Arctic Monkeys

On savait déjà que les Arctic Monkeys étaient devenus au fil des années un véritable phénomène. Aussi, bien évidemment, les deux Zénith parisiens du groupe ont affiché complets en deux temps trois mouvements. Ce mardi, premier de ces deux soirs, le public, plutôt jeune mais pas seulement, était bien venu en masse assister au concert des anglais. La salle de concert débordait de tous les côtés malgré un nouvel album ambitieux, déroutant, qui ne plait d'ailleurs pas à tout le monde. Le risque était donc bien présent pour la bande à Alex Turner à l'occasion de cette première manche.

En prélude de leur prestation, l'australien Cameron Avery avait la redoutable tâche de chauffer la salle. Le crooner aux love songs recevra une modeste mais honnête attention de l'audience pendant la demi-heure de son concert. Avant que les fauves ne soient lâchés, nous avons aussi eu l'occasion d'entendre Véronique Sanson, Nino Ferrer ou encore Nino Rota, pour ne citer qu'eux ; cette bande son qui fut très inspirante pour l'écriture du dernier album des Arctic Monkeys : Tranquility Base Hotel + Casino.


Il est 21 heures lorsque les lumières s'éteignent enfin, le public exultant de joie en réaction à l'arrivée sur scène des sept musiciens, derrière lesquels les grandes lettres Monkeys se mettent à scintiller. Dans un décor très inspiré de la pochette de leur opus, les anglais entament leur set avec Four Out Of Five, première plage extraite de leur nouveau disque. Dans une lumière rouge et sombre, la chanson s'avère très posée, très pro. Alex Turner, cheveux longs et bouc, affiche élégance en costume marron et chemise blanche ; un peu à l'image de cet album. L'entame est donc de qualité et plutôt tranquille, malgré une fosse déjà en ébullition. Celle-ci va rapidement déborder. En effet, dès le morceau suivant, Brianstorm, la folie s'empare du Zénith.

Ceux qui s'inquiétaient du nouveau visage affiché par le groupe de Sheffield peuvent donc être rassurés. La gnaque et la puissance sont toujours de la partie. La tension est toujours aussi palpable dans Crying Lightning et son enchainement avec Do I wanna know?, qui dès les premières notes enflamme le public, donne à ce concert une atmosphère endiablée. Il fait chaud, très chaud. Le concert ne continuera toutefois pas sur ce rythme. En effet, les maintenant trentenaires vont pendant l'heure et demie passée sur scène revisiter leur répertoire, en priorisant AM, entrecoupé au total de cinq nouvelles chansons, dont Batphone interprétée pour la toute première fois en live.
Cette intégration progressive des nouveautés se fait intelligemment. En termes de cohérence et d'équilibre, les Arctic Monkeys se doivent de jongler avec le rythme de leurs compositions pour laisser à Tranquility Base Hotel + Casino l'espace nécessaire pour qu'il trouve une place de choix dans leur setlist. Alors certes, après cette folle entame, l'enchaînement She Looks Like Fun à Why'd You Only Call Me When You're High est un peu (trop?) sage, malgré la toujours magnifique Cornerstone. Cependant, le groupe rugit encore et rapidement avec un Fireside très efficace suivi de Knee Socks et nous livre un Tranquility Base Hotel + Casino au charme fou. A ce moment-là, plus aucun doute ne peut subsister. Les Arctic Monkeys ont encore franchi un cap supplémentaire.


Alors, bien entendu, la folie est inévitablement de mise lorsque leur premier tube I Bet You Look Good On The Dancefloor vient secouer les enceintes de la salle au bout d'une heure de concert ; le public reprenant le refrain à tue-tête. Le contraste est saisissant avec la nouvelle One Point Perspective ainsi que 505, où Alex Turner délaisse la guitare et s'assoit au piano pour une interprétation remplie d'émotions, concluant le set principal. On a à peine trois minutes pour se remettre de nos émotions que le groupe est déjà de retour sur scène pour un unique rappel de trois morceaux. "1, 2, 3" comme l'annonce Turner : Le feu, une fois encore, avec The View From The Afternoon, l'air avec Arabella et enfin l'électricité de R U Mine?, qui déménage toujours autant.

C'en est déjà terminé de ce premier set remporté haut la main par les Arctic Monkeys. On ne boudera pas notre plaisir d'avoir vécu là un très grand et surtout très beau concert. On regrettera peut-être l'absence de Teddy Pickers pourtant répétée en soundcheck l'après-midi même. Il y aura peut-être des veinards qui auront la chance de l'entendre le mercredi soir lors du second round; assurément aussi fort que celui donné hier soir.