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The Third Eye Foundation

Paris, Fondation Cartier - 12 décembre 2011

Live-report par Sandra Stefanini

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C'est pour assister aux très éclectiques et toujours intéressantes Soirées Nomades que nous nous rendons à la Fondation Cartier. Le concert de ce soir est programmé dans le cadre de l'exposition "Mathématiques – Un dépaysement soudain" qui propose la rencontre entre de célèbres mathématiciens et scientifiques et de non moins célèbres artistes tels David Lynch, Takeshi Kitano ou Patti Smith.

Derrière le nom pour le moins mystique de The Third Eye Foundation, se cache le talentueux Matt Elliott. Après dix années passées à sortir des albums sous son nom propre, il réactive le projet The Third Eye Foundation en 2010 avec la sortie d'un nouvel album, The Dark. C'est cette oeuvre en cinq mouvements qu'il nous est proposé d'écouter ce soir.
La salle de concert aménagée pour l'occasion au sous-sol de la fondation est minimaliste, le sol de béton est recouvert de moquette, et au fond trône une scène assez basse, éclairée par quatre spots. Sur scène, une longue table sur laquelle sont posés quatre Macs, ainsi qu'un violoncelle et une guitare au sol.
Pas de musique d'ambiance pour patienter, puisque je vous dis qu'on fait dans le minimalisme ! Dans une volonté de coller à la zénitude du lieu, c'est tout naturellement que le public s'assoit par terre. Il ne se relèvera d'ailleurs pas avant la fin du concert. Il y aura bien une âme rebelle pour déclamer « On n'est pas à l'hospice », mais rien à faire, ici on s'assoit et c'est tout. La fatigue du lundi soir certainement.

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Pas de musique d'ambiance, et pas de première partie non plus. A 20h35, Matt Elliott accompagné de Chris Cole, Chris Adams et Louis Warynski, s'installe tout simplement sur scène et démarre le set. Autant ses compères semblent vissés à leurs tabourets, autant Chris Adams semble avoir la bougeotte, restant la plupart du temps debout et courbé devant ses machines, ne décollant ses yeux de l'écran que pour siroter une bouteille de Bordeaux.
Sur album, The Dark se présente sous forme de cinq morceaux ou mouvements. Ce soir ces cinq parties sont jouées sans interruption, et c'est bien ainsi qu'il convient d'écouter un concept album de la sorte. Loin du post-rock et des rythmes drum'n bass des années quatre-vingt-dix, Matt Elliott reprend là où il avait laissé The Third Eye Foundation en 2000 avec Little Lost Soul. Des nappes atmosphériques et sombres, traversées par la furtive présence du violoncelle, du violon ou encore de la guitare. De longues montées en puissance débouchant sur des instants d'éclaircie avant qu'un chaos électronique ne nous emporte. Oscillant entre ombre et lumière, Matt Elliott et ses acolytes traversent divers thèmes musicaux tels des paysages au travers desquels ils font voyager leur public.

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A la toute dernière note, quelques instants d'hésitation, puis les applaudissements. Aucun mot des musiciens, on sent une retenue de leur part mais aussi de celle du public, comme deux amoureux timides. Ils jouent un dernier morceau avant de sortir de scène et de revenir sous de nouveaux applaudissements pour un rappel d'un peu plus d'un quart d'heure qui finira d'hypnotiser l'assistance. Au final, un retour gagnant pour Matt Elliott et The Third Eye Foundation, lesquels, comme leurs camarades de Bristol Tricky ou Massive Attack, savent visiblement toujours se réinventer.