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Black Grape

Orange Head

Black Grape - Orange Head
Chronique Album
Date de sortie : 19.01.2024
Label : DGAFF Records
3
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 15 janvier 2024
Que vous évoque un phénix, fidèles lecteurs ? Le nom de code de l'avatar maléfique et surpuissant de Jean Grey des X-Men (arf, vous êtes vieux) ? Le nom de l'oiseau du doublement feu Dumbledore (arf, vous êtes jeunes) ? Une ancienne Youtubeuse apprentie esthéticienne passée très précocement à la retraite (Vraiment…) ? Dans la rédaction de Sound Of Violence, il signifie une personnalité qui a ressuscité sous différentes formes, tantôt flamboyantes, tantôt gênantes et ce depuis nos chères années 90 : Shaun Ryder.

Le leader des Happy Mondays ne cesse de nous étonner depuis la première séparation officielle de sa formation, suivie évidement par de nombreux comebacks jamais à la hauteur de l'original. Homme plein de ressources (devenues légales depuis), Shaun Ryder a poursuivi son odyssée musicale avec ses comparses des Mondays, avec le rappeur Paul Leveridge a.k.a. Kermit dans Black Grape, en solo et en collaborations diverses et variées, nous rappelant qu'il fait partie de cette étonnante caste dite des « miraculés du rock dans tous leurs excès », tels Keith Richards ou Ozzy Osbourne. Evidemment, Shaun Ryder s'est surtout fait remarquer ces dernières années lors de nombreuses apparitions dans des émissions de télé-réalité au Royaume Uni et ailleurs, rajoutant une couche de sulfureux et de pathétique sur son personnage, revêtant ainsi un costume de poète maudit et guignolesque tout en assumant parfaitement ses choix.

De retour en 2021 avec un nouvel opus solo, Visits From Futures Technology, notre icône des années acid-house avait montré patte blanche avec un album apaisé, jamais vraiment bon, jamais vraiment mauvais, qui avait le mérite de nous présenter un Shaun Ryder semble-t-il en paix avec ses démons. On y retrouvait surtout la gouaille facétieuse de ce dernier et un certain plaisir à renouer avec lui. Quelques années après de nouvelles péripéties télévisuelles que l'on vous laissera chercher sur internet, Shaun remet le couvert cette fois ci avec Black Grape, duo acid-rap mené avec Kermit, donc la carrière est faite d'apparitions spasmodiques depuis les débuts en 1993. C'est ainsi qu'en 2023 sort le quatrième album studio du duo intitulé Orange Head, reproduite sur la pochette représentant une grosse sphère orange ressemblant à une grosse citrouille d'Halloween.


Les dix chansons de Orange Head sont à l'image de son créateur : irrégulières, parfois totalement excitantes, d'autre fois indigentes. Tout cela nous rappelle que Shaun Ryder n'a jamais été aussi bon que dans sa moyenneté. Ainsi, c'est en quelque sorte comme dans une montagne russe que nous explorons l'album : l'ouverture se fait au son d'airs latino sur Button Eyes et est excellente (on s'attend même à voir surgir Bez avec ses maracas, si d'aventure il en a terminé avec ses shows de danse à la télévision), suivi du très bon In The Ground au flow vraiment entêtant et où on retrouve dans le chant déclamé de Ryder une certaine émotion.

Plus loin, se présente une série de titres anecdotiques, trop mal interprétés pour rester dans les esprits tels Losers et Panda. Le tout est entrecoupé de quelques moments de grâce avec Milk, premier single de l'album qui nous fait nous replonger en plein Madchester, sur le dancefloor tout en béton de l'Haçienda, vêtus de nos baggies et tee-shirts arborant des smileys.
Quincy rappelle quelques perles des tous premiers Happy Mondays avec son orgue Hammond si emblématique du début des années 90 et ses chœurs qui auraient pu être ceux de Rowetta. On termine alors malheureusement l'album en mode soufflé qui retombe, Pimp Wars, Self Harm et Sex On The Beach ne nous convaincant qu'à moitié, trop passe-partout en comparaison du niveau que peuvent atteindre les deux musiciens réunis.


« I'm Alive, I'm Alive ! » chante Shaun Ryder avant de conclure « Surprise, Surprise ! » dans le premier morceau Button Eyes. Une déclaration que l'on peut considérer comme autobiographique tant nous resterons à jamais éberlués par la longévité du bonhomme dans le monde de la musique avec ses quelques très hauts et ses trop nombreux extrêmement bas. L'effet de surprise se concrétise aussi car Orange Head reste un album fort honorable, condamné à être oublié assez rapidement mais qui restera toujours agréable à écouter quand, par surprise également, nous le rencontrerons au détour d'une playlist personnalisée durant nos longues soirées d'hiver.
tracklisting
    01. Dirt
  • 02. Pimp Wars
  • 03. Button Eyes
  • 04. Quincy
  • 05. In The Ground
  • 06. Loser
  • 07. Milk
  • 08. Panda
  • 09. Self Harm
  • 10. Sex on the Beach
titres conseillés
    Button Eyes, In The Ground, Milk
notes des lecteurs