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Iceland Airwaves

Reykjavík, du 31 octobre au 4 novembre 2012

Live-report rédigé par François Freundlich le 15 novembre 2012

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L’Islande est certainement l’un des pays où la musique occupe une des part les plus importantes dans la vie de ses habitants. Le festival Iceland Airwaves en est le reflet en présentant chaque année le meilleur de cette scène islandaise en ébullition, accompagnée de quelques pointures internationales. Cet article sera certainement le seul du site écrit depuis la petite auberge de Fjoltsdalur, perdue au pied du fameux volcan Eyjafjallajökull.

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Le Iceland Airwaves s’ouvre ce mercredi 31 octobre avec le festival off, proposant des concerts gratuits dans des nombreux endroits de la capitale, Reykjavik, au sein d’espaces assez restreints. Nous débutons cette aventure au Kex Hostel où le public est venu en nombre dans la charmante salle commune à la bibliothèque bien fournie. La jolie Sóley, une des perles de la scène islandaise, ouvre le bal avec un mini showcase retransmis en direct à la radio. Pour la première de ses nombreuses apparitions à venir durant ces quatre jours, Sóley reste dans la discrétion d’une voix murmurée, toute en douceur. Derrière ses lunettes et devant son clavier, elle présente de nouvelles compositions plutôt prometteuses, sans oublier les titres de son premier album, notamment Smashed Birds. Ces quatre titres forment une jolie entrée en matière pour une artiste dont nous reparlerons.

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Dirigeons nous vers la place Ingólfstorg ou une maisonnette islandaise a été érigée, pour devenir « The smallest Airwaves off-venue ». Elle ne peut en effet contenir que deux personnes en plus du groupe. Le public est donc à l’extérieur, observant le groupe à travers les fenêtres ou via un écran géant placé au dessus du Media Center. Le premier groupe à y jouer est Tilbury, proposant une pop classieuse influencée par un son britannique. Les islandais font forte impression, s’inscrivant comme l’une des révélations du festival avec notamment leur chanson Tenderloin où de froids synthétiseurs surplombent une voix enveloppante rappelant The Notwist. Si l’idée de départ était bonne, elle se révèle compliquée à appréhender dans la pratique car on ne voit finalement que très peu des artistes qui restent cachés dans leur cabane.

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L’une des meilleures scènes des concerts off est celle du bar Hresso, se dressant sous un chapiteau assez grand et pouvant accueillir des concerts d’envergure plus importante. Ce début d’après-midi au son de la pop islandaise continue avec Kiriyama Family et ses compositions intenses aux relents électroniques et synthétiques. Des beats s’insufflent subitement dans le calme apparent de morceaux surprenants de maturité. La voix lointaine du jeune homme en pull-over en laine nous apparaît intense et écorchée comme sur l’excellente Heal et sa froideur 80’s. Entre pop charnelle et électro dansante, Kiriyama Family ne choisit pas, parvenant à nous remuer alors que le soleil n’est levé que depuis quelques heures.

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On décide de rester dans cet accueillant café où M-Band installe toutes ses machines pour son show solitaire. Il s’agit de Hörður Már Bjarnason, adepte d’une electronica ou se superposent des machines plus vibrantes les unes que les autres. Il y ajoute une voix se perdant dans des échos de boucles synthétiques des plus entrainantes. M-Band laisse une grande part à l’improvisation et aux remixes, ne livrant jamais deux fois le même set. Il garde néanmoins une grande maîtrise et on ne doute pas que ce garçon se produisant de nuit dans une grande salle pourrait enflammer plus d’un festivalier sur les dancefloor.

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C’est au tour des américains de Blouse d’entrer en scène, avec leur chanteuse toute de fourrure vêtue. Le son des années 80 n’a pas fini de nous poursuivre avec ce groupe de Portland, aux influences encore plus marquées. On reconnaît dans leurs chansons nombre de lignes de basses ou suites d’accords des tubes de The Cure, et le fait d’avoir assisté à plusieurs dates de leur récente tournée n’arrange pas les choses. Prêtons-nous néanmoins au jeu puisqu’on peut certainement trouver pire comme influence. Claviers vintage et guitares à reverb sont de la partie, faisant corps avec la faible voix monocorde de Charlie Hilton. Les synthés divaguent vers un krautrock labyrinthique sur Videotapes d’où le faux s’échappe subitement mais jamais trop longtemps. Quelques escapades dream-pop sur Into The Black et Blouse terminent un set parfois peu enlevé et trop influencé, mais plutôt efficace.

