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Miki Berenyi Trio
Lol Tolhurst

Paris, FGO-Barbara - 29 avril 2025

Live-report par Jérémi Desplas

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Un concert avec des membres de groupes légendaires des années 80 et 90 peut au premier abord sonner comme un défilé du 1er mai dans le cortège du Parti Communiste Français : on sait à quel type de public on peut s'attendre. Mais il serait très malvenu de ramener cette soirée à un pur rendez-vous de nostalgiques, notamment car le Miki Berenyi Trio a un excellent premier album (Tripla) sorti plus tôt dans l'année à défendre. D'ailleurs le public s'avère assez diversifié, certes essentiellement composé de Curistes facilement repérables à leurs t-shirts à l'évidence authentiques vu leur état, de fans de Lush mais aussi de plus jeunes a priori bien initiés par leurs parents accompagnateurs.

Bonne chose à savoir, les sandwichs du FGO Barbara sont vendus à l'entrée du concert et pas dans l'entrée principale, il n'y a donc pas à anticiper avec un produit concurrent à 3,50€ vendu dans la boulangerie d'à côté (cela dit d'un rapport qualité/prix imbattable). Bref, on s'installe devant la scène déjà plongée dans l'ambiance avec une playlist de pré-concert très adaptée dans laquelle on aura pu entendre les Field Mice entre autres.


20h20 : Lol Tolhurst salue brièvement le public et s'installe derrière les fûts tandis que son groupe se met en place pour un set composé quasi-exclusivement de reprises des Cure des débuts, période où Lol occupait dans le groupe la même place que celle de ce soir. Il est communément admis que jouer des chansons écrites environ quarante ans plus tôt, a fortiori quand le groupe d'origine n'est pas au complet (re a fortiori quand on est le seul membre du groupe d'origine et à la batterie) est un exercice que l'on qualifiera poliment de légèrement casse-gueule : il s'agit de parvenir à entretenir du mieux que l'on peut l'énergie de ces morceaux, et d'éviter de sonner comme un quelconque groupe de reprises peu doué, mais aussi de faire en sorte que la nostalgie ne soit pas le seul fil conducteur du set. Fort heureusement, le groupe parvient à s'extirper de tous ces pièges d'une manière plutôt habile. Mieux, la petite taille de la salle convient parfaitement à l'ambiance obscure et intimiste de la période Seventeen Seconds / Faith / Pornography. Dès le deuxième morceau, A Forest fédère les fans qui se délectent de l'obscurité qui se dégage de la scène et qui sent bon le flanger. La dynamique est bien présente. Miki Berenyi vient chanter sur A Strange Day, avant d'être rejointe par le reste de son Trio pour leur chanson collaborative Stranger, grand tunnel dream pop qui emporte efficacement le public. Le set se conclut sur le plus sautillant 10:15 Saturday Night, issu de 3 Imaginary Boys, qui aura fait son travail même si tout le monde n'était probablement pas aussi prompt à sautiller qu'à sa sortie en 1979.

En parvenant à alterner entre toutes les nuances des premiers albums de The Cure, Lol Tolhurst et son groupe ont réussi à proposer un concert qui aura parfaitement rempli son objectif d'offrir un bel hommage à cette période. « Is it always like this ? » est-il demandé sur Siamese Twins : eh bien cette fois il n'y a ni Robert Smith ni un stade devant la scène, ni trop de corbeaux, mais au moins les chansons sont là et bien là avec leur dénuement caractéristique. En tout cas vous ne trouverez certainement pas mieux chez un quelconque groupe de reprises caricatural qui ferait mieux de retourner jouer à la Fête de la musique.


21h20 : le seul but de PSG-Arsenal a été marqué depuis vingt minutes que débarque le Miki Berenyi Trio devant un public très légèrement moins dense, du fait d'une ruée (enfin, c'est une image, personne n'a couru) pour aller « faire signer son Cure shit » (comme dira Miki sans aigreur – mais elle l'a quand même dit) auprès de Lol plutôt que d'écouter le concert de la tête d'affiche. Le bassiste Oliver Cherer est de retour après avoir tenu le même poste toute la première partie, avec cette fois Miki Berenyi, Moose et une boîte à rythmes, absence de batteur oblige.
La quasi-totalité de leur album est jouée lors du concert avec des morceaux revenus des précédents groupes de Miki Berenyi (« ‘cause we have a fuckin' back catalogue »). Le set est efficace, entrecoupé des blagues de Miki toujours ravie de venir jouer en France. On regrette légèrement des guitares un peu trop en arrière pour de la noisy, mais cela n'empêche pas les nouveaux morceaux d'emporter doucement les spectateurs avec leur profondeur et leur densité sonore. Le concert décolle lors de la première reprise de Lush (« How do you say it in French ? ‘Luche' ? »), dont le côté plus bruitiste se fait bien sentir et qui redynamise la salle, et le concert continue sur cette lancée telle la force tranquille. L'homogénéité de l'album du Miki Berenyi Trio fait que l'on ne saurait pas distinguer un sommet en particulier mais le concert réussit à rendre justice à ses nuances et sa richesse malgré la limite du nombre de musiciens. Le bassiste et Miki mettent bien en avant leur sourire contagieux tandis que le guitariste reste légèrement statique (« He's old, blind and deaf. It's okay, I still love you. »). La fin du concert se concentre sur les morceaux de Piroshka et de Lush avec leurs spécificités (plus pop, plus noise suivant les morceaux), qui rend justice à l'évolution musicale à travers ces groupes, et se conclut sans rappel avec le single Ladykillers issu de l'album Lovelife complètement distordu avec des effets shoegaze à gogo, ce qui est une réinvention de la chanson des plus intéressantes et semble boucler la boucle de la carrière de Lush, avec un morceau de leur fin de carrière purement pop joué avec un son plus proche de leurs débuts.

Un concert avec peu de surprises mais qui aura tenu toutes ses promesses. Le rock britannique se porte bien et ses anciennes légendes avec, merci pour lui.
setlist
    Lol Tolhurst
    The Holy Hour (The Cure cover)
    A Forest (The Cure cover)
    Siamese Twins (The Cure cover)
    A Strange Day (The Cure cover)
    Stranger (The Cure cover)
    The Hanging Garden (The Cure cover)
    All Cats Are Grey (The Cure cover)
    10:15 Saturday Night (The Cure cover)

    Miki Berenyi Trio
    Hurricane
    For Love
    Vertigo
    A Different Girl
    Undertow (Lush cover)
    Gango
    Kinch
    Manu
    8th Deadly Sin
    Ubique
    Leaves Me Cold (Lush cover)
    Scratching At The Lid (Piroshka cover)
    Big I Am
    Baby Talk (Lush cover)
    Ladykillers (Lush cover)
photos du concert
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