Feeder

Grant Nicholas nous en avait parlé à l'occasion d'une rencontre en février 2015: Feeder n'a pas splitté et une suite est à venir. On restait tout de même dubitatif sur ce possible retour, d'autant que le chanteur semblait apprécier son statut solo et que son comparse bassiste, Taka Hirose, s'était impliqué dans un nouveau projet, Muddy Apes, démarré en 2012, juste après la parution de Generation Freakshow, le dernier disque du groupe. C'est dire notre surprise, il y a un de cela, lorsque nous avons appris que les deux compères étaient en train de répéter ensemble en vue d'un nouveau disque et d'une tournée (anglaise évidemment) pour accompagner, All Bright Electric.

L'interrogation portait donc sur le contenu de ce neuvième album de Feeder. Grant Nicholas, en solo, prenait parfois les accents musicaux de Nick Drake, tandis que Generation Freakshow et surtout Renegades, son prédécesseur, avaient été les disques les plus lourds sortis par le groupe depuis très longtemps. Le titre de ce nouvel opus mais aussi la guêpe présente sur la pochette, nous incitait à penser que cela risquait de piquer, et peut-être même de piquer très fort musicalement. Et ce n'est point Universe Of Life, plage d'ouverture de l'album et premier extrait, qui nous fera changer d'avis. Comme sous l'effet d'une piqûre d'insecte, on a l'impression que le groupe se réveille brutalement après quatre années de sommeil. La batterie puissante, les guitares acérées et une basse lourde, sur lesquelles cette voix immédiatement reconnaissable vient se poser. Cette fois plus aucun doute possible, Feeder est bien de retour et ça envoie dur !

Le son va d'ailleurs rester brut et puissant sur les trois chansons qui suivent. Les bientôt cinquantenaires Grant Nicholas et Taka Hirose s'en donnent à cœur joie notamment sur Eskimo, single convaincant et efficace. Les guitares crissent, la basse se fait pénétrante, la batterie est ultra dynamique et il faudra attendre Infrared-Ultraviolet pour retrouver un son plus léger et voir les musiciens s'éloigner de cette power-pop qui occupe une large partie de ce début d'album. La sombre délicatesse de Oh Mary nous conforte dans l'idée que Feeder reste bien plus qu'un simple groupe de rock. Cette dernière chanson aurait pu d'ailleurs aisément pu trouver une place de choix dans les efforts solo de Grant Nicholas.
Cet instant de répit ne durera pas pour autant. Les riffs des guitares vont rugir à nouveau sur la majeur partie de cette seconde moitié de All Bright Electric. Ce qui aurait été un comble avec un titre pareil ! Pourtant, c'est vraiment sur le délicat et mélancolique Another Day On Earth que Feeder nous séduit pleinement. Comme apaisé après toute cette énergie déployée, le groupe conclut son disque de la plus belle des manières.

Certes il n'y a pas de révolution en tant que tel sur ce nouvel album. Feeder reste Feeder. On aurait assurément préféré que le groupe se montre plus léger comme sur certaines compositions de All Bright Electric. Néanmoins, le duo se montre bien plus inspiré que sur son essai précédent. Espérons maintenant que nous aurons la chance de (re)voir le groupe sur scène pour interpréter ses nouvelles compositions. La dernière date de concert en France de Feeder remonte à novembre 2010.