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Transmusicales

Rennes, du 3 au 6 décembre 2008

Live-report rédigé par François Freundlich le 7 décembre 2008

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La foule est venue en masse ce vendredi aux Transmusicales puisque le Parc Expo est complet Les pass week-end sont épuisés et j'ai du mal à accéder à la salle de la Cité devant laquelle se presse une file d'attente dans la rue pour la venue de l'américain Bon Iver.

Le talentueux « folkeux » entre en scène accompagné de ses deux batteurs et de son jeune guitariste. Sa voix cristalline prend le public aux tripes et une émotion intense se dégage du chant de Justin Vernon. Les douces chansons de son album For Emma, Forever Ago son interprétées dans un silence quasi-religieux jusqu'à ce qu'elles prennent une tournure plus énervée. Commencé en ballades folk-pop, le son va jusqu'à devenir noisy grâce à la présence des deux batteurs : la cohésion et la qualité des compositions est impressionnante. Quand Justin monte dans les aiguës comme sur Skinny Lake, on ne peut qu'être envahi par l'émotion d'un univers hors du temps qui se crée sur cette scène. Le public est ravi lorsque Justin annonce la venue sur scène de la belle Sarah Siskind pour une reprise de sa chanson Lovin's For Fools. Leurs deux voix créent un mélange angélique et cette chanson restera comme un grand moment du festival. Bon Iver a totalement fait chavirer les Transmusicales, il nous quitte avec un extrait plus pop de son dernier EP et sous des acclamations conquises du public.

C'est l'anglaise Sister qui a la lourde tâche de passer après Bon Iver, compliqué… Coiffée à la Ziggy Stardust et avec un visage adolescent, sa musique est influencée par le rock 60's de David Bowie et de Nico des Velvet Underground. Un peu trop peut-être, cela tournerait-il au plagia? Au final, Sister nous propose une pop un peu molle qui ne décollera jamais vraiment. Tout cela reste un tantinet convenu et peu convainquant. Sa voix grave peut captiver un instant, à l'image de son single Satellite, mais on tourne bien vite en rond sur la durée du concert.
Les français de Sammy Decoster s'installent ensuite sur la scène de la Cité qui s'est quelque peu vidée. Après un premier titre en anglais, c'est en français que les chansons pop sombres s’expriment. Influencée par le rock américain, la présence de la contrebasse sur certaines chansons ajoute un côté chanson française et on pense ainsi inévitablement à Daniel Darc. Des paroles touchantes et travaillées, ce qui est toujours plaisant en français. Le virage blues de L'homme que je ne suis pas, déjà entendu sur les ondes, surprend et on ne doute pas que ce groupe intéressant saura se faire une place dans la scène française.

La soirée continue au Parc Expo qui comptabilise 12000 entrées ce soir. Les canadiens de Creature sont déjà sur scène. Ils nous livrent une bouillie électro-pop qui à le mérite de déchaîner le Hall 9. Il est vrai qu'une Woo girl courte-vêtue, à la poitrine opulente et reprenant Magnificent Seven des Clash n'a jamais laissé une foule de début de soirée indifférente. Cette édition des Transmusicales fait apparemment la part belle aux groupes intégrant des claviers bontempi 80s, très à la mode en ce moment. Oublions ce concert pour se rendre dans le Hall 4 ou Padded Cell fait son entrée dans une ambiance déjà chauffée par le DJ set les précédant. Malheureusement, ils vont plutôt endormir la foule qui va se disperser rapidement. Leur musique minimaliste ne convainc pas et on s'ennuie ferme. Un petit passage par le Hall 4 où les bordelais de Hello Bye Bye remplace les Magistrates absents, au pied levé. Il entre en scène sur un premier morceau à la sitar. Plus connu sous le nom de DJ Moule, le mélange de sa voix avec celle de la claviériste apporte des accents de K's Choice sur des mélodies dans la lignée de Death in Vegas. Ils nous livrent une pop atmosphérique et intéressante mais on ne tient toujours pas le groupe qui va réveiller le Parc Expo.

Dirigeons nous donc vers le concert vers lequel semble converger la majorité du public : la plantureuse représentante la black music roumaine, Miss Platnum. Mélant Ryhtm & Blues et cuivres traditionnels roumains, les huit musiciens réchauffent l'atmosphère. Sa voix suave se pose sur des mélodies parfois douces, parfois plus rythmées et les danses du foulard pratiquées par la miss et ses deux choristes donnent des idées ça et là dans le public. Les ambiances tziganes se mélangent à la Soul, donnant un aspect unique à ce groupe qui se produit pour la première fois en France.
Vient ensuite ce qui restera comme le meilleur concert de la soirée au Parc Expo, avec les très attendus américains de White Rabbits. Du rock nerveux et classieux avec deux chanteurs et deux ou trois batteurs donnant le maximum. Après des débuts assez pop qui auraient pu lasser si cela avait duré, le concert gagne en intensité et en électricité au fur et à mesure de la prestation. Très efficace, leurs compositions « strokesiennes » enflamment finalement le Parc Expo à l'image de leur single Kid On My Shoulder. Une groupe à suivre...

Le Hall 3 s'est un peu vidé tandis que c'est l'émeute à l'entrée du Hall 9 pour Birdy Nam Nam. Traverser la foule est un exploit que je réalise avec brio pour assister au rappel du concert des 4 DJs, placés sur une estrade et devant un mur d'écran LED rendant la visibilité sur leur travail assez réduite. Malgré tout, le son et les lumières sont à la hauteur et, il faut le signaler, pour tous les concerts. Le dancefloor est bondé et en ébullition quand Sebastian enchaîne directement. Ses mixs de MGMT, The Strokes ou encore Prodigy sont accueillis dans l'exubérance générale. Le son est énorme et le Parc Expo vibre de l'intérieur comme de l'extérieur.
On s'absente pour aller voir le brésilien Ramiro Musotto : changement radical d'ambiance avec des percussions samba accompagnées de quelques guitares bien placées. Sympathique pour ceux qui préfèrent une musique plus calme et chaleureuse au dancefloor enflammé, mais ce dernier me manque et je retourne voir la fin du set de Sebastian. Un DJ qui aime décidément MGMT puisque c'est Electric Feel qui raisonne lorsque j'arrive et qui remet de suite dans l'ambiance.
Il est 2h30 quand The Shoes investit la grande scène. Groupe composé des membres de The Film, beaucoup plus électro-rock que ce qu'ils pouvaient proposer précédemment, leurs chansons tiennent la route et maintiennent un public toujours dans un état de transe depuis quelques heures. Avec des guitares électriques qui se mélangent aux beats électro, The Shoes se veut efficace et restera une bonne découverte du festival.

Rassembler 12000 personnes avec des groupes quasi-inconnus du grand public, il n'y a qu'à Rennes qu'on peut voir ça. A demain pour une journée sold-out dans toutes les salles...
artistes
    Bon Iver
    Sister
    Sammy Decoster
    Creature
    Padded Cell
    Hello Bye Bye
    Miss Platnum
    White Rabbits
    Birdy Nam Nam
    Sebastian
    Ramiro Mussotto
    The Shoes