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The Third Eye Foundation - The Dark
Chronique Album
Date de sortie : 08.11.2010
Label : Ici d'Ailleurs
45
Rédigé par Johan, le 11 novembre 2010
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2001 : Is This It, The Strokes, le rock 2.0.
2002 : Création du webzine Sound Of Violence.
2003 : La quête ontologique d'Oliver Rohe sur son premier livre, Défaut d'origine.
2004 : Parution de l'album de la confirmation de The Libertines.
2005 : Les dix dernières minutes de Six Feet Under.
2006 : Arctic Monkeys, avec Whatever People Say I Am, That's What I'm Not, divisent.
2007 : Thee, Stranded Horse, aka Encre, aka Yann Tambour, sort son chef d'oeuvre Churning Strides.
2008 : Daniel Day-Lewis devient l'acteur de la décennie grâce à There Will Be Blood.
2009 : Uncharted Among Thieves, ou le jeu d'action à son apogée.
2010 : The Third Eye Foundation refait surface.

Dix années se sont écoulées depuis la sortie de Little Lost Soul, cinquième album de The Third Eye Foundation, projet de Matt Elliott. Cent vingt mois de biens culturels passionnants, émotionnels, singuliers, familiers, majeurs, éphémères qui nous ont suivis. Cinq cent vingt semaines où chacun a dû faire le tri parmi ce déluge de sonorités, de mots, d'images, d'histoires, afin d'y trouver son bonheur, afin de découvrir l'œuvre marquante qui nous fera continuer cette quête perpétuelle avec toujours cette passion qui nous anime.
Durant ces trois mille six cent cinquante jours, The Third Eye Foundation était absent. Mais son auteur, Matt Elliott, n'a pour autant pas chômé, bien au contraire. Il s'est créé un second univers, délaissant cette fois le « jusqu'au bruitisme » des compositions de son projet originel pour un folk dépouillé et introspectif, aux forts accents slaves et au format plus classique.

Après un nombre incalculable d'heures sans aucunes nouvelles de The Third Eye Foundation, Matt Elliott remet, ce 8 novembre 2010, les compteurs à zéro. The Dark, le sixième album de The Third Eye Foundation (son septième si l'on prend en compte I Poo Poo on Your JuJu, une compilation de remixes parue en 2001), magnifie ses précédents efforts en empruntant à l'expérience éponyme de l'artiste. Cette rencontre des deux facettes de sa personnalité fait de The Dark l'œuvre ultime de ses quinze années de carrière. Le troisième œil est plus que jamais présent, Matt Elliott n'ayant jamais été aussi en phase avec lui-même.
The Dark, cinq titres. Juste cinq titres, mais pas n'importe lesquels. Cinq longs titres, de quatre à onze minutes, qui n'en font qu'un, mariant boîtes à rythme et consonances slaves, drum 'n bass machinale et cordes et cuivres torturés, sur un lent crescendo que Pareidolia, en milieu d'album, vient bousculer. Cinq grands titres, forcément répétitifs mais qui ont besoin d'être répétitifs pour se faire une place de choix dans la discothèque de ses auditeurs, fans de longue date comme nouveaux venus dans l'imaginaire débridé et obscur de The Third Eye Foundation. C'est cette répétition qui fait vivre l'album, qui le rend si organique.
The Dark n'aurait aucun sens sans ses harmonies jouées en boucle, comme n'importe quelle chanson d'Animal Collective n'aurait aucun intérêt sans ses voix répétées à l'infini, comme les textes de Thomas Bernhard et Oliver Rohe seraient dénoués de sens sans leur musicalité récurrente, comme les heures, jours, semaines nous feraient perdre toute notion du temps sans leur régularité militaire. Cette redondance est nécessaire pour ne pas se perdre dans The Dark et trouver cette évolution dans la répétition des sons dont on a besoin pour avancer.
The Dark ne s'écoute pas en conduisant, ni en faisant la vaisselle, ni en rédigeant sa chronique. Il ne s'écoute pas entre deux albums de variété française, ni en mode aléatoire, ni en plusieurs fois. The Dark fait partie de ces œuvres qui ont besoin d'attention pour exister, pour devenir ce que son auteur a voulu qu'elle soit. Il faut se préparer méticuleusement, être réceptif à ce que nous propose Matt Elliott pour y déceler son importance.

The Third Eye Foundation ne pouvait donc réapparaître qu'ainsi, sur un album d'opéra électro à partir duquel les mélodies tourbillonnent sur elles-mêmes et s'enchaînent naturellement, un disque fleuve ambitieux duquel les instruments se télescopent sur 42 minutes, sans temps mort, où les seules pauses musicales se font en amont et en aval de son écoute. Cette longue pièce musicale se fait dans le bruit, dans la mélodie, dans l'univers que l'on souhaiterait sans fin de The Third Eye Foundation.
tracklisting
    01. Anhedonia
  • 02. Standard Deviation
  • 03. Pareidolia
  • 04. Closure
  • 05. If You Treat Us All Like Terrorists, We Will Become Terrorists
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