goo

Ah les années 90... vous vous souvenez comme c'était bien ? Parce que moi pas ! Alors comme tous ces ados qui ont découvert Nirvana à treize ans avec l'arrivée de YouTube, en 2024 j'écoute SPRINTS et Wunderhorse, et surtout, comme tous les cool kids encore fans d'Elastica, j'écoute goo. Oui, les cool kids en 2024 sont fans d'Elastica et des Breeders, en tout cas mes cool kids à moi, et non je ne sais pas qui est cette Charli XCX, alors sortez moi votre brat summer de chez vous ou j'appelle la police !

Retour à goo, les véritables popstars de l'année, le meilleur groupe de rock de l'histoire de Keighley, West Yorkshire, dont la discographie désormais longue comme une queue de castor s'amplifie cette année de quatre chansons et d'un bassiste à temps plein. En plus de Tanisha Badman, Sam Drury, et Kurt Wood, goo c'est maintenant aussi Bryn Price à la basse, et deux EPs de deux chansons chacun tous les cinq mois. Si You're In Mono, en mai, rasait à fond le bitume et ne s'arrêtait que pour respirer les gaz à la sortie du pot d'échappement, Tiny Dinosaur That Only I Can See sera en ce début octobre son pendant si ce n'est plus calme, du moins plus lourd et posé.

Et ça commence par la chanson titre, Tiny Dinosaur That Only I Can See, un classique du style goo dans son mélange britrock-grunge conclu par une longue montée mélodique expédiée toute disto dehors. Mais la petite nouveauté de ce « deux-titres », c'est sa face B Miso, comme la soupe mais version nucléaire, un bouillon de Nirvana, Smashing Pumpkins, Soundgarden, servi avec la voix de Tanisha Badman et un supplément fracassage de batterie. Le classique combo couplet lent / refrain surpuissant qui fait mouche comme à chaque fois, le double éclatage de caisse à la Dave Grohl pour relancer les refrains, rien n'est très original mais tout fonctionne comme au premier jour, alors on boit au plaisir de revivre un peu d'un 10 septembre 1991 comme si on y était, au souvenir d'une époque lointaine à laquelle on n'était même pas nés.

Supplément sur le supplément, les acquéreurs du single auront en plus en cadeau une version digitale réenregistrée du tout premier single du groupe, Underground Or Overseas, l'occasion de se souvenir qu'en 2020, goo hésitaient encore entre faire du grunge et faire du shoegaze. L'occasion aussi de mesurer tous les progrès faits par un groupe qui, même s'il pourrait bien n'être qu'un énième enfant illégitime de Dave Grohl, a aujourd'hui une place à part dans le paysage musical britannique, et dans le cœur d'un certain chroniqueur musical de rock anglais. Alors montons sur les tables, et buvons encore un coup au probable meilleur album de l'année 2026, oui vous pouvez miser dessus, et oui, vous l'aurez lu ici en premier !