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C’est à la sortie du Hresso que tout bascule. On passe de notre nid douillet à la tempête qui s’est jouée en plusieurs actes pendant toute la durée du festival. Un vent d’une puissance jamais ressentie s’est levé sans que l’on ne comprenne vraiment ce qu’il se passe. Il durera plusieurs jours et on en vient à s’accrocher au feu rouge avant de traverser la rue. On voulait l’Islande ? La voilà.
Le chemin jusqu’au disquaire 12 Tónar est chaotique, c’est le moins que l’on puisse dire, mais on parvient à se frayer un chemin parmi les nombreux festivaliers qui y ont trouvé refuge. On assiste à la fin du concert de la folkeuse Lily And Fox sans comprendre ou se trouve le renard. Cette admiratrice d’Elliott Smith propose des ballades dans la simplicité, généralement jouées à la guitare électrique, accompagnées de quelques boucles bien senties. Plutôt charmant.
Les québécois de Passwords réussissent laborieusement à s’installer à six dans cet espace réduit en expliquant qu’ils ont fait sauter les plombs du quartier pendant les balances. Voilà qui promet. Effectivement le son est très fort. Le sextet de Montréal déploie un rock souriant porté par les guitares des deux chanteurs qui alternent les parties vocales. La claviériste y ajoute quelques arrangements et des chœurs donnant parfois aux morceaux des allures de chorale comme les canadiens savent si bien le faire. Les Passwords mêlent une force abrupte et électrique à une base pop des plus remuantes. L’originalité de cette formation aux deux chanteurs et deux claviers a conquis un public dans une chaleur qui embuent les vitres. Il va maintenant falloir à nouveau affronter la tempête.

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Nous décidons de passer cette première soirée des concerts payants dans la très belle salle Iðnó avec sa magnifique décoration intérieure dans le plus pur style islandais, niché au bord du lac Tjörnin. Les islandaises Pascal Pinon sont venues en famille : après deux morceaux d’ouverture interprétés par les jumelles aux longs cheveux blonds tout en guitare acoustique et clavier, leurs deux petites sœurs certainement âgées d'à peine dix ans les rejoignent. Libre comme un enfant en Islande : cette expression n’a jamais été aussi vraie avec ce groupe qui explose l’échelle du mignon. De doux airs folk pop enfantins raisonnent, accompagnées par les deux plus jeunes au violon, à l’accordéon, au xylophone ou avec leur micro jouet enregistreur. Le public en sort avec un sourire collé au visage et de gentils sons plein les oreilles : sætur.

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Après ces quelques sucreries, nous retrouvons Sóley accompagnée de ses deux acolytes pour une performance plus riche après son showcase de l’après-midi. Son chant en anglais marqué par ce délicieux accent islandais fait décidément mouche, encore plus lorsqu’elle utilise des boucles pour le rendre plus profond. Après des débuts derrière son clavier, Sóley empoigne une guitare électrique, pour alterner anciennes et nouvelles compositions. Elle parvient à recréer dès les premières notes cette ambiance particulière, captivante et sombre, qui s’achève malgré tout dans un sourire lorsqu’elle marque la fin des chansons par des « Takk » appuyés. C’est sa manière de contrer le caractère grave de ses chansons. Parfois mystérieuse dans ses textes, elle parvient à libérer sa voix dans de courts instants durant lesquels elle se dévoile un peu plus. Les douces et lentes mélodies de Sóley percent l’épiderme des festivaliers attentifs comme s'ils se trouvaient dans la Hallgrímskirkja. On n’a certainement pas fini d’entendre parler de cette fée venue du nord.

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Une joyeuse troupe s’installe alors sur la scène de l’Iðnó, il s’agit de Prins Póló. On ne parle pas ici de la barre chocolatée la plus vendue en Islande mais bien du groupe d’indie pop islandais décomplexé, projet de Svavar Pétur Eysteinsson, un barbu foufou qui débarque coiffé d’une couronne de papier noir. Il en distribuera des jaunes au public dont une à votre serviteur qui passera le concert coiffé comme un roi, avec une magnificence rarement égalée. Il est accompagné de guitaristes, d’une claviériste décontractée et de Borko (Seabear, múm, FM Belfast) aux percussions. On se laisse entrainer par des boucles de claviers hypnotiques et une rythmique dansante mise en avant. La voix grave est quand à elle quelque peu masquée mais le leader est déchainé à l’avant de la scène. Le groupe s’excite subitement sur quelques titres qui enflammeront la foule couronnée, laquelle attendait apparemment impatiemment ce concert. Sans nous emporter complètement, ce concert fût un bon moment avec plusieurs passages fortement enthousiasmants.

