Si vous avez eu la chance de visiter les Highlands, vous avez sans doute été saisi par la force magique qui émane de ces vastes étendues majestueuses et désertiques. Mais vous avez aussi pu constater que là où l'on croise des habitants, règne une atmosphère de village où les connexions se font simplement et naturellement. C'est dans ce grand village créatif que Dot Allison et Lomond Campbell ont commencé à collaborer, d'abord pour le remix de Ghost Orchid issu du précédent album de la musicienne. Les ondes électroniques passant si bien, c'est l'ensemble de son disque suivant qu'elle lui a demandé de revisiter.
Musicien et plasticien, Lomond Campbell s'y connaît en sculpture sonore. Plus tôt dans l'année il a déjà produit l'excellent album WE WERE MADE PREY. de Kathryn Joseph. Lui qui construit des machines étranges sait développer un univers unique. En s'attaquant à Consciousology deux ans après sa sortie, il a voulu respecter l'unicité de l'œuvre, tout en la remodelant complètement. Il l'a transposée dans un monde parallèle totalement différent, mais avec un fil conducteur fort qui, à défaut de conserver l'ambiance et les textures sonores, maintient la cohérence. Là où les albums de remixes multiplient les producteurs qui apportent chacun leur empreinte et leur technique dans un ensemble qui ressemble souvent plus à une compilation ou un DJ set, nous sommes ici en la présence d'un véritable album.
Bien plus qu'une relecture, c'est une métamorphose. L'originale était organique et invoquait la nature des landes écossaises ou d'un jardin aux essences variées. Cette nouvelle version plonge dans un univers électronique et urbain. C'est un retour aux sources pour Dot Allison qui a collaboré avec Massive Attack et Death In Vegas autour des années 2000. Comme les originales qui étaient des invitations à l'exploration, ces nouvelles versions nous emmènent ailleurs. Nous oublions les violons et les arpèges de guitares pour plonger dans un univers de boucles, de rythmes électroniques et trip-hop qui mettent en avant la voix cristalline de la chanteuse comme sur les meilleurs disques de Goldfrapp.
L'ambiance évolue et monte en intensité à mesure de l'album se déroule. Le début est un peu sec, et permet d'apprécier l'atmosphère. Mais dès le second titre, Unchanged, la tension monte et prend aux tripes. Subconsciousology transpose la flânerie pastorale dans une introspection urbaine et sombre. Au lieu de se sentir isolé dans la nature, on se sent isolé dans la ville, et je trouve ça délicieusement déprimant. Morceau électronique sur l'album original, 220 Hz est poussé encore plus loin, en accélérant les boucles et en donnant un petit air dansant à ce disque pourtant sombre. Pour se lancer sur le dancefloor, il faudra attendre le dernier titre, Weeping Roses, une fin en apothéose qui donne envie de lâcher prise sans faire la fête : c'est de la techno écossaise, nous sommes loin d'Ibiza.
En réalité, ce disque est tellement réussi que si je vous présente les deux albums ensemble, il vous sera difficile de dire si Consciousology est la version acoustique d'un disque électro ou si Subconsciousology est la version remixée d'un disque de pop éthéré. Et d'ailleurs, des deux albums je préfère de loin le second, plus riche, plus sombre et plus intrigant.