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Tim Burgess

Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 23 juin 2013

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Avec ou sans The Charlatans, le mancunien Tim Burgess reste une personne attachante. A l’occasion d’un passage à la Flèche d’Or de Paris, Sound Of Violence l’a rencontré. Il nous parle de son album de remixes, mais aussi de sa rencontre avec Kurt Wagner de Lambchop ainsi que d’Asia Argento.

La dernière fois qu’on s’est rencontré, tu donnais un concert avec The Charlatans au Trabendo, à l’occasion de la tournée Who We Touch. Ton second album solo est sorti depuis. Quand as-tu décidé de le sortir ?

Kurt Wagner et moi nous nous connaissons déjà depuis longtemps, depuis 2001 très exactement. Je suis très fan de sa musique depuis les années 90. En 2011, il a donné un concert solo à Manchester et je lui ai donné un coup de main pour cette date. Je lui ai proposé de collaborer avec lui pour un album. Tu composes la musique et j’écris les paroles lui ai-je dit et il a accepté. Cela faisait plusieurs années que je tenais à travailler avec Kurt. Je me souviens très bien en 2005 au Festival de Benicassim, je lui avais déjà fait cette proposition. Mais ce n’était pas le bon moment. Nous sommes restés en contact pendant tout ce temps. En 2011, je lui ai passé un coup de fil avec toujours cet espoir qu’il accepte de collaborer avec moi. Au début il n’était question que de composer une seule chanson. Il m’a répondu que si je venais dans les deux semaines à Nashville, il serait possible d'écrire ensemble. Je m’y suis bien évidemment rendu. Là-bas, nous avons pris un café ensemble un matin et puis chacun de notre côté nous avons travaillé. Kurt composait la musique chez lui et moi j’écrivais des textes dans ma chambre d’hôtel située à quelques rues d’où il habite. Nous avons ensuite confrontés nos idées et cela a donné cet album : Oh No I Love You.

Ce fut une expérience assez inédite pour toi de collaborer avec quelqu’un, Kurt en l’occurrence, pour écrire un disque. Est-ce que ce fut facile de travailler de la sorte ?

La plupart du temps, c’est moi qui compose les textes des Charlatans. C’est vrai qu’écrire des paroles pour les donner à quelqu’un avec qui je ne suis pas habitué à travailler c’est un peu étrange. Mais en même temps, les donner à quelqu’un que j’admire autant, ce fut un réel plaisir.


Ce fut assez inattendu que tu sortes un disque solo de la sorte, presque country. On t’aurait davantage imaginé sortir un disque plus électronique. As-tu considéré, au-delà de la disponibilité de Kurt Wagner qu’il était temps pour toi de sortir un album qui te correspond vraiment musicalement à ce moment de ton existence ?

Ce disque n’aurait pu être réalisé qu’au moment où nous l’avons fait. Je ne savais pas quelle tournure il allait prendre au moment où Kurt m’a demandé de venir le rejoindre à Nashville, même si j’étais conscient de la musique qu’il compose pour Lambchop. A cette époque je vivais à Los Angeles depuis douze ans et j’étais sur le point de quitter cette ville. C’était vraiment un moment de transition à différents niveaux dans mon existence. Et sans vouloir paraitre mélodramatique, ce disque constitue une représentation assez fidèle de ce à quoi ressemblait ma vie à ce moment-là.

Pourtant, et c’est d’autant plus surprenant quand on écoute l’album, il y a un second disque pour l’édition limitée et ce sont des remixees. Certains constituent une relecture des morceaux originaux, d’autres sont de réels remixes. Tu peux nous en parler ?

En fait, j’ai beaucoup apprécié le travail de remixes de Jamie XX sur l’album de Gil Scott-Heron, I’m New Here. C’était quelque chose de totalement inattendu et magnifiquement réussi. Ça m’a donné envie de faire la même chose. J’ai demandé à Sam Willis, un de mes amis membre du groupe Walls, s'il avait la possibilité de remixer l’intégralité de Oh No I Love You. Il a remixé A Case For Vinyl et c’est sorti en face-b du 45 tours. Il n’avait malheureusement pas le temps de travailler sur d’autres morceaux. De ce fait, je me suis tourné vers d’autres personnes que je connais. Notamment les membres de Factory Floor, mon groupe électronique préféré du moment. Les trois membres ont remixé un morceau chacun. J’ai continué à demander à d’autres personnes, et finalement j’ai obtenu beaucoup plus de remixes de mes chansons que je ne l’aurai imaginé (rires).

Il y a notamment cette version de Hours, rebaptisée Ours, avec Asia Argento...

