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BirdPen

In The Company Of Imaginary Friends

BirdPen - In The Company Of Imaginary Friends
Chronique Album
Date de sortie : 18.05.2015
Label : Jar Records
4
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 9 mai 2015
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Pas de repos pour les braves. Tout juste revenus d'un début de tournée avec les architectes du Krautrock moderne, Archive, le guitariste et chanteur Dave Penney et le guitariste Mike Bird (aka Mickey Hurcombe, membre et guitariste d'Archive) reviennent au-devant de la scène avec leur side-project qui n'en est pas vraiment un, Birdpen.
Les deux musiciens ont choisi de faire appel à leurs fans pour le financement de leur troisième album studio, In The Company Of Imaginary Friends. Sur le site de Pledge Music, quelques centaines de fans ont accepté l'offre de financement participatif, très en vogue actuellement et ont permis à ce disque d'exister ; un belle manière de contourner les problèmes les vicissitudes de l'industrie du disque pour les groupes les moins populaires et, surtout, les moins commerciaux.
Après On/Off/Safety/Danger et Global Lows, leurs deux premiers opus brillamment sombres, Dave Pen et Mike Bird accouchent de leur œuvre la plus aboutie et la plus cohérente à ce jour. In The Company Of Imaginary Friends n‘est pas seulement un refuge pour membres d'Archive en mal de créations plus personnalisées (encore que Birpden soit antérieur à leurs participations actives dans Archive), ni un side-project défouloir pour artistes trop prolifiques, mais bien un groupe de rock innovant et un projet à par entière qui a su trouver sa voie et imposer sa vision, depuis de timides débuts à Southampton en 2003 déjà.

Avec l'apport du très talentueux Smiley (batteur d'Archive), Birdpen dévoilent, si besoin en était après le ténébreux Gobal Lows sorti il y a deux années, l'étendue de leurs talents et des démons qui hantent nos sociétés et l'esprit de Dave Pen. Plus lumineux, y compris dans ses titres de factures plus classiques (le très beau piano de Lost It, suivi de l'instrumental, Lake's Demand For An Interlude), In The Company Of Imaginary Friends recèle un patchwork de climats et de tempos qui ne sont pas sans rappeler les meilleures productions d'Archive. À deux bémols près, au moins. Ici, le krautrock et l'électro-rock ne sont qu'effleurés du bout des cordes et des claviers ; les compositions de Dave Pen et Mike Bird sont de constructions plus rock. Et le propos se construit, ici, avant l'ambiance musicale.

Si le titre d'ouverture, Like A Moutain rappellera à coup sûr et de par son côté cinématographique le projet Axiom mis en place par Archive en 2014, les chants et les couplets des titres de Birdpen constituent les vraies fondations de leurs compositions. C'est avec Into The Backlight que la machine s'élance à sa vitesse de croisière. Sur des airs de Numb (Archive, une fois de plus) le troisième titre de l'album prend son temps pour s'élever, petit à petit, haut et loin dans les sphères musicales qui ont fait les belles heures du shoegazing, aidé d'un break de circonstance et sur un final monopolisé par des riffs que n'auraient pas renié les Primal Scream ou The Jesus And Mary Chain.
No Place Like Drones (un sujet d'actualité s'il en est à en juger par l'actualité récente ou le titre du nouvel album de Muse) ou Lifeline renferment à eux deux la synthèse de la mystérieuse équation Birdpen : des titres vaporeux mais épineux qui prouvent, une fois de plus, que les postures bourrues et le niveau sonore du rock sont souvent inversement proportionnels au poids du message distillé. Exposant, une fois de plus, les thèmes du difficile maintien d'une liberté publique constamment menacée par des gouvernements protecteurs, pour ne pas dire voyeurs et guerriers, sur l'autel de quelques obscurantistes armés, les textes de In The Company Of Imaginary Friends aboutissent, finalement, à une question qui semble récurrente chez Dave Pen, a minima : la folie qui guette quiconque se penche d'un peu trop près sur les sociétés dérivantes qui règlent et dérèglent une grande partie de l'occident. Folie, ultra-réalisme confinant au pessimisme, avenir troublé... mais, ne parlez d'accablement ou de neurasthénie à Dave Pen et Mike Bird. S'ils font des disques, notamment avec Birdpen, c'est également pour saupoudrer tous ces faits, parfois fantasmés, d'une lueur d'espoir et, tout au moins, d'une prise de conscience dont la musique en général et le rock en particulier ont toujours été les revendicateurs.
Pour eux, la musique est un monde à part où tout est permis et possible. Que certains choisissent d'en faire un acte engagé et quasiment politique prouve à quel point les époques se suivent et se ressemblent et à quel point le rock reste et doit rester ce grand centralisateur des peurs, des joies et des combats à mener.

In The Company Of Imaginary Friends est un projet cent pour cent DIY, mais Dave Pen et Mike Bird ont choisi de travailler avec Jim Spencer et Frank Arkwright pour le mixage de l'album aux studios d'Abbey Road. Une nouvelle pièce subtile et profonde où ultra réalisme et atmosphères aériennes s'entrechoquent dans une belle harmonie générale. Né grâce à quelques fans et amis, pas imaginaires du tout, ce disque est certainement le plus abouti de la discographie de Birdpen ; il affichera sur son livret tous les noms des donateurs, les propulsant, pour un album, au titre de producteurs d'un jour.
tracklisting
    01. Like A Mountain
  • 02. Somewhere
  • 03. Into The Blacklight
  • 04. TCTTYA
  • 05. Lost It
  • 06. Lake's Demand For An Interlude
  • 07. No Place Like Drone
  • 08. Alive
  • 09. Lifeline
  • 10. Cell Song
  • 11. Equal Parts Hope And Dread
titres conseillés
    Into The Blacklight - Lost It - Like A Mountain
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