Friedberg

Autrefois connue sous le très mystérieux pseudo Anna F., l'autrichienne Anna Friedberg a déjà derrière elle une belle carrière, aussi bien dans le cinéma que la musique. Elle possède à son actif deux albums parus en 2010 et 2014 et a déjà assuré plusieurs tournées européennes, accompagnant entre autres James Blunt et Lenny Kravitz.

Après avoir déménagé à Londres, elle a rencontré de nombreuses personnes faisant partie de l'industrie musicale, dont les trois musiciennes qui font maintenant partie de son groupe, Emily Linden, Cheryl Pinero et Laura Williams. Après avoir assuré quelques dates en 2018, Anna Friedberg et sa clique ont sorti début 2019 leur premier single, BOOM, catchy et prometteur, avant d'enchaîner quelques mois plus tard avec Go Wild, aux sonorités plus jazzy.


Les deux premiers singles tirés de Yeah Yeah Yeah Yeah Yeah Yeah Yeah Yeah EP, Pass Me On et Lizzy, reprennent le même schéma mais sous deux formes différentes : le chant se fait sensuel et suave sur les couplets tandis que sur les refrains Anna Friedberg prend une voix plus cristalline, presque méconnaissable sur le « you better pass me on » somptueux et éthéré de Pass Me On.
On comprend d'ailleurs mieux sur cette dernière, qui n'est nulle autre que la plage d'introduction et le premier single à avoir été dévoilé il y a quelques mois, pourquoi Anna Friedberg s'est construit un groupe autour d'elle. Emmené par les riffs de guitares et les coups de batterie féroces de Laura Williams, la composition promettait déjà de grandes choses pour cet EP.
Et pourtant, les quatre musiciennes savent tout de même surprendre au fil des cinq titres, nous entraînant sur des terrains un peu différents à chaque instant. Lizzy nous prend ainsi à contre-pied en se tournant vers des paysages synth-pop fort réjouissants – sans pour autant oublier les guitares enfiévrées, notamment sur son dernier tiers, et cette ligne de basse enivrante sur les refrains.


Les deux morceaux suivants enchantent tout autant, mais cette fois en expérimentant davantage. Peut-être la chanson la plus funky du disque, Yeah ne cesse d'enchaîner mélodies et arrangements plus passionnants les uns que les autres, entre nappes de clavier atmosphériques, combo basse/guitare à la The Rapture et moult handclaps, cowbells et autre tambourin qui ne cessent de nous faire danser en à peine trois minutes.
Rythme effréné, chant hautement incisif et passionné, synthé hyperactif, MIDI 8 est quant à lui tout simplement un joyau de pop débridée comme on en entend que trop rarement. Et il est surtout un titre comprenant un pont quasi uniquement constitué de cowbells, que n'importe qui n'aurait jamais pu tenir, mais que la formation anglaise maîtrise ici à la perfection, offrant là une composition déjà culte.


Yeah Yeah Yeah Yeah Yeah Yeah Yeah Yeah EP se conclut dans une ambiance encore différente. Your Hollywood est la classique ballade de fin, sobre et éloquente, sur fond de guitare acoustique, portée par la voix délicate d'Anna Friedberg. Une belle œuvre rendant compte davantage encore de l'évolution musicale et la tessiture étourdissante de l'artiste.
Avec seulement sept titres dévoilés, Friedberg font ainsi déjà partie des groupes britanniques à suivre. On attend d'ores et déjà avec grande impatience un album tout aussi réussi et surprenant, inspiré et varié, que cet EP qui, espérons-le, passera moins inaperçu dans nos contrées que les deux disques solo d'Anna Friedberg, tant il demande vraiment à être connu de tous.