Spoil alert : gros potentiel avec The Lounge Society, quartet anglais issu de la verdoyante région du Yorkshire.
Deux indices importants qui tendent vers cette prédiction : d'une part le label du groupe, Speedy Wunderground, chez qui Cameron Davey, Herbie May, Hani Paskin-Hussain et Archie Dewis ont signé, et qui est un véritable défricheur de talents. On citera comme exemples le premier EP de Squid et le premier album de Tiña, chroniqués avec enthousiasme ces derniers mois dans nos colonnes. D'autre part, la folle passion justifiée des Inrocks pour cette jeune formation qui, on l'espère, attirera l'attention sur eux.
Car cet engouement est mérité. Preuve en est le premier EP Silk For The Starving aux quatre morceaux ultra léchés qui nous emportent telle une tornade dans un son qui mêle de façon extrêmement habile chaos punk et atmosphère pysché-rock. Le mélange des genres ne déconcerte pas et aux séquences post-punk modernes se succèdent des échappées dans le monde chatoyant du rock psychédélique qui ne sonnent jamais lourdingues ni démodées.
L'entrée en matière se fait avec Burn The Heather au chant déclamé typique dorénavant de nombreux jeunes groupes de la scène britannique s'émancipant de la gouaille des rockeurs d'antan. L'intro se fait au son d'une basse lourde et dominante, enveloppée d'une simple guitare brute de décoffrage. Le tout est mis en écho à l'aide du synthé qui fait glisser le morceau vers d'autres horizons.
Précédé par un Television répondant plus aux codes du post punk actuel, le single Cain's Heresy est le plat de résistance de cet EP. C'est un hommage aux grands frères (ou oncles vu les deux décennies qui les séparent) new yorkais The Strokes, tant dans la veine garage brute du morceau que dans la vidéo avec le caméo de Gordon Raphael, heureux producteur des premiers essais du groupe à perfectos. Ce titre dégage la même fureur sexy que lors des débuts de la bande à Casablancas et ce petit rappel est diablement entrainant. Et ici encore cette légère digression en fin de morceau vers ces sonorités brumeuses échappées d'un autre univers sonore.
Valley Bottom Fever est une fin de disque qui, comme pour homogénéiser le tout, débute sur le son bordélique et juvénile du punk des premiers Clash pour se métamorphoser doucement mais sûrement en un rock atmosphérique à la Wolfmother qui fleure bon les espaces arides. Les guitares s'étirent, se font plus langoureuses et la fin du voyage est assez fiévreuse.
Il en ressort quatre morceaux flirtant avec différents styles qui, mis bout à bout, donnent un résultat cohérent et convaincant. Impossible de ne pas s'imaginer dans une fosse, libérés de la distanciation sociale qui de toute façon ne peut s'envisager plus d'une demie seconde avec un tel son. L'énergie est palpable et une grande curiosité s'empare de nous quant à l'identité que dévoilera le groupe sur un album de dix titres. A l'écoute de leurs références et en constatant la maitrise déjà acquise suite à seulement une poignée de singles, l'avenir se présente sous les meilleurs hospices pour The Lounge Society.