Feeder

Grant Nicolas l'avait promis lors de diverses interviews accordées dans le cadre de la campagne promotionnelle ayant accompagné la sortie du premier Best Of de sa formation il y a maintenant deux ans : le prochain album de Feeder serait celui du retour aux origines du trio, et donc le cadre de retrouvailles nécessairement attendues avec un son plus puissant que celui proposé sur Comfort In Sound et Pushing The Senses. Le gallois ne nous avait pas menti, Silent Cry est sans conteste l'album le plus enthousiasmant du groupe depuis Echo Park.

Force est de constater que le groupe ne s'est pas contenté de pousser déraisonnablement le volume durant plus de quarante cinq minutes, car même si le rythme de ces treize nouveaux titres est effréné, les mélodies de la majorité de ceux-ci ont été travaillées en profondeur, démontrant par la même occasion à ceux qui en doutaient que l'inspiration et la créativité du trio demeuraient intactes seize ans après sa formation. Un choix parfaitement assumé, et très probablement renforcé par la décision, après avoir collaboré avec Gil Norton, Ken Nelson ou plus récemment Stephen Street, de produire ce disque personnellement avec l'aide unique de l'ingénieur du son Matt Sime.
L'effet de surprise découlant de l'écoute de Silent Cry est donc bien réel, et face à la réussite que constitue notamment le single We Are The People, personne n'osera à l'avenir remettre en cause un choix artistique fortement encouragé et attendu par les fans du groupe depuis trop longtemps déjà. Indéniablement power pop, là où ces deux prédécesseurs étaient plus « pop » que « power », ce sixième album studio de Feeder est une véritable décharge d'adrénaline maîtrisée et à peine atténuée par une poignée de titres au rythme plus lent mais tout aussi réussis. Parmi ceux-ci, on retiendra principalement Silent Cry, marqué par la discrète présence de violons et un chant plus saccadé qu'à l'accoutumée.
La seule faiblesse de l'album est celle de ne proposer aucun véritable hymne taillé pour les stades, domaine dans lequel le groupe a longtemps excellé avant de changer de voie, mais une collection de titres de qualité et variés, que le groupe ose s'aventurer dans un style plus punk (Into The Blue, Who's The Enemy) ou plus progressif (Heads Held High et l'ambitieux Sonorous). Des variations diverses et timides quelque peu cadenassées, mais dont bénéficie l'esprit du disque dans sa globalité.

Convaincant et jouissif, Silent Cry est bien le disque que tout bon fan de Feeder a pu attendre avec patience depuis la disparition de Jon Lee en 2002. Il était temps !