Matt Elliott

S'adoucit-on vraiment avec la vieillesse ? Chez Matt Elliott, grand mais aussi discret songwriter britannique aujourd'hui installé à Nancy, cet adage tend un peu à se vérifier (si tant est qu'on ait un jour pu qualifier sa musique d'« énervée »...). Et pour cause, son nouvel album, The Calm Before regorge de belles comptines particulièrement douces et intimes.

Trois ans après le plus électrique Only Myocardial Infarction Can Break Your Heart, sorti en 2013 et quatre après avoir dévoilé les beaux mais sombres spectres musicaux de The Broken Man, le folkeux - qu'on a d'abord connu en maître de l'électronique au sein de The Third Eye Foundation - livre un disque plein de sagesse et de tranquillité, où la guitare acoustique s'impose au grès d'arpèges emplis de sensualité (sur le long The Calm Before, qui rappelle l'ambiance apaisée de Richard Hawley sur son disque Truelove's Gutter). Ceux-ci laissent souvent le piano jouer de ses charmes en arrière-fond et à quelques arrangements de cordes, de percussions, de clarinette ou d'alto le soin d'épaissir légèrement les mélodies déshabillées du musicien.

Dans cet album, co-produit par David Chamin, la voix du Bristolien, toujours aussi caverneuse, se met aussi au service de paroles évoquant tour à tour la religion, celle qui dérange à l'enfance (The Feast Of St Stephen), mais aussi l'amour (I Only Wanted To Give You Everything) et sa montée de cordes admirable). Mais si les thèmes ne sont pas toujours gais chez Matt Elliott, il se dégage toujours de sa musique une mélancolie lumineuse. Musicalement, l'Anglais ne met pas son penchant pour les chaudes musiques d'Europe de l'Est de côté ni son goût pour les sonorités bruitistes et les ambiances noisy (Wings & Crown), messe électrique et emportée sur le pouvoir).

Bref, voilà un disque de Matt Elliott qui fait du Matt Elliott, tel un humaniste sensible et inspiré.