Malgré un printemps très chargé en concerts, nous avons toujours le temps d'aller découvrir de nouveaux sons. Et là, le tonnerre gronde : « Des nouveaux sons ? The Temperance Movement font résonner leurs grosses guitares bluesy depuis 2012, auriez-vous hiberné depuis tout ce temps à Sound Of Violence ? » La réponse est évidement non, mais concernant votre chroniqueuse, il faut bien reconnaitre que le blues rock ne fait pas partie de son carnet de bal quotidien. C'est donc avec entrain que nous agitons notre boîte à « mieux vaut tard que jamais » (promis un jour, je vous la poste en photo), et direction l'Alhambra de Paris en ce dimanche soir pour enfin voir sur scène le groupe toujours mené par l'excentrique écossais Phil Campbell.
C'est au travers des descriptifs très élogieux de Phil que nous avons enfin décidé de tenter l'aventure The Temperance Movement. Décrit comme une espèce de « monsieur 100 000 volts », l'accent à couper au couteau des Highlands en prime, le résultat a donc été à la hauteur de nos espérances. Pour la petite histoire, les anglais ont sorti trois albums
The Temperance Movement (2013),
White Bear (2016) et A
Deeper Cut (2018). Par la suite, un guitariste et un batteur se sont évadés vers d'autres chemins et le groupe s'est mis en berne en 2020 quand Phil Campbell a lui aussi tiré sa révérence, pour des soucis d'ordre personnel. Les fans ne savaient donc plus tellement sur quel pied swinger, jusqu'à à l'annonce de ce come-back en 2025, avec comme line-up Phil au chant, Paul Seyer à la guitare, Nick Fyffe à la basse, Simon Lea à la batterie et le très récent retour de Luke Potashnick à la guitare également. Un groupe qui s'affiche comme très uni et qui enchante ses nombreux admirateurs depuis qu'il est reparti en tournée au Royaume-Uni et en Europe. Paris est ce soir la dernière date sur le continent, avant de retrouver les garçons de retour au Royaume-Uni pour une poignée de dates qui se dérouleront cette fois-ci dans de plus grandes salles, telle l'O2 Institute à Londres et l'emblématique Barrowlands à Glasgow.

En attendant, nous prenons place dans un Alhambra très honorablement rempli, et c'est un concert aux horaires précoces qui débute sur les coups de 19h avec en première partie
Alberta Cross. Ce soir, c'est en mode solo acoustique que se présente à nous Petter Ericson Stakee, seul membre permanent de cette formation qui, lorsqu'en full band, propose un rock très mélodieux, tenté lui aussi de folk blues très élégant. Nous découvrons également ce soir le répertoire de Petter en plus dépouillé, le musicien seul à la guitare électrique, comme un long jam devant un parterre d'amis. Une ambiance feutrée et chaleureuse se déploie dans la salle, et l'accueil réservé à Alberta Cross se veut très enthousiaste.
Une petite pause qui nous permettra d'entamer la discussion avec les fans du premier rang, dont une poignée d'irréductibles anglais venus encourager leurs compatriotes. Nous apprenons ainsi que le départ de Phil en 2020 pour des raisons liées à sa santé avait alors inquiété les fans, très incertains de l'avenir du groupe. Quelle joie alors d'apprendre que The Temperance Movement se lançaient en 2025 à nouveau sur les routes, comme pour renouer avec leur public et s'assurer que la mayonnaise prenait toujours. Ce fut le cas sur les dates qui précédèrent Paris, les salles affichant toutes complètes et le groupe proposant à chaque concert la possibilité d'upgrader son billet en VIP pour pouvoir les rencontrer après les shows. Nos amis anglais du public étant leurs meilleurs ambassadeurs, les prestations du groupe nous sont décrites comme incroyablement captivantes, du fait du jeu de scène de Phil Campbell défini comme inimitable. C'est donc dès 20h qu'apparaissent sur scène les cinq musiciens, et nous découvrons enfin le fameux Phil, petit blond tout sec au sourire qui lui mange le visage, accompagné pour ce premier titre a cappella de ses compères, tous devant la scène pour entamer conjointement
Chinese Lanterns. Un morceau qui prend ainsi une toute autre teinte, très majestueuse.

Puis, les guitares commencent à rugir, la basse à gronder, et c'est parti pour une heure trente de rock bluesy à souhait. On ressent dès les premiers instants la joie intense des musiciens de retrouver leur public, beaucoup de regards complices sont échangés durant tout le concert et entre chaque morceau, de chaleureux remerciements sont adressés aux présents. Pour le néophyte, ce qui marque est le personnage de Phil Campbell. Ce dernier nous évoque un étrange et étonnant mélange entre Rod Stewart pour la voix rocailleuse (et la petite coupe blonde) et Bez pour l'expression corporelle délicieusement anarchique. Tout au long des morceaux, Phil ne cessera de danser, de s'agiter, allant jusqu'à jouer des maracas comme son auguste modèle, bondissant même sur les morceaux les plus calmes, comme s'il ne pouvait rester immobile un seul instant. Très expressif, il est ainsi très aisé de rentrer dans le répertoire de The Temperance Movement malgré que nous ne connaissions aucun des morceaux interprétés ce soir. C'est donc une rencontre cash, et la musicalité si soignée du groupe nous convainc immédiatement.
Les références aux grands classiques du genre ne manquent pas, et nous entendons en tout début de rappel une très agréable reprise de
Have You Ever Seen The Rain? de Creedence Clearwater Revival, juste avant le final avec
Midnight Black et
Serenity, deux morceaux qui font rugir à son tour Phil Campbell. Pour quiconque serait peu habitué en concert au style très exigeant du blues rock, c'est ici comme un rappel à ce qui a fondé le rock sous toutes ses coutures, et renouer avec les six cordes et ce son alternatif country n'est jamais superflu. Le concert se termine sous des tonnerres d'applaudissement et nous saluons dès la fin du concert nos nouveaux amis anglais munis de leurs pass VIP, avides d'échanger avec les héros de la soirée, qu'ils auront suivi sur plusieurs dates et qu'ils s'apprêtent à retrouver à Glasgow, ville natale de Phil Campbell qui semble être celle qui offre l'accueil le plus explosif au groupe.
Le retour de The Temperance Mouvement est donc gagnant, les fans parisiens n'ayant pas oublié la formation durant cet interlude et il est à espérer que la très bonne série de concerts donnés ce printemps motive Phil et sa bande à retourner en studio.