lover dans les bras de Morphée. Mais avec toujours un sourire apaisant au coin des lèvres.