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Primavera Sound Festival

Barcelone, du 28 au 31 mai 2014

Live-report rédigé par François Freundlich le 5 juin 2014

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Le Primavera Sound Festival est souvent reconnu comme le festival le plus cool d'Europe, voire au-delà, avec ses scènes en bord de mer, sa programmation alléchante et son soleil... pour une fois capricieux. Ne jetons pas de fleurs trop rapidement puisqu'il yen avait déjà bien assez sur l'affiche du festival printanier de Barcelone. Nous voilà donc repartis à l'assaut du Parc Del Fòrum, pour la quatorzième édition du « Prima » où nous prendrons nos douze heures quotidiennes de musique dans les oreilles pour un week-end pétillant comme une sangria.

Malheureusement, le festival a très mal commencé puisque c'est une véritable tempête qui s'est abattue sur Barcelone en ce mercredi, jour des concerts gratuits et des pulpitos frits. On se motive tant bien que mal pour rejoindre le Parc Del Fòrum ou la révélation anglaise Temples est chargée d'ouvrir le festival devant les parapluies déployés. Le chanteur a l'impressionnante touffe de cheveu déploie un psychédélisme vibrant, se perdant dans des instrumentaux planant. Sa voix juvénile est parfaitement maîtrisée, résonnant avec une intensité et une justesse assez remarquable, Une certaine classe émane de ce sosie de Jim Morrison. On pense aux glorieux ainés Pink Floyd dans ces amas kaléidoscopiques tarabiscotés, ou évidemment à Tame Impala qui s'étaient produit au même endroit l'an dernier. Les Temples restent dans une certaine quiétude, leurs compositions se développant dans une étrange intériorité, à l'image de Colours To Life. Ils s'affirment comme les dignes héritiers du psych-rock britannique avec un set alliant puissance méticuleuse et assauts subits de riffs de guitares imprévus. Leur tube Shelter Song est interprété en dernier alors que la pluie et l'orage redoublent de puissance. Nous courons nous réfugier à l'abri en slalomant entre les parapluies tels des candidats de Fort Boyard. Les dieux sont visiblement irrités que Stromae soit programmé à l'affiche du festival et font tout pour retarder ce terrible moment.

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Les chutes d'eau n'en finissent plus de s'écouler des toitures mais la pluie cesse finalement et malgré le retard pris, nous nous rendons à l'évidence qu'il va falloir assister à un concert de Stromae. On avait pourtant fui la France pour y échapper mais rien n'y fait. Le karma. Mais nous relevons le défi, rien que pour percer ce mystère : comment une musique qui mélange l'Eurodance des 90's avec une voix imitant le grand Jacques Brel peut-elle plaire ? Vous avez une heure. Stromae ne s'en cache pas, puisqu'il n'hésitera pas à mixer les tubes d'époque avec ses chansons comme Insomnia de Faithless, dont le thème est en réalité le même qu'Alors On Danse en plus réussi. Réentendre ces vieux morceaux des années collège nous fera sourire mais on s'ennuiera la plupart du temps devant le manque d'originalité. Pire, certains morceaux comme Peace Or Violence sont de véritables supplices auditifs. Heureusement qu'il reste quelques gouttes de pluie sur le k-way pour diluer le sang qui s'écoule de nos oreilles. Nous restons jusqu'au bout mais rien n'y fait : le marketing est parfait mais rien d'autre ne s'en dégage. Alors on dégage.

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Après cette coupure intempestive des programmes, nous attendons avec impatience la jeune californienne à qui tout réussit : la belle Sky Ferreira. Mannequin, actrice et avant tout chanteuse, elle va remuer le ciel d'un concert puissant et rock'n'roll. Sky Ferreira s'inspire de la pop américaine de Madonna en y insufflant toute la fraicheur d'un son actuel entre nappes de synthé et punk-pop joyeux. Ses compositions ont le mérite d'être entrainantes et de s'inscrire immédiatement dans l'esprit, même si elles ne sont pas d'une originalité folle. Les guitares restent plutôt lisses et convenues : on espérait que le groupe allait s'énerver un peu plus, même si quelques fulgurances parviennent à nous faire espérer. L'une d'entre elle se fera sur Nobody Asked Me (If Was Okay) dont la basse métronomique et la voix grave et chaude nous rappellent les meilleurs moments de Metric. La voix de Sky est emplie d'une candeur et d'un espoir qui transparaissent encore plus lorsqu'elle lève son poing sur les reprises de guitares lançant des refrains libérateurs. Entre glam rock, hard-rock en cuir et pop girly, Sky Ferreira ne choisit pas mais livre une prestation à la hauteur de l'événement malgré quelques passages moins convaincants que d'autres comme ce punk à roulette doublé d'une voix aigüe. Elle terminera sur la très 80's Everything Is Embarassing : les filles ont dansé, les garçons ont regardé, et tout s'est bien terminé.

Nous sommes restés uniquement pour eux : les Holy Ghost! vont conclure la soirée dans la danse la plus torride. Qu'importe si nous sommes trempés jusqu'aux os, nos saints New-Yorkais vont aider nos corps à dégager suffisamment de chaleur pour les transformer en sèche-linge tournebroche. Les synthés tournoient de toute part tandis que les guitares distordues et grisantes nous transpercent. On se laisse porter par l'énergie, ne sachant plus si on flotte à cause de la musique ou parce que l'on est juste recouvert d'eau. Les samples spatiaux bizarroïdes s'échappent d'une rythmique grave et discoïde. La voix précieuse qui s'échappe tout en douceur nous fait penser aux enivrants LCD Soundsystem de James Murphy ou à la prestation de Hot Chip l'an dernier sur cette même scène ATP. Les mouvements atteignent leur paroxysme sur Bridge & Tunnel et ses petits crescendos de synthés robotiques et funky à la fois. On ne peut s'empêcher de crier ces « Back to New-York City, True Love » entêtants au possible. Il aura fallu rester jusqu'au bout pour trouver la première apothéose du festival avec des Holy Ghost! tout au sommet de l'électro-pop actuelle.

Cette première journée du Primavera avait un petit air de festival français boueux malgré le goudron au sol, avec ce concert incompréhensible de Stromae et cette pluie discontinue. Heureusement, les cracks de Temples, l'excitante Sky Ferreira et les géniaux Holy Ghost! sont parvenus à nous faire oublier la pluie.
artistes
    Fira Fem
    Él Mató A Un Policía Motorizado
    Joe La Reina
    Temples
    Paus
    Full Blast
    Aries
    Stromae
    Beach Beach
    Sky Ferreira
    The Ex
    Me and The Bees
    Holy Ghost!
    Shellac
    Niña Coyote eta Chico Tornado
    The Brian Jonestown Massacre
    Geko Jones
    Ecos del Gueto
    Jamie xx & Friends
    Rodaidh McDonald
    John Talabot
    Uproot Andy
    Har Mar Superstar
    Holy Ghost! Djs
    Ecos del Gueto