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Bill Ryder-Jones - If...
Chronique Album
Date de sortie : 14.11.2011
Label : Double Six/Domino Records
45
Rédigé par Maxime Delcourt, le 31 octobre 2011
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L’aventure The Coral terminée pour lui, Bill Ryder-Jones prouve avec If... que nos expériences passées n’influencent guère notre imaginaire contemporain.

On a trop souvent tendance à oublier que le premier critique d’un compositeur n’est autre que le compositeur lui-même. Observer Bill Ryder-Jones juger Bill Ryder-Jones doit être un sacré spectacle tant l’exigence semble être son maître-mot. Exilé du folk-rock de The Coral depuis 2008, l’ami Bill a pris... la tangente inverse. Et conceptualise, sur If..., son premier album solo, ce qu’on peut appeler, sans la moindre gêne pour un rockeur d’origine, un catalogue magnifique de pièces dites classiques.
Certes, on connaissait les penchants du liverpuldien pour les gammes et le solfège, mais on était loin d’imaginer ce qui en résulterait. Le temps est désormais à l’obsession, à la perfection, au double des choses. Indubitablement, une question émerge : l’anglais fait-il partie de ces gens qui avouent leurs secrets pour mieux les taire ? Au vu du relatif anonymat dans lequel sort l’album, certainement. D’ailleurs, est-ce vraiment un album ? Ne faut-il pas voir là l’expression d’un homme qui n’a que l’esthétique musicale comme désir ?

A l’instar du monde extérieur, l’incertitude est reine et s’imprègne jusque dans les points de suspensions argumentant le titre de l’œuvre. If... étant une ode à la dualité, Bill Ryder-Jones y fait parfaitement la liaison entre une classic music narrative et une bande originale de film viscérale où la musique trouve son langage le plus commun. Ennio Morricone, Michael Galasso (Séraphine) et Clint Mansell (Black Swan), si vous nous entendez... De telles références ne peuvent évidemment pas être le fruit du hasard et trouvent leur sens dans la finalité de If... : être la bande sonore contemplative et bucolique du roman post-moderne d’Italo Calvino « I On A Winters Night A Traveller ».
Pour comprendre If..., il vous suffit d’imaginer une œuvre où il n’y aurait ni introduction, ni conclusion, seule resterait la substance. Alors, l’histoire ferait corps avec l’infini. Éblouissantes, les ballades s’allongent en un road-movie plus sauvage que prévu. Sauvage car elles mettent à nu des compositions à la fougue baroque jusqu’ici terrées dans un dossier du disque dur de son ordinateur.

Tout est là, pour peu que l’on tende l’oreille. La réalisation est impeccable, mieux, elle frise l’ostentatoire. Rien ne bouge d’un bout à l’autre. On l’imagine facilement seul, assis les mains rivées vers son piano, les nerfs en pelote, en train de donner vie à des images qui trouveront, à coup sûr, leur place dans de très nombreux portfolios. La dernière composition s’appelle Give A Name, on donnera une phrase : en un album Bill Ryder-Jones a redéfini la grâce poétique.
tracklisting
    01. If...
  • 02. The Reader (Malbork)
  • 03. Leaning (Star Of Sweden)
  • 04. By The Church Of Apollonia
  • 05. Le Grand Désordre
  • 06. Enlance
  • 07. Intersect
  • 08. The Flowers #3 (Lotus)
  • 09. Give Me A Name
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    The Reader (Malbork), Le Grand Désordre, Give Me A Name, Enlance
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