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Pour la suite de la soirée, c’est l’un des meilleurs songwriter islandais qui débute son concert : Sin Fang. Il est accompagné par Sóley au clavier pour interpréter les extraits de son très bon album Summer Echoes. Ces deux ex-membres de Seabear, dont sa tête pensante, vont nous faire vivre l’un des meilleurs concerts du festival. L’homme aux bras tatoués manie sa guitare pour en extraire des flux électriques perçants dans un emballage pop. Sa voix grave et mélancolique se fait parfois mécanique comme sur Clangour And Flutes durant laquelle elle est subitement accompagnée par des beats nous préparant au concert final de la soirée. Sin Fang enchaine les compositions de haute volée, à chaque fois plus entêtantes. L’adaptation live de Because Of The Blood et ses crescendos répondant à de légers xylophone restera comme le meilleur moment de cette journée, nous réchauffant un corps trop marqué par cette fraiche journée. Ce titre représente la pop islandaise à l’état brut et dans toute sa splendeur, comme beaucoup des compositions de Sindri Már Sigfússon. Les influences folk sont néanmoins présentes sur certains passages même si la rythmique s’accompagne de clappements et d’un public qui reprend le tout en chœurs. On retrouve également un rock ensoleillé plus remuant, porté par quelques notes de piano planantes. Ce garçon est clairement au sommet et appelé à le rester. Notre seul regret est la courte durée des concerts de la soirée, nous laissant avec notre désir de le revoir au plus vite.

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La salle affiche complet à ce moment de la soirée alors qu’une longue file d’attente s’est formée à l’extérieur et que beaucoup ont abandonné l’idée d’y entrer. Le groupe qui attire cette foule est bien entendu FM Belfast, censé être la tête d’affiche du soir. La joyeuse bande est prête à faire danser un public qui n’attend que ça avant de rejoindre les différentes after parties dans les bars de la capitale. Et de la danse, il va y en avoir puisque FM Belfast va proposer un set des plus éléctro dance, à la limite du racoleur et parfois du grand n’importe quoi. On parvient encore à s’amuser lorsque les passages les plus sympathiques de leur album sont proposés comme I Can Feel Love pour lequel le public est appelé à s’asseoir doucement avant de se relever subitement. Mais les remixes de Pump It Up et autres tubes de discothèque sont de trop : nous les perdons complètement pendant une grande partie du concert. Seul la fin du set et son single Underwear nous ramènera légèrement dans la fête. A force de trop vouloir faire dans le divertissement, il manquait peut-être simplement la musique à ce concert de FM Belfast trop sur joué. On ne nous y reprendra pas à deux fois.

Cette première journée de mercredi nous a permis de faire connaissance avec l'Iceland Airwaves pour mieux préparer les quatre autres jours qui nous attendent. Sin Fang et Sóley nous ont éblouis par leur classe tandis que quelques groupes des concerts off méritent que l'on s'attarde un peu plus sur leur cas : Passwords, Tillbury et Kiriyama Family. Il est temps de rejoindre les after party avant de continuer le lendemain !
artistes
    1860
    Agent Fresco
    Alfons X (DJ Set)
    Antonio Estevan Huerta
    Balkan partý
    Beatmakin Troopa
    Blind Bargain
    Blouse
    Breaking News
    Catalyst
    Cousins
    DJ AnDre
    DJ Flugvél og Geimskip
    Dikta
    Dimma
    Dizzy Ninjas
    Elín Ey
    Enkídú
    Ewert and The Two Dragons
    FM Belfast
    Funk That Shit!
    Futuregrapher
    GP!
    Gabríel
    Gang Related
    Ghost Town Jenny
    HIGHASAKITE
    Hanne Kolstø
    Heflarnir
    Heima
    Hellvar
    Hide Your Kids
    Hinir Guðdómlegu Neanderdalsmenn
    Hjálmar
    Hollow Veins
    Ingunn Huld
    Jack Magnet Quintet
    Jafet Melge
    Jón Eðvald DJ set
    Jón Þór
    Kiriyama Family
    Lanterns
    Legend
    Lily and Fox
    Lockerbie
    Love Demons
    Lára
    Lára Rúnars
    M-Band
    Magnús Leifur
    Mammút
    Me & My Drummer
    Mikael Lind
    Moon Holiday
    Morgan Kane
    Morning After Youth
    Mr. Silla
    My Brother is Pale
    Myrra Rós
    Myrra Rós and Marjan Venema
    Nova Heart
    Nóra
    Ojba Rasta
    Oyama
    PORQUESÍ
    Pascal Pinon
    Passwords
    Prince Valíum
    Prins Póló
    Pétur Ben
    RetRoBot
    Retro Stefson
    Rif
    Samaris
    Sigur Rós
    Sin Fang
    Sindri Eldon & the Ways
    Sing For Me Sandra
    Skúli Mennski
    Snorri Helgason
    Stafrænn Hákon
    Steindór Grétar DJ set
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