Gwilym Gold

Certains reconnaîtront peut-être derrière le nom de Gwilym Gold l'ancien chanteur et claviériste de l'éphémère groupe Golden Silvers, dont l'on retient deux passages à Glastonbury en 2008 et 2009 et une première partie de Blur la même année. Six ans plus tard, force est de constater qu'il ne reste plus grand chose de cette grande fête à mi-chemin entre l'art rock et l'indie pop célébrée dans leur unique album, True Romance.

Pour cet album, enregistré à Londres, Gwilym Gold s'est entouré d'un collaborateur de longue date au mixage et à la production, Lexxx, connu pour avoir notamment travaillé avec Wild Beasts ou Crystal Castles. James Young de Darkstar, ainsi que le musicien Nico Muhly ont également pris part à l'élaboration d'un album sur lequel leur influence pèse sans doute en partie, A Paradise sacrant les inclinaisons électroniques et minimalistes de l'artiste.

Un piano délicat à l'intensité subtilement modulée, une voix tirant vers des aigus aériens ; A Greener World amorce cette plongée enivrante dans un monde que l'on conçoit dé-saturé, comme ramené à sa plus brute beauté. Un imaginaire dans lequel tout faux-semblant serait vain, laissant s'exprimer la singulière fragilité d'un Gwilym Gold que l'on redécouvre totalement. Un beat frénétique vient tout juste habiller Triumph d'une parure magnifiée par un jeu de contrastes rythmiques avec une voix ancrée dans une langueur frémissante. Quant à Flex, sacré petit bijou de cet effort, elle réunit piano, cordes, percussions et samples dans une progression harmonique remarquable de justesse. De quoi confirmer que Gwilym Gold a incontestablement atteint, avec cet album, une forme de maturité musicale, offrant une balance musicale exquise qui se garde de tomber dans le larmoyant comme dans la renonciation. Un don suffisamment rare pour être souligné.

Un regret habitera peut-être l'écoute d'A Paradise, celui des chemins que l'artiste n'a pas encore osé poursuivre. Ceux des harmonies de Flex, ceux des cordes de Nick Muhly qui ne se voient pas offrir la place proéminente qu'on leur aurait souhaité. Une prise de risque plus conséquente aurait sans doute été appréciée à l'égard d'un album qui peine à se réinventer : Gwilym Gold convainc, mais apparaît figé dans une malheureuse routine. De quoi nourrir les critiques de ce minimalisme, lointain écho de James Blake et de Thom Yorke, éternel sujet de querelles endiablées. De notre côté, on préférera sans doute plus retenir A Paradise comme un agglomérat de morceaux de toute beauté que comme un ensemble convaincant.