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Omega Male

Omega Male

Omega Male - Omega Male
Chronique Album
Date de sortie : 08.10.2012
Label : Full Time Hobby/PIAS France
35
Rédigé par Julien Soullière, le 11 octobre 2012
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Il n’y a rien de constant si ce n’est le changement. Pour sûr, voilà le genre de déclarations qui en impose. C’est clair, précis, ça semble raisonnable sans que tout le raisonnement préalable apparaisse comme trivial, et puis, c’est bête dis comme ça, mais ça sonne sacrément bien. Ceci dit, c’est également là qu’on voit qu’Héraclite et autres Siddhartha Gautama étaient en fait aussi visionnaires que n’importe quelle vigie postée dans son « nid de pie ». Car pas un, je dis bien pas un, n’avait prévu l’œuvre qui serait un jour celle de l’anglais David Best. Leader de Fujiya & Miyagi depuis plusieurs années, le bonhomme est la régularité même, qu’il écrive et joue pour son groupe de toujours, ou qu’il parte à l’aventure aux côtés de Sammy Rubbin, en couple avec Jeremy Haines depuis 2005 pour les besoins de l’initiative brooklynoise Project Jenny, Project Jan.

Vous aimez les morceaux malins, et baignant dans des rythmiques des plus obsédantes ? Les titres emprunts de boucles électroniques répétitives et gorgés de susurrations à la limite de l’érotisme? Les synthétiseurs qui, dans leurs errements vaguement new age, rappellent les plus belles années du krautrock ? Alors, vous appréciez sans doute Fujiya & Miyagi, vous aimerez sûrement Omega Male, et, franchement, il aurait difficilement pu en être autrement, tant il existe de similitudes entre les deux projets ainsi cités. On m’avait vendu le disque comme le nouveau Fujiya & Miyagi, honnêtement, et bien qu’amateur de la formation anglaise, je n’aurais pas bronché. Pas une parole, pas une objection. Mais le problème - si tant est qu’on puisse parler de problème - n’est pas tant le style musical que David Best lui-même. Un autre avait « chanté » qu’on aurait plus difficilement fait le lien entre les deux groupes.

Difficile ainsi d’accorder à ce premier album un bon point pour l’originalité, surtout quand le titre d’ouverture, un Omega Male par ailleurs très dansant, se permet de recycler aussi grossièrement, et ce dès ses premières secondes, le « Harder, Better, Faster, Stronger vocodé des Daft Punk. Du reste, l’album reste plutôt stimulant. Mention spéciale au tubesque Testosterone, ses lancinants éclats électroniques, ses râles belliqueux et son délicieux penchant pour les percussions tribales. Dans leur genre, Uh-Pol-Uh-Jet-Ik – ça ne s’invente pas – et Rotten Fruit ne sont pas mal non plus, sortes de relectures dark de titres d’électro-rap US comme on en produit tant à l’heure actuelle.
Et puis, il y a aussi le très jazzy You Bored Me To Tears, l’inquiétant Wax & Glue... Quitte à se répéter, tout, ici, est de bon niveau, et David Best, capitaine de navire devant l’éternel, n’a plus son pareil pour naviguer à vue entre les styles musicaux. A dire vrai, le seul morceau vraiment dispensable sur Omega Male est X. Plus que dispensable d’ailleurs, il est horripilant.

Les heures, les jours et les années passent, sans que rien ne semble pouvoir perturber sieur David Best. Comme tout ce qu’il fait est plutôt sympathique, je ne vais pas faire la fine bouche, et vous gagnerez sûrement à faire de même.
tracklisting
    01. Omega Male
  • 02. Testosterone
  • 03. Uh-Pol-Uh-Jet-Ik
  • 04. You Bored Me To Tears
  • 05. Wax & Glue
  • 06. Blue Narcissus
  • 07. No
  • 08. Rotten Fruit
  • 09. X
  • 10. Building Like Symphonies
titres conseillés
    Testosterone, Wax & Glue
notes des lecteurs