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Festival Art Rock

Saint-Brieuc, du 10 au 12 juin 2011

Live-report rédigé par François Freundlich le 12 juin 2011

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vendredi 10
Le festival Art Rock s’ouvre par un temps automnal à Saint-Brieuc, cette année installé dans pas moins de onze lieux différents. Il fait plutôt froid, c’est donc à pas rapide que l’on s’installe sous le chapiteau de la place Poulain Corbion pour cette soirée du vendredi qui commence en douceur.

 

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Hindi Zahra, Prix Constantin 2010, et son groupe vont essayer de réchauffer l’atmosphère devant un public briochin qui commence tout juste à sortir de chez lui. Avec une voix toute en délicatesse et une silhouette charmante et dansante, la marocaine propose un début de set soul, jazzy et multi instrumental. L’ambiance n’est pas sans rappeler celle déployée par Norah Jones. La demoiselle est accompagnée de deux guitaristes, un batteur et un sitariste/bassiste qui nous gratifieront tous de solos plutôt réussis. Au fur et à mesure du concert, la tournure des arrangements devient plus orientale et le chant en berbère remplace l’anglais. Malgré quelques longueurs propices à des instants d’égarements, ce début de soirée reste plutôt plaisant.
Pour continuer dans le début de soirée africain, l’orchestre Staff Benda Bilili, composé d'handicapés congolais en fauteuils roulants ou béquilles s’aligne sur le devant de la scène. Les cinq chanteurs sont alignés sur le devant de la scène et entonnent en chœur une musique mêlant sonorités cubaines, reggae et funk avec des voix inspirées des profondeurs de l’Afrique. Etant rapidement gagnés par l’ennui à l’écoute de leur musique, on profite néanmoins de leur show. Qui a dit que l’on ne pouvait pas danser en fauteuil roulant ? Certains n’hésitent pas à descendre de leur fauteuil et à danser sur les mains. Le public est d’humeur dansante et suit le mouvement (sur les pieds).

 

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Les choses sérieuses commencent enfin avec l’entrée en scène furieuse du Jon Spencer Blues Explosion. L’arrivée est marquante puisque toute en puissance avec une batterie punk au summum de la rapidité, une guitare garage qui envoie un son crade et perçant tandis que Jon donne dans la pose de guitar hero. Il est temps pour les plus âgés du public de se replier avec un air dégouté tandis que les kids briochins lancent un pogo des plus bordéliques. Plutôt adepte des livraisons studio du groupe et n’ayant vu Jon qu’avec Heavy Trash, ma surprise est totale, ne m’attendant pas à une telle débauche de décibels démesurée dés l’entrée en scène. C’est ce qui s’appelle une entame réussie puisqu’après deux concerts mous, l'envie de se défouler et de tout casser dans une transpiration partagée en écoutant Sweat se faisait sentir.
Bien sûr, il y aura des moments plus calmes, ou tout du moins plus blues. Jon répète son leitmotiv « Blues Explosion » avec sa voix d’Elvis tandis que les deux autres membres du power trio sont inarrêtables. Car ils ne sont que trois pour débiter un son aussi énorme, ou alors peut-être étais-je trop occupé à limiter les dégâts des mouvements de foule pour voir les quatre autres. Jon Spencer envoie toute sa rage dans sa voix sur les passages de défoulement, qui alternent avec des moments d’accords blues électrique si caractéristiques de leur album Orange durant lesquels il laisse planer ses vocalises rockabilly. Si certains disent que la ville de Saint-Brieuc est parfois endormie, The Jon Spencer Blues Explosion l’a réveillée pour au moins un an.

 

