Charlie Coxedge

Rappelez-vous de MONEY, ce quatuor de Manchester qui nous avait passionné avec deux albums envoutant. Nous parlons ici de son guitariste Charlie Coxedge (originellement Cocksedge), guitariste du groupe qui sort en cette fin de printemps son premier disque solo, entièrement instrumental.

Charlie Coxedge s'éloigne de l'indie pop pour offrir six compositions se rapprochant de la musique ambient avec de longues sonorités planantes prenant la forme de crescendos cosmiques. Apaisant et berçant, cet album ne s'écoutera pas vraiment en faisant son jogging mais servira plutôt pour éclaircir la pleine lune avant le grand saut vers le pays des rêves. Des guitares cristallines et lumineuses s'étendent tout en langueur, alternant avec de doux et lents piano rappelant parfois la musique contemporaine de Nils Frahm ou le coté cinématographique de For A Minor Reflection, la rythmique en moins. Quelques bruits stridents se confrontent à la douceur de claviers ennuagés, nous faisant penser à un paysage glacé.

Les structures sont souvent semblables et faites de boucles, commençant par un son unique et lointain pour monter en crescendo vers des sonorités planantes de plus en plus complexes, s'élevant vers un final en lévitation. Pour certains, la musique ambient est cette chose ennuyeuse qui s'écoute dans la salle d'attente du kinésiologue et effectivement, pour un amateur de rock à guitares, cela peut avoir un coté barbant. Il manque peut-être une voix pour ne pas nous perdre totalement sur des titres de dix minutes comme Be. Sur ce dernier, la surprise n'arrivera qu'au bout de huit minutes, avec ce piano sombre et haletant aux résonances épiques rappelant Third de Portishead.

Voilà un album pour lequel il faut attendre et mériter l'explosion finale en subissant parfois les longues montées multicouches. Charlie Coxedge prend son temps pour arriver au résultat déstructuré, à contre-courant de tous les groupes accessibles, y compris le sien. Un disque personnel à explorer sur une longue période glacière.