Enter Shikari

Enter Shikari sortent ce mois-ci un nouvel album live capté à l'OVO Arena de Wembley, à Londres, le 17 février 2024, lors de la tournée européenne de A Kiss For The Whole World, publié en 2023.

Le quatuor de Saint-Albans à la musique hybride est réputé pour ses prestations scéniques très énergiques et un joyeux pogo (parfois un tantinet dangereux). Sur disque, cette partie n'est donc pas visible même si on la devine... le public ne se faisant pas prier pour chanter les paroles de chaque chanson. Enter Shikari existant depuis vingt-six ans, la communauté de fans qui les suit grandit à chaque album : des plus anciens, happés par la machine de guerre techno-metal (Take To The Skies et Common Dreads voire A Flash Flood Of Colour), que certains auront trouvé indigestes, aux fans de la métamorphose progressive vers une ambiance plus pop (The Mindsweep qui aura peut-être trouvé l'équilibre parfait entre hurlements, influences metal et une approche plus pop), aux résolument plus accessibles et pop The Spark, Nothing Is True & Everything Is Possible et le tout dernier, A Kiss For The Whole World, ayant attiré de nouveaux fans.

Une chose est sûre : en concert, Enter Shikari mettent tout le monde d'accord, alternant chaque période musicale, piochant plusieurs morceaux par album. Sur ce Live At Wembley, une légère préférence est faite pour le dernier album, bien évidemment. L'écoute débute par System / Meltdown, puissant double-morceau d'ouverture de A Flash Flood Of Colour. Et parce que le quatuor caméléon n'a peur de rien, il enchaîne le drop drum & bass vers le mignon tout plein Live Outside, sorti en 2017 mais devenu hymne de l'année 2020... Après le tout récent Giant Pacific Octopus (I don't know you anymore), sorte de mélange pop et hip-hop avec du synthétiseur et des riffs emo (oui, rien que ça), le groupe commence à s'amuser en modifiant un certain nombre de titres ou en utilisant des intros de leurs morceaux remixées par d'autres artistes, les grands classiques comme les tubes plus récents. C'est le cas notamment de l'excellent Anaesthetist, de Bloodshot, mais aussi du dangereux Sssnakepit, où l'on peut entendre Rou Reynolds réclamer immédiatement un circle pit. Même le culte Sorry You're Not A Winner, avant-dernier titre de ce Live At Wembley, sera touché. Sur, Goldfish ~ / The Jester, l'outro de Goldfish est modifiée, jusqu'à se métamorphoser subitement en un remix de The Jester. Parce qu'Enter Shikari en studio, ça part déjà souvent dans tous les sens... Mais alors que dire en concert !


Le mutant et explosif Losing My Grip, extrait de Dancing On The Frontline (2024), ne verra lui aucune modification. Trop récent pour lasser le groupe, qui aime transformer ses propres morceaux ? Comme d'habitude avec Enter Shikari, la première écoute de l'album rend perplexe : beaucoup de titres sont modifiés, remixés, coupés ou mélangés entre eux : cela fonctionne très bien en concert, avec les visuels et le groupe donnant tout. Mais avec l'écoute seule, tout n'est pas immédiatement agréable, et les klaxons de boîte de nuit ne passent pas et cassent la fluidité de l'ensemble.
Heureusement, le milieu du disque permet de souffler un peu, et d'apprécier un peu plus ce que l'on écoute : point de remix ou de klaxons de fête foraine, mais deux versions acoustiques de morceaux bien aimés : the pressure's on et Juggernauts, ce dernier avec des pauses permettant au public de compléter les paroles. Même s'il est probablement difficile de mettre l'intégralité des une heure quarante-cinq de concert sur un double vinyle, on regrettera tout de même l'absence de quelques morceaux joués au concert mais absents du disque, surtout l'enchaînement des anciennes bombes Enter Shikari : Mothership et Solidarity. Peut-être par solidarité pour les voisins des fans d'Enter Shikari...

La fin du disque verra quelques versions originales de titres à succès, et cela nous rassure : le pop satellites** et l'énervé The Dreamer's Hotel, avant le final A Kiss For The Whole World x. Même si ce Live An Wembley est plaisant et saura ravir les fans présents au concert, il vaut mieux tout de même écouter les albums studio d'Enter Shikari. Et en ce qui concerne ce concert capté à Londres l'an dernier, l'intégralité a été filmée et est présente sur Youtube. Avec les images et le quart d'heure manquant sur disque, l'ensemble a plus de sens.