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Si Jon Spencer a réussi à mettre un pareil bordel, qu’en sera-t-il des Hives ? Alors que les cinq lettres géantes « H I V E S » clignotent à l’arrière de la scène, le combo suédois le plus déjanté des années 2000 est toujours là et bien là. « I’m Pelle Almqvist and I’m the best » déclame-t-il tout de queue de pie et haut-de-forme vêtu. Et il le prouve en escaladant dés le début les échafaudages de bord de scène tout en déclamant un nouveau titre entêtant, Go Right Ahead, interprété « first time ever ». Dans les rangs, ça bouge comme en 2004 à feu l’Elysée Montmartre. Pelle est déchainé, il est partout sur scène tandis que ses quatre acolytes tiennent la cadence. Ou presque puisque le frangin Nicholaus Arson demande un peu de répit entre deux chansons. On peut le comprendre car quelques minutes passées à l’observer suffisent pour se rendre compte qu’il donne tout avec des solos affolants sur sa Telecaster.
La part belle est faite aux nouvelles compositions dans la lignée des précédentes : du Hives pur jus à l’image de Take Back The Toys. Le public sera autant déchainé sur les titres inconnus que sur les tubes qui ne sont bien entendu pas oubliés. Walk Idiot Walk réveille les ardeurs tandis que la jouissive Tick Tick Boom et son traditionnel freeze est accueillie comme le messie. Le meilleur moment de la soirée sera ce rappel entamé par Hate To Say I Told You So, la chanson favorite du groupe favori. Rien que pour se faire retourner par cette chanson, on pourrait retourner voir les Hives à chacun de leur concert. La performance se termine sur un nouveau titre, Patrolling Days, peut-être un futur single. Quoiqu’il en soit, les suédois nous ont encore mis à terre ce soir, il est temps de s’asseoir.

 

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Un dilemme s’offre alors à nous : filer au chaud à la Passerelle ou rester voir Yelle. On décide de rester pour le retour de l’enfant prodigue sur ses terres après sa tournée aux Etats-Unis, histoire de pouvoir dorénavant critiquer en toute bonne conscience. La briochine a légèrement copié son entrée sur Fever Ray, cachée derrière une toge en branchage à l’avant de ses deux astronautes au clavier et à la batterie. Elle se dévoile ensuite dans une combinaison moulante et entame des titres récités par cœur par la partie du public qui est restée. Il y a notamment un concours de filles sur épaules de garçon, créant une deuxième couche de public en altitude. Yelle a décidé de garder ses tubes pour la fin, le début n’en est que moins convaincant. On s’ennuie un peu face à un son et des paroles mièvres. Elle gagne en outre la palme de la voix la plus irritante depuis Izia. Je Veux Te Voir arrive finalement mais rien n’y fait, ça ne fonctionne pas, tout juste est-ce amusant. Elle enchaine avec son dernier single Que Veux-Tu pour lequel le public est appelé à faire des cœurs avec ses doigts. C’en est trop, je m’en vais (pour rester poli).

 

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Nous recherchons un point chaud car il fait environ 6°C et hâtons le pas vers le Forum de la Passerelle. Les gallois de The Joy Formidable s’apprêtent à terminer dignement cette nuit. Mais à l’heure prévue de leur concert, ils sont en train de faire leur balance et ont l’air au bord de la crise de nerf. Peut-être sont-ils arrivés en retard ? Quoiqu’il en soit ils n’ont le temps que pour une balance rapide et cela s’en ressentira dans le son, plutôt mauvais pendant le concert. La voix est difficilement audible tandis que la batterie prend le pas sur le reste. La prestation n’en est pas moins réussie et la belle Ritzy Brian déchaine ses riffs de guitare dans sa position limbo des plus sexy.
Le set ne débute pas sur une version hallucinante de The Everchanging Spectrum Of A Lie comme on a pu le voir lors de leurs précédents concerts mais par un ancien titre tout en puissance : Greyhounds In The Slips. La part belle sera d’ailleurs faite à des titres qui ne sont pas présent sur The Big Roar et même la psychédélique The Greatest Light Is the Greatest Shade fait résonner son sample clavier. Les guitares distordues sont déchainées et répondent à la douceur de la voix de l’effrontée Ritzy. Austere et son refrain addictif est bien là mais pas The Magnifying Glass qui était surement prévue en fin de set. Le groupe arrêtera à l’heure prévue à la base malgré la demi-heure de retard. De quoi rester sur sa faim tout en sachant de quoi ce groupe est capable dans de bonnes conditions : un concert encore plus formidable.

 

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C’est sur ce sentiment mitigé que s’achève ce vendredi à Art Rock, l'esprit encore l’esprit retourné par The Jon Spencer Blues Explosion et The Hives.
artistes
    Hindi Zahra
    Staff Benda Bilili
    The Jon Spencer Blues Explosion
    The Hives
    Yelle
    The Joy Formidable