Nous assistons depuis maintenant quatre petites années à l'éclosion d'un joli phénomène en provenance d'Ecosse. No Windows est un très jeune duo formé de Morgan Morris et Verity Slangen, tous deux originaires de la magnifique cité d'Édimbourg. Pour celles et ceux qui n'y sont jamais allés, Édimbourg décroche le titre de la ville la plus élégante de la petite contrée écossaise, à l'opposé du charme plus brut de décoffrage de sa voisine Glasgow. Un endroit propice à l'évasion, pas étonnant alors de comprendre d'où vient ce gout immodéré de No Windows pour la pop bucolique.
Les musiciens nous avaient déjà tapé dans l'œil en 2022 avec leur premier EP Fish Boy, qui nous faisait découvrir deux mômes d'à peine dix-huit ans alors, dotés d'une plume incroyablement belle et inspirée. Le duo féminin / masculin n'est pas chose aisée, et afin de s'éloigner des clichés un brin vieillot de ce qui se faisait alors en masse dans les années 70, No Windows ont réussi à trouver l'harmonie parfaite.
De retour en 2024 avec leur second EP Point Nemo, nous retrouvions Morgan et Verity toujours aussi inspirés, dotés de ce son DIY, instinctifs, avec ce penchant pour ce type de ballades composées sur le coin de son lit dans sa chambre. Nos amis ont tout de même mûri depuis et grâce à leur signature sur le label Fat Possum Records, ils nous reviennent en 2025 toujours avec un EP mais beaucoup plus abouti. Nous écoutons ainsi The Great Traitor, composé de six morceaux et surtout doté d'une production un cran au-dessus de ce qui a été fait précédemment.
Toujours sous la houlette du producteur Ali Chant, qui a œuvré avec Yard Act, Dry Cleaning et Sorry, Morgan et Verity franchissent une nouvelle étape dans leur toute jeune carrière. On se sépare du côté bidouille, place est entièrement faite à la clarté et le chant si cristallin de Verity est ici beaucoup mieux mis en valeur. Le répertoire demeure dans la folk douce et éthérée, le minimalisme prime mais sans jamais créer l'ennui. On aime à se laisser murmurer à l'oreille ces contes qui nous narrent ce stade un peu redouté du passage à l'âge adulte. Les musiciens étant encore étudiants à l'université, Morgan lui ayant décidé d'en sortir, nous voilà témoins de ce nouveau cap franchi et il est très agréable de retrouver ce qui semble le signe d'une plus grande affirmation au sein de cet EP.
Nous retiendrons tout particulièrement les morceaux les plus ambiguës, qui s'éloignent des simples ballades folks : Brown Bear nous offre une magnifique orchestration à base de guitare acoustique, de cuivre et de fines touches de piano, Return quant à lui diffuse lentement mais sûrement une tension tout du long du morceau où se mêlent douceur de la guitare folk et percées de guitare électrique, avec les voix de Morgan et Verity à l'unisson. Un paysage doux et sauvage à la fois, un peu comme lorsque l'on a la chance d'observer depuis Calton Hill cette succession de nature et de pierres brutes qui constituent la ville d'Édimbourg, pour se terminer sur la mer bleu et agitée au loin.
Mais No Windows c'est avant tout de la délicatesse, Tricky et Sugarcoat se dépouillent petit à petit pour ne laisser que la très belle voix de Verity s'imposer à nous. Old Chain Pier rebranche un peu la guitare sur son refrain, pour infuser un peu de gnaque dans cet ensemble très mélodieux, et le disque se clôture sur un nouveau duo de voix particulièrement touchant avec Easter Island. Une bande originale à base de nostalgie, de mélancolie mais aussi de passion. On distingue chez No Windows un véritable don pour une composition presque organique, qui touche profondément les cœurs et les esprits et ce nouvel EP The Great Traitor en est la preuve.
Après ces quatre essais réussis, nous espérons retrouver rapidement le groupe avec un premier album.