KNIVES

Vous connaissez l’adage popularisé par Jean-Pierre Coffe (mais j’ai quel âge, au secours ?), les remixes c’est toujours ou presque de la merde ! La légende voudrait même que le pourcentage de bons remixes sortis chaque année soit égal au score de Valérie Pécresse à la dernière élection présidentielle, un chiffre que nous ne rappellerons pas ici mais qui, nous le savons tous, ne dépasse pas les 5%.

L’industrie du remix a-t-elle besoin de votre aide ? L’industrie du remix est-elle endettée à hauteur de cinq millions d’euros ? L’industrie du remix existe-elle vraiment, ou tout ceci n’est-il qu’un rêve dans le rêve comploté par des reptiliens américano-sino qua non ? Un tas de questions qui ne sont pas le sujet du jour, puisque le sujet du jour c’est KNIVES et leurs copains, l’épisode spin-off des aventures du meilleur groupe de punk BTP d’Angleterre, et si vous ne savez pas ce que c’est le punk BTP, c’est normal puisqu’ils l’ont inventé.

Avec l’EP What We See In Their Eyes l’an dernier et un premier album, GLITTER, au début de cette année, KNIVES ont installé en une quarantaine de minutes l’art de la démolition comme le onzième art, le joueur manquant parce qu’il a pris un carton rouge, celui qui protège sa défense en brisant des chevilles et des carrières, le Anthony Lopes de la musique, complètement fracassé, aussi dangereux pour les autres que pour lui, ce mec que dans le doute on préfères avoir avec soi que contre soi. Bref, du punk BTP qui démolit en masse et qui parfois pense à reconstruire, un punk qui revient avec deux EPs additionnels, REGLITTER I et REGLITTER II, mélange de remixes et de chansons inédites faites avec les copains, parce que les copains c’est les valeurs de KNIVES, parce que les copains c’est bien !

On commence donc avec deux inédites, deux boulets de chantier expéditifs processés par un triple cœur en fusion, le café noir de ma grand-mère versé dans un réacteur nucléaire sous coke. CORAZON avec Cal Francis de chez DITZ, SUGAR avec Carson Pace de The Callous Daoboys, deux chansons enregistrées avec des invités qui se retrouvent embarqués dans une formule si puissante et efficace que l’ajout en est presque invisible, et à l’écoute tout cela ressemble fortement à des pépites tombées du camion GLITTER. Vous me direz, pas étonnant, les EPs s’appellent REGLITTER, et le RE arrive tout de suite. Pas Resident Evil, mais pas loin, le cadavre de THE DAGGER en une version queercore indus remixée par le groupe Death Goals, une jolie plateforme et un effort cross-genre assez sympathique mais qui détonne avec le reste d’un EP fondamentalement infusé du style KNIVES.

Ainsi, la dernière sera une reprise de PHD avec le groupe de noise-punk officiel du Supersonic : chest. Un exercice délicat pour qui n’a pas les cordes vocales de métal-mammouth de Jay Schottlander, et un EP qui sous couvert de faire participer les potes nous impose en réalité une vérité inévitable : KNIVES sont déjà un cran au-dessus. Pardon à DITZ, à The Callous Daoboys, à Death Goals, à chest., et pardon à toute la scène punk d’Angleterre et du monde, parce que KNIVES viennent cette année de détruire le game, de raser la concurrence pour en faire un parking sur lequel ils invitent maintenant leurs potes à jouer. Prenez-donc cet EP et probablement aussi le prochain pour ce qu’ils sont, du rab’ à la cantine, des recommandations de très bons groupes accompagnées de l’irrépressible envie de remettre GLITTER sur la platine.

GLITTER, très littéralement une des claques de 2025, un coup de paluche cartoonesque qui met la tête en kickflip 720, et l’unique conclusion de cette chronique. Car si vous ne l’avez pas encore écouté, posez tout ce que vous faites et jetez votre agenda par la fenêtre avant d’affronter le mastodonte punk de l’année. Pourquoi ? Parce que KNIVES. Une demi-heure pour écouter, le reste de votre vie pour vous en remettre.