PINS

PINS ont eu tout de la genèse du groupe underground que les blogs se sont arrachés. Girl-band en provenance de Manchester, elles se sont fait connaître avec un premier single, Eleventh Hour, sorti en début d’année. Si l’on pourrait rapprocher PINS à une sorte de Vivian Girls anglaises, le groupe fondé par la chanteuse et guitariste Faith Holgate se targue d’une aura beaucoup plus noisy, beaucoup plus rêche. Il y a le bruitisme shoegaze de My Bloody Valentine et l’écho pop de Siouxsie and the Banshees en fond sonore. Sur ce premier EP LUVU4LYF sorti chez Bella Union (pas vraiment un hasard pour le label lancé par les Cocteau Twins), PINS étendent sur un quart d’heure leur mélange suranné de dark garage et harmonies pop.

La finesse n’est pas vraiment la qualité la plus évidente chez les mancuniennes ; elles compensent par une forte énergie toute en contenance. Le titre homonyme d’ouverture mêle ainsi l’aigreur speeed de Hüsker Dü et la nonchalance explosive de Sleater-Kinney, donnant le rythme d’entrée. On retient surtout la très vertueuse montagne russe de Say To Me, mélange d’heavy rock et de garage, comme si les Bikini Kill avaient joué avec les Breeders. Il y a une sonorité très commune à la musique de PINS, parfois facteur limitant dû à sa recrudescence, très ancré dans un héritage post-80s.

Ce qui séduit immédiatement chez PINS, c’est cette aisance à fixer la rythmique pour décrocher, presque brusquement, sans que cela ne paraisse forcé. Les lignes de démarcations se figent et s’étirent au lieu de se briser. Ces décrochages agissent ainsi comme des simili-refrains et donne une cohérence forte à chacune de leurs chansons. Il n’y a pas réellement de temps faible sur LUVU4LYF EP ; aucun indicible en tout cas. Il y a chez PINS ce son finalement très américain qui dénote, qui les placent à part dans la scène anglaise contemporaine. Quand l’on pense que le groupe ne s’est formé qu’il y a à peine plus d’un an, la marge de progression de PINS a tout ce qu’il y a de plus alléchant.