Avec un casting réunissant rien de moins que Simon Neil (Biffy Clyro) et Mike Vennart (ex-Oceansize) en studio, mais aussi Dave Lombardo (Slayer, Suicidal Tendencies, Misfits...) et Naomi Macleod à leurs côtés une fois montés sur scène, Empire State Bastard a tout du supergroupe destiné à faire parler de lui, ne serait-ce que de part le Curriculum Vitae ou pédigrée de ses membres. Révélé aux yeux du public en fin d'année 2022 avant se de lancer l'été dernier dans une tournée des festivals puis de publier son premier album
Rivers Of Heresy, le quatuor donnait en ce jeudi 2 novembre le coup d'envoi de sa première tournée en Europe et au Royaume-Uni.

C'est ainsi la salle de l'Alhambra qui a été choisie pour cette première date. Un Alhambra sonnant quelque peu creux quand, sur le coup de 20h,
Benefits prennent place sur scène face à quelques dizaines de personnes éparpillées aux quatre coins du lieu. Deux musiciens derrière les machines, un troisième prenant place à la batterie, et voici que débarque microphone en mains Kingsley Hall, crane rasé et air menaçant, prêt à en découdre et à secouer un public guère préparé au spectacle qu'il s'apprête plus à vivre. Plus qu'un concert ou une simple prestation scénique, c'est bien d'une expérience dont il est question avec Benefits, tant le leader du quatuor vit sa musique et ses textes, qu'ils soient parlés, criés ou même hurlés à la face d'une audience toute aussi surprise que désarçonnée par l'énergie, l'implication ou les revendications du leader de la formation anglaise. S'il est parfois difficile de le suivre sur certains titres où noise et punk se mêlent, d'autres font l'effet d'un uppercut en plein visage, à l'image de
Warhorse, Flag ou
Empire. Une prestation dont les discours politisés n'auront pas toujours fait mouche en raison de la barrière de la langue, mais dont l'intensité, l'absence de compromis et l'évidente bienveillance de Kingsley Hall envers le public auront assurément marqué les mémoires d'une partie de la salle.

Une petite trentaine de minutes plus tard, c'est une salle toujours désespérément vide qui attend l'arrivée d'Empire State Bastard. Si le balcon est pour le moins dépeuplé et que la fosse peine à afficher un taux de remplissage de 50%, le début du concert va rapidement faire monter l'ambiance. Mike Vennart et Naomi Macleod sont appliqués respectivement à la guitare et la basse de part et d'autre de la scène, tandis que Dave Lombardo est impressionnant derrière les fûts, mais Simon Neil, délesté de son habituelle guitare, jouit quant à lui d'une liberté de mouvement dont il profitera tout au long de la prestation.
Microphone en main, visage souvent caché derrière sa longue chevelure, l'Ecossais n'aura ainsi de cesse d'arpenter la scène, son chant crié ou hurlé au long du set, en adéquation avec la musique de son side-project oscillant entre metal, punk ou hardcore, n'étant pas sans rappeler par instant celui proposé ponctuellement sur les plus anciens titres de sa formation de toujours, Biffy Clyro.

A l'image des versions studio, les titres joués par le quatuor aujourd'hui en live sont pour la plupart directs, puissants et bien entendu dévastateurs, à grands coups de riffs et coups de butoir, seules quelques notes de synthé de la part de Simon Neil venant s'immiscer de temps à autres dans les torrents de décibels déversé.
Rivers Of Heresy se voit ainsi joué en intégralité, à commencer par les singles
Harvest ou
Stutter, ainsi que le récent
Tired, Naw?, nouvelle déclinaison du déjà très réussi
Tired, Aye?, les choeurs assurés avec une certaine discrétion par Mike Vennart et Naomi Macleod venant amplifier l'impact vocal du groupe. Parmi les temps forts de la prestation de cinquante minutes, deux titres sous influence plus progressive et osant calmer le jeu ponctuellement pour redémarrer de plus belle :
Moi?, élément déclencheur des premiers pogos dans le public, ainsi que le long et grandiloquent
The Looming, durant lequel toute la palette vocale du leader de la formation se sera faite entendre.
Une soirée placée sous le signe des musiques extrêmes qui, à défaut d'avoir fait le plein, aura permis aux deux formations à l'affiche de faire l'étalage de toutes leurs qualités.