Gaz Coombes

Réjouissons-nous. Si l'Europe connaît actuellement une pénurie de gaz, celui venu d’Oxford ne connaît pas la crise et nous régale d’un nouveau chef d’œuvre. Planant loin au-dessus de ces jeux de mots douteux, Gaz Coombes n’en finit pas en effet d’épater la galerie. Auteur de cinq albums passionnants avec le fleuron britpop Supergrass, il surprend son monde avec une carrière solo menée avec brio, déclinant une pop oblique et expérimentale made in Oxford qui fleure bon Radiohead.

Turn The Car Around, son nouvel album, s’inscrit dans la lignée de Matador et World’s Strongest Man, tout en étant peut être un peu moins évident que ce dernier, sommet de son auteur. Le disque fait étalage du talent de notre homme à construire des morceaux aux mélodies immédiates sur des morceaux dévoilant leurs subtilités au fil des écoutes.

Ces neuf titres sont écrits, joués et chantés avec talent et générosité, et produits avec panache, fourmillant de détails sonores. Chaque titre mérite le détour. Glam et réjouissante, Long Live The Strange est la chanson portant le sceau de Supergrass de façon la plus évidente. La power folk Turn The Car Around et la balade spatiale finale Dance On suivent ce même chemin fait d’arrangements denses et ambitieux. Ailleurs, Gaz Coombes fait aussi parler son amour du groove et de la soul vintage sur This Love et Don’t Say It’s Over.


Les morceaux les plus intéressants de cet album concis mais varié sont toutefois peut être ceux où Gaz Coombes s’éloigne le plus des canons habituels de l’écriture pop. L’inclassable Not The Only Things brille ainsi grâce à sa mélodie subtile et ses arrangements savants. Feel Loop emballe avec son phrasé et son beat sale quasi hip-hop. Superbe ballade au piano se développant progressivement, Overnight Train fait voyager en première.

Le seul défaut de ce formidable Turn The Car Around est peut-être son tracklisting : Overnight Train, qui ouvre les hostilités, aurait sans doute plus eu sa place en respiration au milieu de l’album qu'en introduction. Mais, comme l’aura compris le lecteur, on chipote car on aime.