TRAAMS

Chichester, ça ne vous dit sûrement pas grand-chose, et franchement, si ce ne sont les habitants eux-mêmes, personne ne saurait vous en vouloir. Sachez quand même que c'est dans cette petite ville du Sud de l'Angleterre qu'ont grandi les joyeux allumés de TRAAMS, groupe ayant, à l'instar de ses compatriotes Eagulls et autres Savages, su réveiller des esprits punk quelques peu anesthésiés, et ce pour le plus grand plaisir des amateurs de sons aussi tendus qu'imparfaits.

Quelques mois à peine après la sortie de leur premier LP (Grin), le trio remet le couvert avec un EP riche de cinq titres inédits, et dont le nom n'est pas sans évoquer un petit oiseau des plus colorés. Loin de remettre en jeu ce qui fait l'essence du groupe, Cissa, puisque c'est comme ça qu'il se nomme, délivre tout ce qu'on pouvait attendre de lui : ici, jamais n'est mis à défaut le sacro-saint équilibre guitare/basse/batterie, et c'est toujours avec fougue et malice que la barque est menée par Stuart Hopkins et ses comparses.

Oui parce que chez TRAAS, comme chez Cheatahs pour ne citer qu'un groupe parmi leurs nombreux contemporains, le punk est tout autant affaire de politique qu'un amour d'adolescent, un défouloir duquel ne peut qu'émaner un doux parfum de candeur. Quoi de plus normal alors que d'avoir affaire à des compositions à la fois sérieuses et gorgées d'insouciance, à l'image d'un chant grand-guignol et qui toujours flirte avec la ligne jaune ? Tantôt émaillé de riffs sautillants, tantôt de lignes de guitare plus incisives et lorgnant volontiers vers le grunge, Cissa sait faire dans la précision comme dans le morceau de cinq minutes et plus, en atteste un titre éponyme bluesy à souhait, dont le rythme s'accélère subitement en fin de course pour mieux nous noyer sous un flot orgasmique de décibels. En tout cas, tout ceci sent fort la bière, ce qui n'est évidemment pas pour nous déplaire.

Au final, ceux qui ont pris plaisir à écouter Grin devraient en avoir pour leur argent. Efficace, Cissa est un EP solide qui devrait asseoir le capital sympathie du groupe auprès de son public. Et pour ceux qui ne les connaissaient pas encore, on ne peut que vous inviter à découvrir ces doux-dingues finalement bien attachants.