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Iceland Airwaves

Reykjavík, du 3 au 5 novembre 2022

Live-report rédigé par François Freundlich le 18 novembre 2022

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vendredi 4
C'est reparti pour une belle journée au festival Iceland Airwaves à Reykjavik avec un après-midi consacré à la partie Off du festival, qui a lieu gratuitement dans divers lieux : bars, disquaires et commerces de la capitale islandaise.


On débute notre journée dans un lieu atypique qui est en fait la cafétéria de l'université : la Stúdentakjallarinn. C'est un groupe également atypique qui a pris place sur la petite scène devant un public est confortablement installé un peu partout dans la salle : Supersport!. Ce quatuor pas du tout sportif lâche un indie-rock garage toutes guitares sorties avec une rythmique lente inspirée par la pop anglaise. Supersport! est un groupe qui ne se prend pas au sérieux si l'on en juge par leurs photos en maillot sur des terrains de sport et leur musique correspond bien à cet état d'esprit. Fun et mélancolique à la fois, avec de lentes montées et des explosions de guitares bercée par la voix aigüe de leur chanteur, parfois doublée par celle de la guitariste, ce groupe possède un charme fou en plus d'être extrêmement attachant. Leur jeunesse et leur fougue nous ont conquis, tout comme leurs compositions à fleur de peau.


On enchaîne sur cette même scène avec BSÍ, du nom de la fameuse station de bus d'où tout le monde arrive ou repart lorsqu'il s'agit de débarquer à Reykjavik. Le duo propose une pop mignonne et sucrée à souhait, bercée par la voix de la chanteuse et batteuse qui alterne ses parties vocales entre un micro classique et un vieux combiné de téléphone. Le bassiste qui l'accompagne a appris à jouer des claviers avec les pieds, pour ajouter un coté electronica à des morceaux hyper entrainants. On remue de toutes parts sur leur fameux tube Vesturbæjar Beach, du nom de ce quartier résidentiel où l'on se trouve et qui ne possède pas vraiment de plage... On chantera ce titre lors de notre traversée de la ville car il est temps de rejoindre la grande église centrale de la ville : la Hallgrímskirkja.


C'est là qu'un concert d'orgue un peu particulier va avoir lieu puisqu'il s'agit de reprises de l'album Discovery de Daft Punk par le compositeur Kristján Hrannar Pálsson. L'église est comble et on arrive un peu en retard étant donné l'enchainement lointain avec le concert de BSÍ. On se trouve finalement un mur où s'adosser assis pas trop loin de l'artiste pour admirer l'instrument gigantesque qui serait capable de nous arracher les oreilles de sa puissance s'il était joué au maximum de ses possibilités. C'est One More Time qui ouvre le bal et l'expérience est aussi intéressante qu'amusante. Il faut dire que cet instrument au son si particulier est souvent utilisé pour de la musique religieuse rébarbative et entendre le pont final de Aerodynamic sonner comme la Toccata de Johann Sebastian Bach est assez impressionnant. Le public reste néanmoins attentif même si j'ose esquisser quelques mouvements de têtes et autres « wouhou » dans ce lieu saint. Les mains de l'organiste se posent sur les multiples niveaux des claviers pour entamer Harder, Better, Faster, Stronger comme jamais on ne l'a entendu, avec ce petit côté messe de Noël islandaise. Une expérience en soi.

Il est temps de rejoindre les clubs rock du centre de Reykjavik. Le Gaukurinn nous ouvre ses portes pour la toute fin du concert du violoniste finlando-italien Elia Lombardini. Son instrument fait vibrer les corps avec une musique angoissante faite de crescendos trépident. Il l'accompagne de boucles électroniques qui ajoutent une profondeur abyssale à des compositions cinématographiques torturées semblant décoller vers les nuages. On n'aura vu que la fin de cette prestation mais cette beauté fût sidérale.


Sur cette même scène, qui est la plus petite du festival, les islandais de Sucks To Be You, Nigel nous ont attiré autant par leur nom que par leur musique. Leur noise rock dissonant est porté par les incantations criardes de la chanteuse Silja à l'énergie punk brute. Souvent agenouillée au milieu de la scène, elle répond aux explosions électriques des guitares et d'un tempo hyper-rapide de la batterie par des déflagrations vocales entre cri de terreur et chant du cygne. On se souvient de ce tube punk d'à peine plus d'une minute, Tína blóm, et ses « lalala lala » repris en chœur par le public, la langue bien sortie. Une énergie folle qui s'inscrit dans la lignée d'un mouvement punk islandais toujours bien vivant.


C'est l'heure de changer de salle pour aller admirer l'écossaise et soudanaise Eliza Shaddad dans le club Húrra. La songwriter et son groupe déploie un folk-rock mélancolique porté par la voix profonde de la crooneuse, rappelant parfois Nina Simone, qui attire tous les regards. Complètement habitée par ses textes poignants, elle s'accompagne de sa guitare électrique aux échos prolongés pour nous prendre par les sentiments et nous serrer la gorge. Il se passe quelque chose de spirituel lorsque Eliza Shaddad joue et pousse sa voix dans ses derniers souffles. Subjuguant et d'une complexité folle, le folk alternatif teinté de riff indie rock et d'une voix jazzy nous laisse dans une émotion intense et brûlante, un peu comme si les racines du monde s'étaient exprimées.


