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Festival des Artefacts

Strasbourg, du 10 au 28 avril 2013

Live-report rédigé par François Freundlich le 2 mai 2013

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vendredi 26
Le Festival des Artefacts de Strasbourg ouvre cette année encore la saison musical printanière à la suite du Printemps de Bourges ou du Festival Mythos. Après quelques soirs dans la salle de la Laiterie, le Zenith Europe est investit pour trois soirs avec, en ouverture, une soirée électro-rock incluant des têtes d'affiches alléchantes.

Il n'y malheureusement presque personne dans le public des premiers concerts de la fin d'après-midi. La salle d'une capacité de 12000 personnes en accueille moins de 100 pour les deux premiers groupes : Team Ghost et Cold War Kids. L'ouverture rock de cette soirée électronique fait donc un bide total et on se sent vraiment mal à l'aise pour ces très bons groupes qui n'ont pas mérité un tel sort.

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Team Ghost, groupe de l'ex-M83 Nicolas Fromageau, se donne néanmoins à son maximum tout en remerciant chaleureusement un public conquis, même si forcément froid dans cette grande coquille vide. Après une introduction toute en douceur, le mur de guitares shoegaze prend les devants et le quintet s'énerve dans des montées jouissives et lancinantes volontiers noise. La place de chanteur n'est pas clairement définie puisque certains titres sont chantés par l'un ou l'autre des guitaristes. Ils ont néanmoins en commun cette raisonnance lointaine, flottante et juvénile rappelant My Bloody Valentine. Les morceaux joués sont assez courts, comme si le son était concentré au maximum pour n'en extraire que sa substantifique moelle. Le synthé tournoyant est à peine audible car le son s'échappe dans ce grand hall vide mais qu'importe, le meilleur concert de la soirée était bien le premier même si peu en auront profité.

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Le malaise continue lorsque Cold War Kids, groupe majeur de la scène indépendante américaine, entre en scène devant une centaine de personne. Nathan Willett ironise au micro en disant qu'ils n'ont pas trouvé de plus grande salle pour jouer. On sent néanmoins un groupe qui regrette d'être venu même si la prestation sera de haute volée. Ce piano bluesy légèrement dissonant qui était la marque de fabrique du groupe a un peu disparu depuis leur album Mine Is Yours mais on ressent toujours cette tension si caractéristique de leurs concerts.
On se sent emporté par Cold War Kids, même si les extraits de l'album Robbers & Cowards ont plus de succès, comme l'entrainante We Used To Vacation et son refrain haletant. La part belle est toutefois faite à leur nouvel album avec le premier single Miracle Mile et sa rythmique au clavier dont la rapidité en fait une pop song ultra dansante. La voix va chercher de plus en plus dans les aigües alors que le multi-instrumentiste Jonnie Russel lui répond en tremblant debout derrière son piano. Le groupe quitte finalement la scène vingt minutes avant l'horaire annoncé, sans jouer Hang Me Up To Dry. Dans ces conditions, on comprend bien que le cœur n'y était pas et leur premier concert à Strasbourg restera comme un beau gâchis malgré une bonne prestation. Une soirée rock dans la salle de la Laiterie enchainant ces deux groupes aurait été beaucoup plus appropriée que ce rendez-vous raté.

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Le Zénith se remplit finalement pour le groupe nantais Sexy Sushi : c'est à ce moment que l'on se rend compte que le public est là pour une soirée électro avant tout. On redoutait cet instant « mauvaise musique » de la soirée, il y en a toujours un aux Artefacts. On ne pensait pas que la musique serait d'aussi mauvais goût. La grande foire au n'importe quoi débute. Il est bon parfois d'assister à ce n'importe quoi, ou alors à un grand défoulement punk. Même en chanson, Philippe Katerine y parvient en mêlant son message à un jeu de scène barré. Avec Sexy Sushi, voici une musique et un message aussi vides de sens que le Zénith ne l'était pour les précédents concerts. Le groupe Cold War Kids a réellement ouvert pour « ça » ?
Une chanteuse insupportable qui récite sa rage avec un accent pseudo-rebelle entrecoupé de cris death metal ? Un DJ qui balance de l'electro-clash du pauvre percé de beats asthmatique et énervants ? Un catcheur qui prend en otage une personne du public en la ligotant avant d'envoyer du pain, de la bière, du sel ou du terreau dans la fosse ? Il est certes amusant de se réclamer de l'anarchie ou du dadaïsme mais tout cela fait vraiment peine à voir. On se prend la tête dans les mains toutes les cinq minutes tellement tout cela est navrant, dénué d'intérêt et sans aucune sincérité, avec un petit goût de mort sur le dancefloor. Le concert se termine les seins à l'air pour la chanteuse et ses invités sur scène, imitées par quelques lycéennes influençables. Cette ambiance nauséabonde de bizutage à la fac sur fond de trou noir musical est à oublier au plus vite.

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Pour continuer la soirée, une pléthore DJs internationaux vont se succéder sur la scène du festival. Le premier est le berlinois Boys Noize, perché au sommet d'un crâne argenté géant aux yeux rouges lumineux et à la bouche d'écrans LED. L'installation impressionne alors que les écrans sur les cotés et à l'arrière de la scène diffusent des forme géométriques, s'accordant aux beats dévastateurs de l'allemand. La rythmique sourde de son électro-house nous perfore les tympans et on ne peut que se trémousser sur les quelques tubes qui ont fait la renommée du DJ. Les plus récents sont les plus simplistes, se contentant de lâcher des BPM sans trop de subtilité mais on parvient néanmoins à capter quelques mélodies sur les anciens titres, comme la très bonne & Down. Les voix robotiques sont de la partie et on pense forcément à Daft Punk, notamment sur quelques emprunts à Rollin' & Scratchin' du duo casqué. La chaleur monte d'un cran et le public très jeune se masse dans la fosse pour laisser aller son corps à la danse. Difficile de résister à l'appel de Boys Noize.

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Le français Vitalic lui succède avec une configuration moins crâneuse mais beaucoup plus lumineuse. Quarante spots géants quadrillent l'arrière de la scène pour éblouir l'audience jusqu'au fond de la salle. Le lightshow est impressionnant, même si il l'est moins que lors la présentation de VTLZR aux dernières Transmusicales de Rennes, où les lasers étaient vraiment partout dans la salle. Le show s'ouvre sur La Mort sur le Dancefloor, avec un duo attendu avec Sexy Sushy. Rebeka Warrior déclame le refrain, installé sur une estrade derrière le DJ et formant une ombre au milieu des spots. Le claviériste fait divaguer son instrument façon thérémine alors que le batteur apporte une touche organique terriblement dansante. On ne peut s'empêcher de remuer sur ce son diabolique tandis que des spots jaunes quasi stroboscopiques illuminent la fosse. Les titres du dernier album Rave Age sont remixés à l'image de Stamina : un lourd son de basse fait frétiller nos organes internes. Le rappel sur le crescendo enivrant de Poney Part 1 restera comme le grand moment de cette nuit éléctro des Artefacts.

La soirée continuera jusque tôt le matin avec Gesaffelstein et Zeds Dead. Cette ouverture au Zénith Europe fût en demi teinte pour cause de l'absence de public pendant les prestations de Team Ghost et Cold War Kids et l'absence d'intérêt de Sexy Sushi. Heureusement les DJ's Boys Noize et Vitalic ont su enflammer l'audience.
artistes
    BOYS NOIZE
    COLD WAR KIDS
    GESAFFELSTEIN
    SEXY SUSHI
    TEAM GHOST
    VITALIC VTLZR
    ZEDS DEAD (DJ SET)