Detroit Social Club

Dix titres, c'est ce que nous proposent les Detroit Social Club avec leur premier album, Existence. Les Detroit Social Club ne viennent pas de cette ville industrielle du Michigan mais bien de Newcastle, en Angleterre. Pas de doute quant à leurs origines : dès la première écoute, il est évident que c'est un pur produit d'enfants du nord de la verte Albion. Il n'y a qu'eux pour parvenir à livrer un premier opus d'une telle puissance.
Influencés par Kasabian, Oasis, Primal Scream, Proud Mary mais auss Beck ou les Soundtrack of Our Lives, les six membres du groupe balancent à la figure du public un album electro-rock composé de nombreux singles potentiels - trois étant déjà sortis sous cette forme depuis 2008. Le groupe est mené par le frontman, David Burn, sorte de gourou rock, quelque part en un Jim Jones charismatique et un Ian Anderson période Rock and Roll Circus.

Et ce premier album vaut bien plus qu'un détour. En ouverture, Kiss The Sun est fait pour faire danser les pubs de Glasgow à Manchester en passant par Belfast ou Liverpool. C'est toute l'âme de l'Angleterre post-industrielle qui est jetée à nos oreilles. On serait en 1996, ces lads auraient écrit la Bande Originale de Trainspotting. On est en 2010 et il faut bien l'avouer, ce titre est fait pour Wembley. Et ce sont leurs tripes qu'ils ont mises dans le second morceau, Northern Man. Il y a du Doves et du Richard Ashcroft dans ce titre. Difficile d'accroche à la première écoute, il devient cependant très vite un incontournable de l'album. On est pris par l'acoustique, les violons, la voix plaintive du chanteur. « Find something you believe in », c'est en quelque sorte le résumé de tout ce que les groupes depuis l'origine du rock ont voulu dire et aussi le résumé de nos existences. Trouver encore et toujours des groupes auxquels on peut croire. C'est lui qui fera pleurer tous les types dans les pubs du Royaume-Uni.

Avec la troisième chanson, elle aussi sortie en single en 2009, Black And White est une petite pépite mi-country mi-indie qui précède la ballade nocturne Chemistry. Là encore le Detroit Social Club excelle dans le tube lent et contemplatif qui pourtant ne semble jamais sirupeux. Cinquième titre, quant à lui totalement hymnesque, Sunshine People est taillé pour les stades, les salles à capacité de dizaines de milliers de personnes, les pub télés, les Bandes Originales, les jeux vidéos, les matchs de foot : tout dans cette chanson devrait logiquement permettre à l'album d'atteindre une bonne place dans les charts et au groupe, de se tailler une place à la mesure de son ambition.

Curieusement, le groupe semble s'être arrêté sur cette parfaite réussite. Les cinq titres suivants, de bonne facture mais ne suintant pas un songwriting acharné, nous laissent un peu un sentiment d'inachevé. Rivers & Rainbows, pourtant sorti en single il y a douze mois, paraît d'autant plus fade que Sunshine People le précédant lui fait de l'ombre. Silver, tentative du combo de mélanger influences ethniques, ambiance générique de soap façon Emmerdale et lyrics syncopés est suivi par Prophecy, sorte de chorale semi-antique semi-africaine qui fonctionne, lui, assez efficacement, il faut le reconnaître. Cependant, ce titre aurait vraiment gagné à rester totalement brut sans les fioritures de post-production. Quant aux deux dernières compositions, Universe et Lights Of Life, elles ont sans doute été imaginées pour un lendemain de cuite, à écouter avec ses lunettes de soleil, sur son balcon.

Les Detroit Social Club sont sur la bonne voie pour devenir des piliers du rock électronique de ces dix prochaines années, mais pour cela, il leur faudra venir défendre dans un corps à corps moins éthéré et sur scène leur Existence. Parions pourtant qu'avec ces dix titres, que la majorité des groupes rêveraient de produire sur toute leur carrière, Detroit Social Club est là pour durer.