Chronique Album
Date de sortie : 22.07.2022
Label : FatCat Records
Rédigé par
Roland Torres, le 20 juillet 2022
On pensait TRAAMS à jamais dissout dans les marasmes de l'oubli. Mais c'était sans compter sur cette envie profonde et pernicieuse qui ronge tout artiste, celle qui pousse à reprendre du service, histoire de voir si les mots et les notes que l'on aimait partager avec les potes collent toujours à l'époque dans laquelle on évolue. Personal Best est le troisième album du trio britannique, faisant suite à Modern Dancing, sorti en 2015. Sept ans que le trio n'avait plus donné de nouvelles ou presque, deux singles surgis en 2020 laissaient présager d'un retour probable de la formation.
Bien que le groupe n'ait jamais splitté, l'envie était partie se terrer quelque part du coté de la fatigue, ouvrant en grand le livre aux pages blanches. Le chanteur/guitariste Stuart Hopkins est la premier à s'être remis au travail, finissant les titres Greyhound et Intercontinental Radio Waves, laissés en friche en mode instrumental et qui verront le jour en 2020. S'ensuit le désir de repartir en studio fin 2019, mais entre temps le COVID-19 vient à passer par là, obligeant le groupe à revoir sa façon de travailler. Finis les batteries qui claquent et les hurlements intempestifs, lorsqu'on est entouré d'appartements.
personal best oblige le trio à changer de braquet et à enregistrer à bas niveau, utilisant pour la majorité de l'album des boîtes à rythmes, ce qui confère à l'ensemble une certaine linéarité proche du krautrock. Les guitares tissent des mélodies plus concises et moins abrasives qua par le passé sans pour autant perdre de leur efficacité.
Ce que TRAAMS ont perdu en explosivité, ils le rattrapent en expressivité, composant des tracks plus incisifs, au minimalisme évocateur. La basse continue de rouler en mode pilotage automatique, devenant la colonne vertébrale de l'ensemble, sur laquelle les vocaux de Stu prennent le temps de développer des envolées en formes de mini-hymnes.
Le post-punk des débuts s'est transformé en krautrock hypnotique à l'énergie compacte, allant constamment de l'avant, avalant la route et défonçant les barrages qui pourraient se dresser devant eux, invitant Liza Violet (Menace Beach), Soffie Viemose (Lowly) et le frontman de Protomartyr, Joe Casey, à donner du relief à l'ensemble, chaque invité ayant été parfaitement casté, en fonction du titre sur lequel il intervient.
En résumé, TRAAMS ont su se réinventer tout en gardant les basiques, gagnant en efficacité et clarté, offrant des titres foncièrement accrocheurs à la beauté épurée, qui ne sont pas sans évoquer, parfois, les fantômes de Joy Division.