C'est la rentrée, et comme dit précédemment dans nos colonnes, nous avons trouvé du temps cet été pour relire tous nos Chomsky, faire du tri dans nos bibliotheques, DVDthèques et discothèques afin de libérer de l'espace pour de nouvelles chasses aux trésors et nous lancer dans une vraie chronique metal. Et pourtant, la grosse guitare qui tâche ne nous est pas inconnue, votre chroniqueuse ayant à son compteur quelques concerts de System Of A Down et Korn plutôt épiques, c'est à dire lui ayant valu quelques hématomes bien cherchés. Mais ici, c'est attirée par le CV de Simon Neil, chanteur brailleur à succès de Biffy Clyro, que nous nous sommes donc lancé un petit challenge : s'immerger autant que possible dans le side-project ambitieux de ce dernier, Empire State Bastard.
Premier constat, le patronyme promet. Et en effet nous ne sommes pas déçus du voyage. Pour la petite histoire, Empire State Bastard est le fruit de la longue collaboration de Simon Neil et de Mike Vennart, ex-Oceansize et guitariste sur scène avec Biffy Clyro depuis un petit paquet d'années maintenant. Si l'on en croit la légende, ou les quelques bribes d'informations glanées ici et là, ce projet germe dans l'esprit de nos deux compères depuis quelque temps déjà et serait arrivé à maturité à force de compositions dans les tour-bus les menant au travers le monde. Nous découvrons aujourd'hui de façon très concrète le résultat de cette longue alliance tant amicale que musicale avec Rivers Of Heresy, recueil de dix titres qui fracassent, dans le sens où nos musiciens n'ont réellement fait aucune économie d'énergie dans cette époque qui se veut pourtant vertueuse en ce domaine.
Et grand bien nous fasse car même sans être les plus érudits s'agissant du répertoire prog-rock voire post-metal, s'il y a bien un curseur sur lequel nous nous fions toujours, c'est l'enthousiasme ressenti aux premières écoutes. Rivers Of Heresy est un album coup de poing, voire tabassage en bon et due forme. Jouant sur tous les différents critères appréciés de nos meilleurs experts en headbang, le disque apparaît comme solide, particulièrement homogène et on se retrouve rapidement noyés dans cette déferlante digne d'un tsunami. Les guitares de Simon et Mike écorchent tout sur leur passage et on retrouve également dans la formation la basse de Naomie Macleod (Bitch Falcon) et surtout les fûts complètement débridés de Dave Lombardo, issu entre autres de Slayer et Fantomas.
Le casting est alléchant et le résultat convainquant. On oscille entre morceaux qui ne sont que purs shots de rage (Harvest, (Tired, Aye?, Stutter, Palms OF Hands) où on ne nous laisse même pas le temps de respirer alors que Simon Neil réussi à laisser s'échapper tout l'air que ses incroyables poumons peuvent contenir dans des hurlements dévastateurs, et titres plus structurés où l'on distingue mieux le timbre de voix si significatif de l'écossais (le délicat Moi, Sons And Daughter et le presque angoissant Dusty). Tout cela mené par les guitares qui savent faire autre chose que d'exploser le niveau maximum de décibels autorisé, nous délivrant dans tout ce délicieux vacarme de bien beaux riffs qui feront le bonheur des bedroom guitaristes parmi nos lecteurs (branchés à leurs casques, c'est plus prudent).
C'est justement ce mélange savamment dosé qui permet à Empire State Bastard de ne pas uniquement mettre tous leurs œufs dans le même panier des grands amateurs de metal auprès desquels ils n'ont presque plus rien à prouver, surtout après leur prestation aux Hellfest de Clisson. Rivers Of Heresy sait séduire dans sa brutalité des publics moins convertis et attirera probablement à lui toute une frange de fans de Biffy Clyro un peu moins extrême rock and rollement parlant. Ces même fans qui, peut-être, se mettront un peu plus en retrait dans la fosse de l'Alhambra à Paris qui accueillera ce supergroupe le 2 novembre prochain.