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Noblesse Oblige
Beastellabeast

Londres, Vibe Bar - 1er mai 2005

Live-report par Antoine

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Dans le cadre du May Day Festival de Bricklane, le label Horseglue Record a fait venir au Vibe Bar trois de ses plus vibrantes formations, Noblesse Oblige, Selfish Cunt et Beastellabeast.

Tout le monde a fêté depuis vendredi soir ce long week-end de trois jours (le 2 mai était férié en Angleterre) qui semble également correspondre a l'arrivée d'un ciel plus clément sur Londres. Les rues du quartier sont recouvertes de gobelets en plastiques et de cannettes de bière, la faune est typiquement "East London" et l'ambiance reste bon enfant. Le Chill Out et le 1001, bars voisins du Vibe Bar, restent sur leur programmation habituelle de musique électronique alors qu'a deux pas le Vibe Bar propose comme à l'accoutumée une excellente affiche rock. Ce dimanche 1er mai, le label Horseglue Record est à l'honneur et présente donc ses trois groupes les plus prometteurs.

On entre au Vibe Bar comme dans une grotte, la lumière est sombre et la faune ne semble en sortir qu'en de rares occasions. Les cheveux sont noirs, les peaux tatouées, les vêtements sales, les hommes s'embrassent sur la bouche.

Alors arrive Noblesse Oblige. Elle, française, grande, métisse, sur des talons aiguilles, les cheveux formant un immense globe autour de son jolie visage. Lui, allemand, grand, habille entièrement en noir, bottes en cuir et chemise aux manches retroussées, cheveux gominés impeccablement coiffés sur le coté. On comprend vite à qui on a affaire. Noblesse Oblige est un duo captivant, livrant une musique électro rock (le seul instrument sur scène est une basse, le reste du son est produit par deux machines) sombre et froide. Le chanteur chante d'une voix autoritaire dans sa langue maternelle. La basse répond aux machines. Peu a peu, ce sont des bruits de bottes marchant au pas qui prendront le dessus sur la musique. La provocation est plus subtile qu'on ne peut le croire au début puisque la mise en scène et les enchaînements sont parfaits.

Puis, c'est elle qui prendra le relais au micro hurlant "I'm a bitch, bitch, bitch...", face A de leur dernier single. Le duo s'échange la basse ou le contrôle des machines. Ils livreront même un morceaux de cabaret-rock entonnant: "I don't know what it feels to be Muslim, I don't know what it feels to be Jewish, I don't know what it feels to be Christian... 'Cause I hate all f them".

On penserait volontiers à Klaus Nomi, la comparaison est facile. On y verrait aussi une nette influence de la new wave la plus sombre, c'est inévitable. En réalité, il faut se passer de toute comparaison, leur musique est trop personnelle et sophistiquée pour se classer dans telle ou telle tendance ou époque. Laissons vivre et évoluer Noblesse Oblige, laissons les nous inviter dans leur univers, et attendons les prochains concerts et les prochaines sorties avec impatience.

Puis est venu Beastellabeast, nouvelle signature de Horseglue Record. Beastellabeast est un groupe comme seul peut en livrer la jeunesse désespérée des scènes underground des plus grandes métropoles du monde. Beastellabeast est totalement dans la continuité du punk et du grunge, et d'une manière générale de tous les mouvements alternatifs de ces dernières décennies. La chanteuse est un mélange irrésistible de Courtney Love et PJ Harvey. Mais comme certains groupes des années 90 font maintenant partie de l'histoire du rock, les influences vont aussi chercher dans les formations que l'on écoutait il y a encore peu de temps. Ainsi, cette blonde chanteuse hurle et bouge comme l'aurait fait Zach De La Rocha s'il avait été une femme. On sent en effet que l'hystérique qu'elle est a dû écouter Rage Against The Machine lorsqu'elle avait mal a la tête ou n'arrivait pas a s'endormir. Sans complexe, dans son short de foot rouge et ses bottes de cowboy, elle aguiche les spectateurs qui ne se tiennent pas a plus d'un mètre d'elle, écarte les jambes, bouge ses seins et fait naître dans l'esprit de tous les mâles présents des idées inavouables.

Horseblue Record est donc bel et bien un label a suivre en espérant que les bonnes volontés qui le composent de souffrent pas trop de leur avance sur les goûts et les attentes des distributeurs et des gros groupes. Londres dispose cependant d'un réseau et d'un public indépendant suffisamment fort pour nous laisser l'espoir de les retrouver régulièrement dans les bacs des disquaires et les colonnes de Sound Of Violence.