Tim Burgess

Après un an et demi de reports successifs, Tim Burgess réussit à se lancer dans sa nouvelle tournée pour son dernier album I Love The New Sky, sorti au printemps 2020. Le chanteur des Charlatans s'échappe de son groupe pour nous présenter l'univers poétique de ce cinquième disque solo, lui permettant d'exprimer une facette bien plus personnelle de ce grand amateur de pop insouciante et fleurie, toujours orchestrée avec grand soin.

Pour voir cela, il faut traverser la Manche (avec tout ce que cela implique de mesures post-Brexit et post-pandémie) et le choix se porte sur l'excellent King Tut's Wah Wah Hut, club renommé de Glasgow où l'accueil est sans aucune mesure. En gravant ses escaliers aux noms des groupes qui se sont succédés sur sa scène depuis 1990 (la première marche porte justement le nom des Charlatans), on pénètre dans un temple mythique mais toujours accessible à tous les curieux comme les plus aguerris.


Accompagné de son backing band qui le suit depuis quelques années, ce dernier notamment composé de Daniel O'Sullivan et Thighpaulsandra qui ont participé à l'élaboration de I Love The New Sky, nous retrouvons également la grande Helen O'Hara, violoniste des Dexys Midnight Runners, laquelle apporte avec son instrument la légèreté et la douceur qui dominent sur le disque.
Ainsi entouré, Tim Burgess va durant une bonne heure nous présenter la majorité de son album. Les singles Laurie, The Mall et Empathy For The Devil sont présents et interprétés en cœur par la foule qui semble avoir révisé avant de venir. On sent que les présents sont des fans de longue date des Charlatans et énormément d'enthousiasme se dégage de la petite fosse avec des appels du cœur vers Tim, toujours aussi timide derrière sa frange et son regard à la Caliméro (la coupe de cheveux aidant).

Tout du long, Tim Burgess échange avec ses musiciens et on sent que la convivialité est réelle. C'est sous ce format que la pandémie à stoppé net le groupe alors qu'il était en promotion en amont de la sortie du disque à New York, lieu où s'était déroulée sa dernière performance live avant le confinement. C'est donc une réelle chaleur humaine qui se dégage de la scène, amplement distillée au travers le public.

Le personnage de Tim Burgess est atypique : il se laisse aisément happer par sa propre musique, se mettant à danser et agiter les bras comme dans une transe (mimique que les fans des Charlatans connaissent bien) puis se retire comme dans un cocon d'où il va rester muet et regarder intensément son public, lui laissant tout l'espace pour s'exprimer à son tour. Les délicates et entrainantes mélodies des titres Lucky Creatures, Comme d'Habitude et Only Took A Year se prêtent alors facilement à cette attitude, rendant le personnage attachant et laissant le public sous le charme.


Un inédit nommé Curiosity nous est dévoilé et prouve que le musicien continue d'être prolifique malgré son actualité avec les Charlatans (sortie d'un coffret anniversaire des 31 ans du groupe avec tournée au Royaume-Uni dès novembre, ré-édition de leur album éponyme en vinyle) et malgré l'énorme phénomène que sont devenues les Listening Parties sur Twitter. L'incroyable engouement pour ces écoutes de disques avec leurs créateurs sur le net n'a cessé de monter en puissance depuis mars 2020. Un livre, des invités exceptionnels, l'aventure continue et ne semble pas être vouée à cesser malgré un retour à la normale.

Le concert se termine avec une version très baba cool, avec beaucoup de synthés, de The Only One I Know et sous de longs applaudissements du public conquis. Tim Burgess ne perd alors pas une minute pour se rendre au stand merchandising où il se tient disponible pour quiconque venant chercher une dédicace, une photo, ou juste pour échanger un petit mot. Trente-et-un ans de carrière et toujours dévoué à ses admirateurs, voilà ce qui caractérise le mieux Tim Burgess dont on espère qu'il pourra rapidement traverser la Manche pour nous en faire également profiter.