BirdPen

D'abord, il y eut ce voyage en train début 2020 où les premiers textes prirent vie. Un voyage qui devait transporter Dave Pen et Mike Bird vers leur studio, mais qui les déposa finalement dans un monde parallèle. Celui de l'épidémie du virus COVID-19. Puis, démarrèrent les sessions studio de ce qui allait devenir All Function One, un album de douze titres à sortir le 5 mars. Des sessions studios qui, pendant les mois de janvier et février 2020, voyaient se succéder des informations anxiogènes et surréalistes. Pour Dave Pen et Mike Bird, comme pour nombre d'entre nous, l'incrédulité dominait alors et cette épidémie ne pouvait pas devenir pandémie.

All Function One ne dit mot du virus. Et pour cause, puisque ce septième album de Birdpen fut compilé en Suède en mars 2020. Soit bien avant que le Royaume-Uni ne se décide à prendre conscience de la situation et que le monde ne se doute de la durée et la gravité de cette crise.
Si Birdpen ne surfent pas directement sur ce sujet qui, sans aucun doute, alimentera des années durant les industries musicale et cinématographique, ils continuent de flirter sur leurs sujets de prédilection et connexes tels que les dangers de l'isolement, les peurs de la technologie, du déclassement social ou de la fracture numérique pouvant mener, dans ce monde connecté, à l'invisibilité. Bref, les paranoïas qui guettent tout un chacun, notamment depuis une année.

L'isolement, il se retrouve dans les paroles du titre Shakes avec ses peurs de l'autre et du monde extérieur et son thème musical mélancolique. Des peurs qui ne sont plus de l'ordre de la paranoïa dans un monde pandémique. La technologie qui enferme, également, c'est dans le titre Changes qu'elle se distingue, sur un flow robotisé à escient. Et même si Dave Pen et Mike Bird usent et abusent ce cette vie hyper-connectée, comme tout un chacun et reconnaissent en interview que sans celle ci, les confinements auraient été bien plus difficiles à gérer mentalement, elle jouit encore et toujours d'une mauvaise réputation dans l'oeuvre de Birdpen.

Les « invisibles » sont eux chantés dans le titre éponyme Invisible. Celui-là même qui fut écrit dans ce train, début 2020 où, comme partout ailleurs la plupart des voyageurs étaient bien plus absorbés par leurs smpartphones ou leurs ordinateurs portables que par les paysages de la vie qui défilent sous nos yeux, noyés de lumières bleues. Un titre qui, comme dans tout l'album, bénéficie d'une partition de cordes (violons) et qui devrait faire partie des prochaines setlists des concerts de Birdpen, un jour prochain... ayant d'ores et déjà intégrée la playlist de FIP Radio en France. Une marque de reconnaissance en soi.

Sans aucune vision sur l'avenir en ce qui concerne le live et les festivals de la belle saison, Birdpen, comme tous les autres groupes anglais, subissent une double peine depuis l'avènement du Brexit. Si la sortie du confinement strict est proche en Angleterre, suivront les mesures rétablissant les visas et les contrôles douaniers. Pour ces deux défenseurs de circuler et de concerter librement, la période est une fois de plus propice aux thèmes désenchantés.