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Festival Art Rock

Saint-Brieuc, du 10 au 12 juin 2011

Live-report rédigé par François Freundlich le 16 juin 2011

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samedi 11
Pour cette deuxième date du festival Art Rock 2011, il convient de ne pas se tromper d’endroit sous peine d’assister au concert de Cali plutôt qu’à celui de The Raveonettes. Choisissons donc de passer la soirée dans le théâtre de la Passerelle pour que celle-ci soit réussie.

 

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Le premier concert se déroule dans le Grand Théâtre où se produit le trio londonien The Tiger Lillies. Leur musique sert de bande son à la projection d’un diaporama de photos de Nan Goldin, « The Ballad of Sexual Dependency ». Avant cela, le cabaret burlesque bat son plein et le public est quelque fois hilare devant les quelques sketchs entrecoupant la prestation des clowns anglais. Le groupe offre une musique échappée d’un cabaret berlinois du début du siècle mais version punk, composée d’accordéon, de piano, de contrebasse et de batterie.
La voix de fausset de Martyn Jacques interpelle fortement au premier abord. On comprend ensuite la sensibilité avec laquelle il déclame des paroles parfois crues et abordant les sujets de la dépravation humaine. D’autant plus qu’il parvient à la transformer subitement en une voix rocailleuse et grave. Après avoir proposé quelques unes de leurs compositions, l’écran géant s’abaisse et le diaporama de Nan Goldin débute. Des photographies parfois choquantes défilent, impliquant le public dans des scènes assez intimes montrant la subversion de l’humanité. La première partie se passe dans l’univers des drag queens, avant des portraits de femmes, parfois dans leur plus simple appareil, parfois battues. La photographe a également travaillé sur les femmes enceintes, montrant parfois des cicatrices de césariennes, puis sur l’enfance.
On passe ensuite à des photographies d’hommes prises dans l’intimité, avec toujours ces notions de dépravation et de subversion. Enfin, un long passage sur le sexe qui a du entrainer la photographe dans des lieux assez spéciaux. Cet impressionant travail de la photographe punk New Yorkaise lui a pris une dizaine d’années et ne laisse personne indifférent. L’accompagnement musical des Tiger Lillies écrit spécialement pour l’occasion cadre parfaitement avec le diaporama. On en ressort estomaqué et avec une sensation plutôt inexplicable.

 

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Après cette plongée dans le bizarre, direction le Forum de la Passerelle où doit se produire l’un des groupes actuels les plus excitants : les danois The Raveonettes. Sharin Foo et Sune Rose Wagner sont, sur cette tournée, parfois accompagnés par deux guitares ou deux batteries. Le concert s’ouvre sur le premier single de leur dernier album, Recharge & Revolt, tout en puissance et donnant directement le ton à un concert qui vogue entre classe et distorsion. Classe ultime pour la délicieuse bassiste Sharin Foo, mélangeant sa voix avec celle de Sune Rose Wagner, ce dernier prenant le leadership sur la majorité des compositions.
Malgré tout, les Raveonettes proposent un set beaucoup plus en subtilité et en douceur que sur la tournée précédente avec des titres plus calmes, comme War In Heaven ou Let Me On Out qui trustent le début du concert. Leur apparente tranquillité est bousculée par un déchainement de guitares qui s’énervent peu à peu et deviennent un tourbillon psychédélique comme sur le dernier single Apparitions. La fin de ce morceau transporte tout bonnement l’auditeur dans ce son si spécifique des Raveonettes, la voix de Sharin se substituant à celle de Sune sur le refrain avant un long passage instrumental donnant à cette chanson toute sa consistance en version live.
Les anciens titres ne sont pas oubliés même si l’album In & Out Of Control est toujours laissé de coté, exception faite de Heart Of Stone. Les passages plus bruitistes sont réservés aux titres du troisième album comme Dead Sound et Lust. Love In A Trashcan reçoit un accueil chaleureux du public que l’on sentait en attente de ce fabuleux album qu’est Pretty In Black, un peu oublié également.
Les Raveonettes n’oublient heureusement jamais d’enchaîner quelques vieux titres, comme la sautillante Attack Of The Ghost Riders dont le refrain est repris en chœur. Elle termine le trio entamé avec The Lovegang où les voix se mélangent avec délice et My Tornado, autre rescapé torturé de Whip It On porté par la voix éraillée de Sune.

 

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Le dernier album Raven In The Grave est pratiquement joué dans son intégralité. L’un des grands moments en sera l’avalanche électrique Evil Seeds tranchée par des instants a-capella et sublimée par deux voix répétant « play with you sometimes » à l’infini. My Time's Up signe la fin de la première partie du set, par un de ces doux enchainements d’accords 50's aux relents de slow donnant des idées à certains couples de l’assistance. Acclamés comme rarement un groupe ne l’a été dans ce Forum, les Raveonettes ne se font pas prier pour un rappel non prévu. Forget That You’re Young permet d’apprécier toute l’intensité de la voix de Sharin, mains libres et yeux fermés, se concentrant uniquement sur son organe délicieusement limpide. Le public réclame Aly, Walk With Me pour terminer et le quatuor nous transporte à New York City pour une dernière décharge électrique lancinante. Les Raveonettes étaient à leur apogée ce soir, le fan en moi en ressort plus conquis que jamais.
Il va être dur pour le prochain groupe d’enchaîner et ce sont les anglais de Is Tropical qui s’y collent. Toujours cachés par des foulards, bidouillant leurs ordinateurs et autres éléments de mixage aussi bien que leurs guitares, ils entament les hostilités par l’instrumental Tan Man. Le son se fait d’emblée très électronique même si les synthés sonnent de manière plus cheap que sur leur album Native To. Peut-être est-ce dû à la confrontation avec le concert de haute volée qui les a précédés mais on a l’impression d’assister à un mix techno sans supplément d’âme.
Le groupe évolue dans l’obscurité alors que le lightshow derrière eux est stroboscopique. Heureusement les singles sont là pour sauver la mise avec South Pacific, plus entrainante que jamais, et The Greeks, qui donne l’occasion à un public très réceptif de tester ses chevilles. Il revient soudainement des images du clip ou des enfants se font la guerre avec de faux pistolets mais Art Rock n’en a pas fourni pour l’occasion. Le reste du concert reste moins percutant que celui des Transmusicales par exemple, ou peut-être n’est-on jamais sorti d’un fantastique spectacle des Raveonettes.

 

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C’est sur cette touche électro que l’on quitte Saint-Brieuc avec des images de Nan Goldin dans la tête et des rêves des Raveonettes plein les oreilles...
artistes
    "The Ballad Of Sexual Dependency" par Nan Goldin & The Tiger Lillies
    The Raveonettes
    Is Tropical