Snowbird

Lorsque l'on a récemment vu pour la première fois apparaître le nom de Snowbird, il était associé à ceux de Radiohead, Midlake, Jonathan Wilson ou Lanterns On The Lake. Il s'agit en réalité du projet de Simon Raymonde (Cocteau Twins) et Stephanie Dosen (Massive Attack, The Chemical Brothers) qui ont embarqué tout ce beau monde pour un album onirique teinté de rêveries colorées. Ce name-dropping introductif n'annonce forcément que de l'excellent.

La pomme lancée par l'ex-bassiste des Cocteau Twins n'est pas tombée très loin de l'arbre. Et d'arbres il en est question sur cet album donnant l'impression de traverser une forêt enneigée, simplement éclairée par la pleine lune, à l'image du clip animé du single Porcelain. Les atmosphères vaporeuses du groupe originel de Raymonde ne sont jamais bien loin même si Snowbird évolue davantage dans l'onirisme et la délicatesse, symbolisés par la voix caressante de Stephanie Dosen. Celle-ci est sans cesse multipliée, se répondant à elle-même, formant la mélodie et laissant les instrumentations parfois minimaliste, parfois 80's, derrière elle. La plume ornant la pochette de l'album correspond bien à ces ambiances qui semblent se développer dans un ciel sans nuage, comme portées par la brise pour ne jamais retomber au sol. Les bêtes à plumes ou à poils sont également omniprésentes dans les chansons comme l'enivrante Charming Birds From Trees ou la planante Bears On My Trail, semblant retranscrire la fragilité de la nature par la voix.

La première moitié de l'album est difficile à cerner car les pistes instrumentales ou vocales se multiplient, donnant aux morceaux une profondeur mystique insaisissable. Le piano gracieux nous saisit sur des ballades intimistes ou le volume reste au plus bas comme sur Amelia. Malgré les instrumentations apportées par Phil Selway et Ed O'Brien (Radiohead), Eric Pulido (Midlake), Jonathan Wilson ou Paul Gregory (Lanterns On The Lake), il s'agit avant tout de l'album de Stephanie Dosen tant sa voix s'exprimant du bout des lèvres est omniprésente : ensorcelante et féerique à la fois. Dans un second temps, Snowbird se rapprochera davantage d'une dream-pop plus structurée, se perdant moins dans mille échos pour gagner en clarté.
On pense parfois à Mazzy Star ou aux aux Talking Heads. Malgré la lumière romantique s'échappant de Snowbird, une nappe de brume mélancolique masque constamment des compositions : cette triste montée sur Porcelain en est la représentation entêtante. L'album s'achève dans une simplicité enfantine avec We Carry White Mice et ses déliés vocaux pour finalement s'évader sur un surprenant terrain électronique avec Heart Of The Woods. On aurait aimé entendre davantage ces sonorités plus rythmées que sur ce dernier titre glacé, l'un des plus marquants et aussi les plus enjoués.

Cette bande son cinématographique d'une forêt magique perdue éclairée par la pleine lune, dans laquelle on n'entend que les chouettes voler et les renards creuser, vous relaxera le cerveau comme peu d'albums peuvent le faire. Un disque d'hiver qui pourrait devenir LE disque de l'hiver.