logo SOV

Demob Happy

Divine Machines

Demob Happy - Divine Machines
Chronique Album
Date de sortie : 26.05.2023
Label : Liberator Music
4
Rédigé par Adonis Didier, le 27 mai 2023
Bookmark and Share
Enfin. Une vie à attendre, et après tous ces efforts, tous ces sacrifices, il m'est donné, au bout du tunnel, l'occasion de chroniquer un album des suprêmes Queens Of The Stone Age. Imaginez mon allégresse, illustrée d'un malicieux sourire, fier et fort d'avoir convaincu mon rédac' chef que Josh Homme est un fidèle sujet de sa majesté Charles III, la tante par alliance du grand rouquin possédant un quart de sang britannique dans les veines. Nous sommes donc six ans après le décrié mais ô combien génial, dansant, et électronisant Villains, et la team de Palm Desert revient avec Divine Machines, le nom du groupe en énormes lettres rouges sur la pochette, deux points ouvrez les guillemets : « Demob Happy ». Hein !? Oui, chef, oui j'ai reçu l'album là... Comment dire, je crois que tu t'es trompé, parce que là c'est la copie taiwanaise de Queens Of The Stone Age ce disque. Tu m'avais bien parlé des Queens Of The Stone Age pourtant, j'ai ton mail sous les yeux... Ah, tu m'as menti ? Je dois quand même faire la chronique ? Anglais, tu dis ? De Newcastle ? Et mon interview avec Josh Homme, c'est toujours bon pour mardi ? Allô ? Allô ?

Oui, la vanne est facile, et pour y couper court d'entrée, non les Demob Happy, trio formé à Newcastle en 2008 et désormais basé à Brighton pour plus de visibilité, ne sont pas la copie Leader Price des Queens Of The Stone Age. Mais comme je ne suis pas homme à mentir à mes fidèles lecteurs (oui, les deux endormis dans le fond), nous entamerons tout de même cette chronique en parlant de revisite à l'anglaise de la philosophie musicale des productions les plus récentes du californien à la chevelure de feu, enfant de la vallée du ciel et plus grand guitariste de ces vingt-cinq dernières années, Joshua Michael Homme III.
Et maintenant qu'on en a fait des caisses sur les influences, il serait peut-être temps de parler du Divine Machines de Demob Happy, car loin de n'être que des clones en chapeau melon et bottes de cuir, ils sont aussi un trio qui grimpe, album après album, de plus en plus près du trône divin, mêlant un stoner vif et sexy bourdonnant comme un frelon des Mojaves avec tout ce que l'Angleterre nous a offert de plus délicieusement pop depuis les Beatles.

Car oui, les Demob Happy sont résolument pop. Pop et fun, comme ce Voodoo Science, premier single de l'album, et son riff électro-stoner à la Daft Punk époque Robot Rock. Pop et grandiloquents, comme les cuivres façon space opera Bowiesque de Hades, Baby, couplés à un chant de crooner Alex Turner-esque (lui-même déjà bien inspiré par Josh Homme), ainsi que la sublime ballade She's As Happy As A Man Can Be, partant une nouvelle fois sur la lune, dans la foulée des Lennon, Bowie, Turner et cie vers la Tranquility Base de Ziggy Stardust. Pop et musclés, enfin, lorsque le moteur de la Jaguar démarre, et trace sur les motorways pleines de nids de poule au son de Run Baby Run et I Have A Problem (I Ignore).
Mais le summum de Demob Happy n'est ni fun, ni grandiloquent, ni musclé. Il est juste cool. Comme Fonzie jetant une pièce à l'aveuglette dans la fente du jukebox, les trois anglais refont leur banane, enfilent leurs vestes en cuir, et laissent les Ray-Ban Aviator mystifier leur regard pour mettre toutes les demoiselles en émoi. Pas que les demoiselles d'ailleurs, car on a nous aussi un peu mouillé le pantalon après deux minutes et trente secondes de Muscular Reflex, alors que tombent sur le dancefloor rétro-futuriste des basses de la taille de mon... Commonwealth. Dans le même temps, Token Appreciation Society se la joue cool et sexy en alternant les voix de falsetto et les ondulations de friture sur la ligne, lorsque Tear It Down tient cinq minutes avec comme seule idée un riff. Mais écoutez donc ce riff trop cool et redemandez-en, ça plus une voix de Barry White cyberpunk robotisée, non vraiment veuillez mettre les Demob Daddy sur une chaîne cryptée, la morale est à genoux, et plus si affinité. Mais l'apogée du cool sera atteinte sur Super-Fluid : à son contact je deviens liquide, une lente procession moite au déhanché en slow motion rivalisant aisément avec les cadors du genre, les certaines Make It With Chu et You Got A Killer Scene There, Man d'un groupe que je ne citerai plus aujourd'hui, question de quotas.

Arrive maintenant le temps des cathédrales et des conclusions, et loin d'être une copie bon marché de ce groupe dont on ne doit plus prononcer le nom, Divine Machines se découvre en space opéra revisitant l'héritage du stoner fuzzy à grands coups de pop anglaise distinguée et de poses sensuelles, un double zéro chaloupé rien que pour vos oreilles, agent secret au service de ses majestés de l'âge de pierre.
tracklisting
    01. Token Appreciation Society
  • 02. Voodoo Science
  • 03. Earth Mover
  • 04. Tear It Down
  • 05. Muscular Reflex
  • 06. Are You Thinking?
  • 07. Super-fluid
  • 08. She's As Happy As a Man Can Be
  • 09. God's Coffee
  • 10. Run Baby Run
  • 11. I Have a Problem (I Ignore)
  • 12. Divine Machines
  • 13. Hades, Baby
titres conseillés
    Super-Fluid, Hades Baby, Voodoo Science
notes des lecteurs
Du même artiste