Chronique Album
Date de sortie : 31.10.2025
Label : LAB Records
Rédigé par
Adonis Didier, le 6 novembre 2025
This Is The Debut Album. Le presque-titre de swim school par swim school sur fond de taches fluos vaporeuses, un marketing brut comme on n'en fait plus assez.
Ceci est le premier album, ceci est aussi un très bon album, du NewDad qui perd en merveilleux et en ingénieux ce qu'il gagne en rock et en rentre-dedans, et une entrée remarquée dans la cour du collège pour le quatuor originaire d'Édimbourg. Alice Johnson, Lewis Bunting, Billy McMahon et le petit nouveau Lee Brown qui sautent enfin le pas de l'album après sept ans de singles et d'EPs, quelques changements de line-up, des premières parties pour The Amazons, Inhaler ou encore grandson, et une réputation qui n'en finit pas de grandir, enfin surtout au Royaume-Uni. Le bon moment pour enlever les flotteurs, prendre une grande inspiration et se décider à mettre les pieds dans le grand bain, voire carrément traverser la Manche à la nage : des premières dates annoncées fin novembre en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique et enfin en France au traditionnel Supersonic pour boucler le « This Is The Headline Tour », le cours de natation s'exporte et saute une classe, et ça commence dès les premières secondes de Heaven.
Une ligne électrique de guitare vaporeuse tenue sur trois notes et recouverte après deux mesures du fracas de cymbales entrechoquées dans un aquarium, bienvenue dans la chute libre du dream-rock, l'écrasement terrestre d'une musique qui ne savait pas qu'elle pouvait exister si loin des cieux. Green Eyes (Want It All) s'enfume dans le souvenir de comment c'était là-haut, Alone With You allume la partie ultraviolette du spectre amoureux, cet interstice complexe qui sépare le dream-rock du shoegaze, abandonné aux diables de la distorsion et du grésillement de transistors. Le terrain de jeu préféré de swim school, tantôt punchys sur Waste Your Time, tantôt perdus dans le brouillard sur Always On My Mind, avant le génial enchaînement dream-rock adolescent On & On et Say It All. Charmed sur une goélette fourrée dans une bouteille de manzana, un pot-pourri qui sent bon les années 90 et les premières clopes fumées devant le lycée, une musique à la fois régressive et complexe, tendrement abrasive et maladroitement sensuelle.
Mais swim school ne sont plus des ados qui découvrent qu'ils piquent du menton, un principe qu'ils ont érigé en conclusion d'album en y glissant la dernière pièce du puzzle, Am I Good Enough Now. « Suis-je assez bon maintenant ? », et la réponse est oui tout du long de cette longue transition entre l'adolescence et l'âge adulte : des airs de Daughter et de Lanterns On The Lake dans cet immense espace sonore où rebondissent et s'entremêlent des dizaines et des centaines de notes, où explosent en bouquets multicolores les dernières connexions neuronales qui forment l'âge de raison. Produit par Iain Berryman, précédemment vu chez Wolf Alice et beabadoobee, swim school par swim school, le dernier-né de la famille du dream-rock d'Outre-Manche, fait tout comme sa grande sœur NewDad sans jamais l'égaler et sans jamais s'arrêter d'essayer. C'est parfois bas du front, c'est parfois naïf et candide et un peu trop facile, mais c'est surtout un premier album qui en appelle d'autres, d'autres qui promettent déjà d'être encore meilleurs.
En espérant que le prochain ne sera pas titré « This Is The Second Album », et en attendant ça on termine avec la conclusion la plus originale de toute l'histoire du journalisme musical : This Is The End.