Chronique Album
Date de sortie : 19.05.2023
Label : Fire Talk
Rédigé par
Pierre-François Long, le 20 mai 2023
Premier album pour le trio Mandy, Indiana, dont la particularité est d'être emmené par une chanteuse francophone, Valentine Caulfield. Conséquence : si les titres des chansons sont en anglais, les paroles sont, elles, en français. Ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle, comme nous allons rapidement nous en apercevoir.
L'intro de ce i've seen a way consiste en un instrumental fort réussi, Love Theme (4K VHS), qui lorgne un peu du côté de Depeche Mode avec des grandes nappes de synthés. Suit Drag [Crashed] aux paroles résolument féministes (« souris, souris, souris, c'est plus joli une fille qui sourit »), le tout sur fond d'arrangements assez torturés, notamment sur les parties purement instrumentales. Ca passe, même si le choix d'opter pour des paroles scandées entre le slogan et le mantra déroute un peu. Pinking Shears est du même tonneau, mais on commence très nettement à toucher les limites de l'exercice. Le texte anti-tout / pseudo-anar (« je suis fatiguée, ce monde de merde m'a épuisée ») ne va pas bien loin, voire même aboutit à l'effet inverse de celui escompté, à savoir qu'on se surprend à trouver le résultat presque comique. Injury Detail est servie par une belle intro avec grand orgue qui claque bien avant un retour aux sonorités new wave. Les paroles sont très curieuses (« Joueur 1, avancez, haut, bas, bas, gauche, gauche, droite, droite, haut, achevez votre adversaire ») mais ne relèvent pas vraiment le niveau.
Passé Mosaick, court interlude à la limite de l'audible, arrive The Driving Rain (18), à la production intéressante, le fait que la voix étant passée au vocoder plus ou moins auto-tuné y étant certainement pour quelque chose. Arrive ensuite LE naufrage du disque, et malheureusement son morceau le plus long : 2 Stripe et ses cinq minutes et cinquante-cinq secondes. Tout commence comme un conte narré sur fond d'électro, où on parle de pauvres servantes dans un grand château vivant dans le froid, pauvres servantes qui se révoltent comme une « grande armée sale, froide, affamée » contre le roi, la reine, leurs trois filles et leurs gens importants, qui mettent la tête de ces derniers au bout de lances, et tout devient formidable dans le royaume car souvenez-vous, « nous sommes plus nombreux qu'eux ». On est entre du Saez pas inspiré (un quasi pléonasme) et les inscriptions présentes sur la trousse d'un élève de 4ème. C'est affligeant.
Iron Maiden qui suit, et qui n'a aucun rapport avec le groupe du même nom, consiste en un quasi instrumental electro, à la moitié duquel malheureusement des hurlements surviennent jusqu'à épuiser l'auditeur. Peach Fuzz démarre par une boucle interminable, avant que des paroles une nouvelle fois d'une grande profondeur (« ce n'est pas une révolte, c'est une révolution, on nous prend pour des cons, on tourne en rond ») ne soient scandées. (?>?<)? :??:*:??'?,??:*:???'? (Crystal Aura Redux) démarre avec une excellente intro et des paroles noyées dans la reverb enfin incompréhensibles. Résultat ? Un excellent morceau, dîtes-donc ! Sensivity Training renoue avec les ratés précédents et vient boucler l'affaire sur un nouveau slogan novateur (« entends-tu le bruit des bottes qui claquent sur le pavé ? ») sur fond de rythmique martiale.
Alors certes, i've seen a way est le premier album de Mandy, Indiana. Certes, il y a parfois de bonnes idées de mélodies et de production, mais il faut revoir tout le concept des textes. Avec un public non familiarisé avec la langue de Molière, ça peut passer, mais pour toute audience francophone, ce n'est franchement pas acceptable, même avec la meilleure volonté du monde.