Quittons le monde de l'indé pour rejoindre le mainstream. puisque ce sont Metronomy qui s'apprêtent à entrer sur la grande scène de l'Art Museum de Reykjavik. Le quintet est venu présenter son nouveau disque en mettant en avant une face plus laid-back de ses compositions et axée sur la guitare acoustique. Les anglais n'oublient certes pas leurs grands tubes du passé en calant The Bay et Corinne dès l'ouverture du set. Les fans ne peuvent qu'en être ravis et la danse bat son plein sur ses petites touches synthétiques et lisses qui forment leur son assez unique qu'ils ont sculpté avec les années. Le tempo augmente de plus en plus sur Corinne avec un coté très kitchy 80's assumé sur ces boucles addictives, voire un son de Game Boy sur The Bay. Les voix des deux frontmen sont complétées par la délicate batteuse Anna Prior dont le chant ajoute cette dose de subtilité en extra. Un groupe en pleine forme et des fans ravis pour une fin attendue sur The Look, qui libérera la folie en communion générale et Love Letter permettant aux derniers arrivants n'étant pas parvenus à entrer dans la salle à temps d'en profiter.


Retrouvons les petits clubs de Reykjavik, comme le Gaukurinn par exemple... La salle accueille le groupe islandais Superserious qui a fait parler de lui cette année en publiant de classieux hymnes pop : le genre d'artistes dont ce pays garde le secret. Avec une bonne dose d'autodérision, ce nouveau groupe était l'un des plus attendus du festival et il n'a pas failli à sa réputation. Des riffs indie rock taillés pour le dancefloor, de la bonne humeur à foison, ces chorégraphies rigolotes et des paillettes... Superserious ont tout pour plaire. Avec ces mélodies pop portées par la double voix féminine-masculine sur Bye Bye Honey, hommage au punk-pop américain jusqu'au refrain dansant de Let's Get Real qui voit la chanteuse nous gratifier de ses petits mouvements de danse, ce groupe est irrésistible. Il semble qu'il n'y ait que des tubes au répertoire du collectif islandais. Superserious terminent sur un autre de leur pas si sérieux morceaux : Let's Consume et ses légers « wouhouhou » repris par le public. Un grand moment du festival.


Il reste encore un ces groupes fantastiques dont l'Islande a le secret pour l'un des meilleurs enchainements qu'on ait vu cette année. Les punkettes de GRÓA vont livrer l'un des sets les plus fous de cet Iceland Airwaves. Faisant monter la tension à son maximum, les quatre jeunes femmes cassent les codes aux confins de la noise, du punk et de la pop pour un set inspiré par le mouvement Riot grrrl. Ça saute dans tous les sens, ça tape sur des tambours à un rythme effréné, en lâchant de lourds riffs de guitares se transformant immédiatement en divagations de synthés psychédéliques portées par une basse hypnotique. La voix criarde de la chanteuse parvient à rester dans une certaine retenue et tout semble parfaitement dosé et en même temps, exploser dans tous les sens. GRÓA nous hypnotisent avec des boucles vocales autant inspirées par la froideur électronique que le chaos du punk. On se souvient du titre Granny Panties où la quatrième membre performeuse, danseuse et percussionniste, dévoile son énorme culotte en escaladant les zones en hauteur de la salle. La chanteuse terminera par un passage dans la fosse qui n'en peut plus de sauter sur place. Un grand moment de fureur et de magie collective avec GRÓA.

Quelle soirée de vendredi au Iceland Airwaves Festival qui a vu s'enchainer ce qui se fait de mieux dans la scène islandaise actuelle avec Superserious, GRÓA mais aussi Supersport, BSÍ et Sucks To Be You, Nigel, avec quelques excellents artistes britanniques comme Eliza Shaddad et Metronomy. Il va falloir s'en remettre avant d'attaquer le dernier jour !
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artistes
    BRÍET
    Emotional Oranges
    Metronomy
    Altin Gün
    Francis of Delirium
    BSI
    Flott
    Unusual Demon
    Chiiiild
    Ham
    Luca Fogale
    Soley
    Sycamore Tree
    Eydis Evensen
    Guðrið Hansdóttir
    Koboykex
    Marius DC
    Brimheim
    Janus Rasmussen
    Sucks to be you, Nigel
    Anti Paalaanen
    Dr Gunni
    Superserious
    Groa
    Russian.Girls
    Eliza Shaddad
    Greyskies
    Countess Malaise
    Ultraflex
    KUSK + Óviti
    Oyama
    Zöe
    Karítas
    Ala$$ka
    Icy-G
    Yung Ravn
    Inspector Spacetime (DJ Set)
    Altre Di B
    Alina Amuri
    Cosby
    Tuys
    Lottó
    Dirb
    DJ Seagle
    DJ Útiköttur
    DJ Sue Starbuck
    Omnipus
    Revenge of Calculon
    Daníel Hjálmtýsson
    Inki
    Bridget Ferril
    MFTILL
    XiuPill
    Cyber
    Kristján Hrannar Pálsson
    Ólafur Kram
    Supersport!
    BSÍ
    Skoffín
    Pale Moon
    Systur