Il y a pas mal de temps de cela, j’ai animé des soirées en tant que DJ à Los Angeles et Asia était présente à une d’entre elles. Nous avons sympathisé et j’ai eu l’idée d’une collaboration. Cependant il fallait que je me rende en Italie avec elle afin de concrétiser cette idée, et ce n’était absolument pas le bon moment pour moi pour ça. De ce fait, nous avons dû travailler à distance. J’avais déjà composé la partie musicale de la chanson. Je l’ai donnée à Asia qui a enregistré la partie vocale à Lisbonne. J’ai mis cette version sur l’album de remixes et Asia l’a également ajoutée sur son premier album qui sort ces jours-ci. Tu sais, c’est simplement l’envie qui a motivé tout ça. Les choses se sont faites très naturellement avec elle. Avec Anton Newcombe de Brian Jonestown Massacre, c’est pareil. Il a remixé The Doors Of Then pour ce disque. Je lui ai donné une autre chanson à remixer et il va probablement la sortir en single dans quelques mois sur son propre label. Ce ne sont pas des phénomènes qui vont perdurer dans le temps, mais pour le moment ça se passe comme ça et ça me plait beaucoup.

Est-ce qu’Asia sera présente sur scène avec toi ce soir ? (ndlr : Asia Argento était en promotion à Paris pour la sortie de son premier album solo la veille du concert de Tim Burgess à la Flèche d’Or)

Oh je ne savais pas qu’elle était à Paris ! Ce serait super si elle venait. Je l’espère ! Si c’est le cas ce sera une surprise, y compris pour moi !


C’est Hatcham Social qui joue ce soir en première partie de ton concert. Ils ont également contribué à un remix sur Oh No I Love You More. C’est un groupe que tu connais bien ?

En fait ce sont des amis. Ils jouent avec moi sur scène. J’ai produit leur premier album en 2009. Sur Oh No I Love You More, on trouve des versions réinterprétées par O Genesis, qui est en fait toi-même. Est-ce simplement la possibilité pour toi de rejouer différemment tes propres morceaux ou plutôt le fait que tu n’étais pas entièrement satisfait par les versions originales de ces chansons ? Je suis vraiment très content des versions sur Oh No I Love You. Je voulais simplement m’amuser un peu. Comme par exemple avec The Great Outdoor Bitches qui a été réenregistrée sans la batterie électronique de Nick Void. J’aime beaucoup cette version, tout comme j’aime vraiment l’originale. Idem pour la version de Our Economy qui est très différente de l’originale.

Tu as ton propre label, O Genesis Recordings, sur lequel tu as sorti tous ces disques en rapport avec Oh No I Love You. Pourquoi ne pas les avoir sortis sur le même label que The Charlatans ? Vas-tu sortir les prochains disques de The Charlatans sur ton label ?

J’aimerai bien sortir les prochains disques de The Charlatans sur mon label, mais je ne pense pas que le reste du groupe soit d’accord avec cette idée. A mon sens, ils préfèreront être sur un plus gros label. Au départ je l’ai créé pour aider des artistes de Londres que je connais. Et puis j’ai eu l’opportunité de sortir un disque de R. Stevie Moore qui est basé à Nashville. Et ce disque a été épuisé rapidement. Tout comme Gold E de Nick Colk Void qui a été la première référence de O Genesis Recordings à être sold out. The Vaccines ont voulu également sortir un disque sur mon label à l’occasion du Record Store Day. Tout s’est enchainé très rapidement, et le label a finalement pris pas mal d’ampleur. C’est devenu un gros label (rires). Mais je ne pense pas que les autres membres de The Charlatans seront d’accord pour sortir un album dessus. Je ne leur en ai pas parlé, j’imagine juste que cette idée ne les emballera pas plus que ça.

Sean O’Hagan a réalisé les arrangements de Hours sur Oh No I Love You. C’est également un de tes amis ?

Oui je l’ai rencontré à un concert des High Llamas. J’aime beaucoup son album Can Cladders, et notamment la chanson The Old Spring Town que je trouve magnifique. Je me souviens à la période du mixage de Who We Touch, j’étais dans le train à New York et j’écoutais ce disque. Je voulais vraiment travailler avec lui, qu’il s’occupe des arrangements des chordes, et le fait d’avoir pu collaborer avec lui reste un souvenir magnifique pour moi.

Pour finir, ce matin je réécoutais quelques chansons de The Charlatans, notamment Acid In The Tea. Et j’ai pour la première fois réalisé qu’il y a une certaine similitude avec Shake Dog Shake de The Cure dans ta manière de chanter. Tu es d’accord ?

(Tim Sourit) C’est très similaire en effet.